Hydrocarbures, baptême du feu pour Nicolas Hulot

Entre l’impératif écologique et la dérive croissanciste qui va l’emporter ? L’examen du projet de loi sur la fin (en 2040) de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures a débuté le 3 octobre à l’Assemblée*. Nicolas Hulot va personnifier de fait ce ministère de l’impossible, écartelé entre les associations environnementalistes, les lobbies industriels et un gouvernement qui penche toujours pour l’économicisme. Comme si épuisement de nos ressources fossiles ne contribuaient pas au réchauffement climatique et à appauvrissement des générations futures, constat qui devrait réunir tout le monde ! Nicolas Hulot devant des agriculteurs en faveur du glyphosate disait la même chose : « Si l’on tombe dans le piège de se dresser les uns contre les autres, on sera tous perdants. » Pourtant les commentaires sur le monde.fr sont encore dissonants :

Robert H. : Il me semble que Hulot est un très bon ministre de l’écologie jusque là. Il applique à la lettre le seul principe qui vaille en matière d’écologie, l’histoire l’a montré depuis 50 ans: « Un nouveau principe écologique n’entrera réellement en vigueur et ne sera appliqué sur le terrain que s’il est économiquement acceptable ». C’est pas sexy, c’est pas médiatique, c’est technique, mais c’est ça la vraie écologie, et qu’Hulot le sache et le fasse me conforte dans l’estime que je m’étais forgée de lui

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Comme votre « économiquement acceptable » est déjà bourré d’idéologie croissantiste, productiviste et surconsumériste… Vous croyez que l’économie est une science objective ? Oui à un nouveau paradigme économique !

Stupido : Ça s’appelle passer de la théorie à la pratique ! C’est tellement facile pour tous ces zozos écolos de donner des leçons à tout le monde sans jamais assumer le réalisme de leurs délires… La vraie vie, pas celle rêvait par des idéologues…

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Les délires de ceux qui croient à la croissance quantitative et à la compétition mortifère éternelles ? Qui délire le plus ? Qui est idéologue ?

le sceptique : Quand des entreprises défendent leur secteur d’activité, ce sont des lobbys qui font pression. Quand des ONG défendent leur idéologie, leur vision de la nature et de la société non partagée par l’ensemble du corps politique, c’est normal – même avec un à deux rendez-vous hebdomadaires au ministère. Enfumage du soi-disant « intérêt général » que certains confondent avec des convictions particulières : tous des lobbies.

Obéron : Dans votre monde où tout semble équivalent, l' »enfumage » prend la dimension d’un épais brouillard où vous voudriez peut-être que nous nous complaisions. Il est heureux qu’un journal comme Le Monde puisse revendiquer quelques « biais » de ce type (la paix plutôt que la guerre, l’écologie plutôt que le consumérisme ou la croissance aveugle, etc.). Cela ne fait que compenser un déséquilibre où, que vous l’admettiez ou non, les moyens ne sont pas encore du même ordre.

Guy Molllet : Les ONG, une formidable fumisterie comme les adore notre époque entièrement vouée aux apparences.

Emile : Les objectifs (et idéologie) des ONGs sont à caractère social et exposés sans opacité. Les entreprises sont principalement motivées par la maximisation de leur profit malgré l’enfumage de communication dont certaines usent. Leurs intentions sont donc a priori bien différentes.

* LE MONDE du 4 octobre 2017, Nicolas Hulot, un ministre sous pression

8 réflexions sur “Hydrocarbures, baptême du feu pour Nicolas Hulot”

  1. « la transition écologique, indispensable pour limiter la destruction effrénée de notre planète et de notre biosphère, est-elle compatible avec l’économie de marché et l’impératif de croissance ? Seule certitude, réaffirmée chaque jour par une multitude d’études : au rythme où elle va actuellement, l’expansion continue de l’économie humaine pourrait entraîner une déstabilisation catastrophique des fonctions vitales de la planète. Si elle ne réagit pas très vite pour limiter les dégâts, l’humanité court à la catastrophe. Face à ce constat, un puissant mouvement de pensée s’est développé ces dernières décennies : l’économie écologique… » (LE MONDE du 30 septembre 2017)

  2. Bonjour Marcel
    Oui, vous soulignez un problème terrible. Depuis ses débuts l’écologie politique ne semble qu’avoir régressé et ce que l’on lisait dans les années 1960 ou 1970, alors même que les choses étaient moins évidentes et la Terre moins abimée, était plus réaliste que le discours effectivement « bisounours » de la majorité des écologistes d’aujourd’hui. Il y a heureusement quelques exceptions mais ce ne sont pas elles qui sont sur le devant de la scène.
    Oui Michel vous avez raison d’insister sur la difficulté de tenir un discours lucide à l’ensemble de la population.
    Cela fait plaisir de voir que nous sommes tous d’accord aujourd’hui.

  3. Formidable commentaire de Alain Hervé qui éclate avec délectation la baudruche « ecolobisounours » mâtinée de libéralisme croissantiste durable (MDR) .
    C’est bien dame nature qui présentera la facture gigantesque des dégâts occasionnés par le bipède invasif et arrogant et qui devant son impossibilité à l’ honorer dans les délais impartis , procédera à la liquidation de l’ espèce .
    Quel abîme sépare les propos réalistes d’ un écologiste fondateur des niaiseries des crétins stratosphériques de EELV (Europe Escroquerie les Voleurs), écologistes pastèques en peau de lapin .

  4. D’accord avec le commentaire d’ Alain Hervé et le message envoyé par Michel Sourrouille au journaliste Philippe Escande du MONDE.Bien entendu , « vivre sans pétrole » c’est faire preuve de sobriété énergétique. Pour moi c’est une évidence. Et qui dit sobriété énergétique, dit décroissance. Finis les petits « plaisirs » de la société de consommation !
    Seulement je doute que les dits citoyens soient disposés à entendre ce genre de discours. Je crois qu’ils préfèrent de loin l’idée de la « transition énergétique » . Au moins avec ça, ils croient et on leur fait croire, qu’ils pourront continuer à faire vroum-vroum, même pour parcourir 500m… qu’ils pourront prendre l’avion pour aller passer le WE à Rome ou faire les magasins à Londres… bref qu’ils pourront continuer à consommer comme ils en ont pris la mauvaise habitude, et ce toujours plus.

  5. Envoyé au journaliste Philippe Escande du MONDE
    J’ai lu avec intérêt votre article « une France sans pétrole »*. Il est certain que « si la France décide de ne plus produire une goutte de pétrole sur son territoire, cela signifie logiquement qu’elle ne va pas en importer non plus. » Mais miser comme vous le faites sur un mix énergétique (offre d’énergie) occulte la dimension fondamentale de toute solution durable, la réduction de nos besoins pour diminuer nos consommations d’énergie fossile. Cela va bien au-delà de l’efficacité énergétique, cela suppose de réfléchir à tous les actes quotidiens des ménages et des entreprises. Il faudra par exemple aller moins loin, moins souvent et moins vite.
    Ne pas dire aux citoyens que « vivre sans pétrole », c’est faire preuve de sobriété énergétique, c’est leur cacher l’ampleur du problème…
    * LE MONDE éco du 5 octobre 2017

  6. Opposer les problèmes économiques aux problèmes écologiques et sociaux devient chaque jour plus intenable…
    (Serge Audier, auteur de « la société écologique et ses ennemis »)

  7. Travestissement social de l’ impératif écologique
    Dès les années 70, l’écologie pour être reconnue comme de gauche devait se prétendre d’abord sociale et seulement ensuite écologique. Pesanteur historique et conformisme intellectuel, pour ne pas dire puérilité ! La nature n’est ni compatissante, ni juge des aménagements entre classes sociales. La nature n’a pas lu Marx. L’écologie ne peut pas, ne doit pas prendre en compte les retombées sociales. C’est à la société d’aménager son fonctionnement en tenant compte des contraintes de la nature. On ne peut pas ignorer les déséquilibres climatiques pour établir des perspectives économiques. Pas plus que l’on a ignoré les contraintes de la pesanteur jusqu’à ce jour. On ne négocie pas avec la nature. C’est elle qui dicte son calendrier. On ne transige pas des délais avec le réchauffement climatique. Ce n’est pas un ordre social qui est en jeu. C’est la disparition de l’espèce. Je sais que ce discours est encore insupportable pour beaucoup de ceux qui campent dans la croyance de la supériorité absolue de l’homme. Il signifie un renversement des valeurs que tous les monothéismes et les philosophies ont prônées depuis l’émergence de la conscience, du langage, de la rationalité.
    Cela ne signifie pas que l’on doive renoncer à tout progrès social. Cela signifie qu’il ne peut se développer qu’en respectant les équilibres naturels. Cela semble simple. En fait, au vu des convictions et des entreprises de tous nos leaders nous n’en prenons pas le chemin, ni en France, ni dans le monde. La nature à partir de maintenant écrit notre histoire. Elle se terminera vite et mal pour le mammifère humain.
    Alain, cofondateur en 1970 des Amis de la terre – France

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