JE participe à la crise climatique (moi aussi)

Jade Lindgaard conclut ainsi son livre* : « Plus les citoyens adapteront leurs gestes routiniers à leur souci de l’environnement, plus ils seront susceptibles d’exiger des comptes de leurs dirigeants. C’est à cela que doit servir la bataille politique des modes de vie : expliquer, alerter, organiser, révolter. Semer des graines de dissidence. Agir sur soi pour ne pas rester seul. Désapprendre à polluer sans le savoir. Faire advenir une démocratie des eaux et des forêts, des sommets et des rivières, des cétacés et des fougères, des astres et des humains. »

Pour en arriver à ce point de vue trés écolo du type « montrons l’exemple de la sobriété énergétique, etc. », Jade montre au début de son livre que ce n’était pas gagné d’avance : « Je suis née dans une bulle de plastique orange. C’était l’année de la crise pétrolière en 1973, mais rien ne le signalait dans ma chambre. Elle se remplit très vite d’un pouf rempli de boules de polystyrène, d’un mange-disque beige où tournait sans cesse un 45 tours jaune fluo, d’une moquette à poils synthétiques verts, et de nombreus sous-pulls en acrylique. Un paysage intégral de produits dérivés du pétrole. Le soir on mangeait de la purée Mousline toute préparée, chauffée avec du laii acheté en briques dans une grande surface. La nature n’existait pas. On l’avait abolie. On était au chaud dans notre cocon saturé de couleurs imaginaires. Je détestais la campagne. Le monde devenait un gigantesque produit manufacturé. Pendant ce temps, tout autour de ma sphère orange synthétique, la biodiversité s’effondrait, la moitié des zones humides dans le monde avait été drainée, presque toute la photoynthèse se faisait désormais dans des ensembles aménagés par des êtres humains. Un artefact. Et je n’en avait aucune idée. Le héros, c’état l’homme, toujours, et jamais la calotte glaciaire. Fin des années 1990, je suis devenue journaliste dans un magazine culturel épris de rock anglais et de cinéma indépendant. Je travaille sur la politique et les mouvements sociaux. C’est-à-dire surtout pas sur l’écologie. »

On ne naît pas écolo, on le devient. Dépêchez-vous de lire Jade Lindgaard et d’agir, la planète brûle…

* Je crise climatique (la planète, ma chaudière et moi) de Jade Lindgaard

format poche 2015, la Découverte, 256 pages, 9,50 euros

première édition 2014

1 réflexion sur “JE participe à la crise climatique (moi aussi)”

  1. « Désapprendre à polluer sans le savoir. » ? que ça devienne un automatisme ? ne pensez vous pas qu’il vaudrait mieux savoir ce que chacune de nos consommations engendre comme pollution, souffrance et épuisement de la terre ? Quand on songe aux clics que chacun d’entre nous fait avec les moteurs de recherche, et qui font un ensemble énorme de dépense en électricité. Ou bien quand on voit les conditions de travail des ouvriers et les ressources que la téléphonie mobile suppose, c’est à dire cette orientation globale vers un monde hyper technologique, et urbain, à quel niveau est-il possible d’agir, et que cela modifie la trajectoire commune répandue sur la terre, incitée par toutes les pubs, et tous les médias, les films même , où le portable est devenu la norme pour le grand public ? Sans même parler de toutes les représentations des villes brillant de tous leurs feux et de leurs grandeurs ? que pèse la nature face à ces monstres ? et que pèsent nos petits gestes dans un monde qui globalement , majoritairement a effectué la coupure avec la terre ? sans doute , ne faut-il pas renoncer à inverser la tendance et continuer à sensibiliser , informer, etc. même si le monde semble sourd . Le problème se situe aussi au niveau des obligations pour survivre, des luttes acharnées que se livrent les industriels , et donc les groupes qui les constituent . En fait , la guerre économique est une vraie guerre. Si elle ne fait pas trop de morts directement, elle ne laisse pas vivre, ni la nature , ni les hommes. Une autre façon de mourir en somme.

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