En matière sportive, il faut prendre la drogue dans le double sens de potion magique et de divertissement. Personne ne peut plus ignorer l’importance du dopage dans le sport de haut niveau. LeMonde du 18 juin peut même écrire que sur le dossard des coureurs qui vont bientôt prendre le départ du Tour de France, il faudrait mentionner « Nuit gravement à la santé ». Entre 1903 et 1939, l’espérance de vie des vainqueurs de la Grande Boucle était de 74 ans, largement supérieure à celle des Français (60 ans). Aujourd’hui les ex-champions vivent vingt ans de moins que la moyenne nationale. Mais finalement, si le sport de haut niveau ne faisait mal qu’aux sportifs, cela ne serait pas grave, Le problème, c’est que le vélo, le foot, le tennis, etc., servent de divertissement.
Il faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, mais aussi détourné des plus hautes aspirations, du sens de la vie, des objectifs supérieurs. Pour se rendre compte de l’énorme captation du public par le sport, il suffit de considérer la place qu’il tient dans les médias. Ce qui est le plus remarquable, c’est cet envahissement, toute l’année, cette façon de faire que chaque jour ait sa tranche sportive. Alors le dernier match devient bien plus important qu’un accord international. Bien entendu cette diffusion gigantesque est le support d’une publicité écrasante. Il en résulte que l’homme qui ne se passionne pas pour ces gesticulations n’est pas tout à fait normal ! Mais je suis fier de connaître le discours d’Ellul (Le bluff technologique, 1986) et de ne pas être dans la norme !!
Le sport d’élite n’est plus que pharmacopée ambulante pour spectateurs en manque d’efforts physiques personnels. La Biosphère mérite mieux que le détournement de ses mécanismes physico-chimiques par des humains imprudents et impudents qui veulent nous décérébrer.