le travail manuel

Les humains travaillent le monde pour en faire un foyer, mais notre agitation extrême fait en sorte que notre maison brûle. Pour la sauvegarde de tous, vive la décroissance des techniciens au service de la mégamachine…

 

« C’est le travail manuel qui est le lieu de l’attachement de l’homme à lui-même. Cette tâche ne voue aux gémonies ni le règne biologique ni la part animale de l’homme. Il y a au contraire, dans l’acte de soumission à la nécessité un bienfait, presque un salut. L’engagement corporel n’est pas signe d’abaissement de l’homme, mais de son humilité qui l’incline vers le sol, vers l’humus. Il n’y a pas d’un côté le travailleur, et de l’autre sa force de travail, une marchandise échangée sur un marché impersonnel. Comme le disait l’Américain Emerson, « Je ne veux pas que l’on sacrifie le travailleur au produit de son travail. Je préfèrerais de coton moins bon et des hommes meilleurs. Le tisserand ne doit pas être placé plus bas que la toile qu’il tisse. »

 

« L’intuition qui sous-tend cette préférence pour le travail manuel est que si le travail ne nuit pas au travailleur, ni à son corps, ni à son âme, il ne pourra pas nuire non plus à la création car le travailleur se ressentira partie intégrante de la nature terrestre. Il n’y a plus d’opposition fondamentale entre le monde social et la Biosphère, entre le sujet et l’objet, entre l’humain et le non humain. Au partage voulu par la tradition occidentale, on peut substituer les notions d’association et de réseau. L’activité manuelle constitue une chaîne reliant les humains aux non humains, que ces derniers soient de la matière inerte, des entités au statut incertain ou telle espèce en voie de disparition. L’homme ne se  comprend plus seul, enfermé en lui-même, mais relié, maillé avec le reste de la création dans une trame à la fois souple et solide qui dessine comme une architecture d’un monde inextricablement social et matériel, humain et non humain. » (Geneviève Decrop, Entropia n° 2).

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2