Politique : La France vit avec une posture intellectuelle du XIXe siècle. J’ai eu du fait de ma profession l’occasion de bavarder avec quelques-uns de nos dirigeants. Je peux citer Jospin, Rocard, Guichard, Couve de Murville… Gauche, droite, je les ai tous trouvés parfaitement ignares en ce qui concerne les notions les plus élémentaires de l’écologie : les biotopes, la biodiversité, la chaîne alimentaire, les risques liés à l’énergie nucléaire, aux manipulations génétiques… Enfermé à vie dans un système de références appris à l’école (souvent à l’ENA) et dont ils étaient incapables de sortir. Et ça ne change pas avec les nouveaux venus. Je crains que droite ou de gauche nous n’élisions un Président Sisyphe. Le double langage a gangrené le discours politique. L’énergie nucléaire devient une énergie propre, le développement durable c’est la nouvelle justification de la poursuite de la croissance économique, l’aide au tiers-monde c’est un nouveau colonialisme encore plus destructeur que le précédent des fondements des sociétés et des civilisations non occidentales… Sauf exception, les intellectuels français se taisent. Les salons sartriens bourdonnent de leurs affaires du siècle passé.
L’écologie n’est pas un luxe, le souci des petits oiseaux… c’est la gestion globale du monde vivant dont nous faisons partie. Difficile à admettre. Mais nous allons y être aidés par la nature elle-même qui va prendre des décisions pour nous. Elles seront sans appel. Elles seront dramatiques. Le réchauffement climatique, l’effondrement des nappes phréatiques, l’avancée des déserts… ne sont pas des données négociables. Ce n’est pas la planète qui est en danger. C’est l’animal humain qui s’agite à la surface qui se suicide.
Politique écologique : L’écologie, c’est la politique de gestion de la biosphère prioritaire à toute autre décision politique, économique ou sociale.
– La politique écologique de la recherche scientifique n’est pas orientée vers la production de puissance militaire, vers la suprématie du marché économique… mais vers l’étude raffinée de tous les systèmes vivants et de leur protection.
– La politique écologique n’a pas pour objectif prioritaire d’exporter davantage que le voisin et n’importe quoi : des armes, des automobiles, des techniques agricoles inadaptés vers le tiers-monde… mais le développement d’une bioéconomie adaptée aux ressources minérales et aux besoins du pays.
– La politique écologique démographique ne consiste pas à saturer le territoire pour décourager le voisin d’y venir… mais à le peupler intelligemment en répartissant la population, en vidant progressivement les conurbations et en repeuplant les campagnes.
– La politique écologique agricole ne consiste pas à produire à grands frais énormément de produits standardisés sur des sols banalisés, saturés d’engrais chimique… mais à promouvoir une agriculture scientifique, c’est-à-dire finement adaptée au biotope et aux hommes.
– La politique écologique sociale ne consiste pas à prétendre sauvegarder à n’importe quel prix le plein-emploi, à faire courir le prolétariat derrière la carotte de l’augmentation de salaires… mais à donner à chacun la possibilité de savoir quels sont les problèmes auxquels la collectivité est confrontée et de prendre personnellement ses responsabilités pour qu’ils soient résolus.
Nos dirigeants sont peut-être « ignares en ce qui concerne les notions les plus élémentaires de l’écologie (biotopes, biodiversité, chaîne alimentaire, risques liés à l’énergie nucléaire, aux manipulations génétiques…) », il n’empêche qu’ils SAVENT que leurs politiques sont incompatibles avec le maintien des divers équilibres écologiques. Seulement ils sont comme la grande majorité d’entre nous, ils sont sujets au déni de réalité, à l’inertie et à la trouille de perdre leur confort, leurs avantages, leur tout petit pouvoir etc. etc.