Remarquable article* de Stéphane Foucart qui fait le point sur le réchauffement climatique. Le seul problème, c’est que ce journaliste scientifique se contente de constats sans jamais envisager comment agir : « L’Organisation météorologique mondiale (OMM) le confirme, l’année 2016 a bien été celle de tous les records. La température moyenne de la planète a été supérieure de 1,1 °C à la moyenne de l’époque préindustrielle. Dans certaines régions de l’Arctique, la température moyenne annuelle a excédé de plus de 3 °C la moyenne 1961-1990. La perspective de stabiliser le réchauffement en dessous de 1,5 °C s’éloigne. Laisser dériver le réchauffement au-delà aura probablement des conséquences catastrophiques et potentiellement irréversibles. Le niveau marin a continué à s’élever et l’étendue de la banquise arctique a été très en deçà de la moyenne pendant la plus grande partie de l’année. Des canicules extrêmes ont frappé l’Afrique australe, l’Afrique du Nord et l’Asie. Le record absolu a été atteint en juillet à Mitribat (Koweit), avec 54 °C. En Afrique de l’Est, des précipitations faibles ont coïncidé avec des températures élevées, précipitant dans l’insécurité alimentaire près de 20 millions de personnes. Nous sommes désormais en territoire inconnu. »
Que faire ? La solution est simple, mais impossible à envisager pour la structure sociale actuelle. L’ONG 350.org a lancé la campagne « Keep it in the Ground » (« Laissez les ressources fossiles sous terre »). Le climatologue Jean Jouzel avertissait fin 2016 : « Il faut réduire drastiquement les émissions de GES, en commençant par laisser sous terre plus de 80 % des ressources fossiles connues ». Mais le texte suivant a été écrit par Alain Hervé en décembre 1973, au moment du premier choc pétrolier : « Il faut dire que sans pétrole, adieu l’agriculture industrielle, adieu les loisirs, adieu la garantie de l’emploi, adieu la vie en ville… toute l’organisation économique, sociale et politique est remise en cause. Le château de cartes vacille. Et si ce n’est pas pour cette fois-ci, ce sera dans deux ans, dans cinq ans. Restriction, pénurie, disette, les machines ralentissent, s’arrêtent. La dernière explosion dans le dernier cylindre nous laisse apeurés, paralysés… libérés. » Nous sommes en 2017, la catastrophe est à notre porte et la « libération » se fait attendre. Actuellement la pression du confort est la plus forte, la voiture à notre porte, le chauffage central, les consoles électriques à notre disposition.
L’évolution sociale est ainsi faite : les précurseurs lancent les premiers signaux d’alarme, les scientifiques analysent, confirment et alertent à leur tour, une partie de la population se sensibilise aux évidences, se mobilise, puis quelques entreprises se mettent à envisager de nouvelles possibilités de profit tandis que la plupart freine des deux pieds. Et enfin les politiciens prennent conscience de la gravité du problème. Sauf les climato-sceptiques, de vrais criminels contre la planète et l’humanité, ceux-là ! Les négationnistes du climat sont parfois des politiciens comme Trump. Ou pour se donner bonne conscience ils se contentent comme François Hollande d’organiser une COP21 (21ème année de négociations internationales sur le climat) à Paris fin 2015 sans se donner les moyens d’agir. Et quand tout le monde sera prêt à faire quelque chose, le climat se sera déjà emballé et ce sera le sauve-qui-peut. Où les plus riches trouveront-ils à se cacher quand la planète sera à feu et à sang ?
* LE MONDE du 22 mars 2017, Climat : 2016 bat un record de chaleur, la planète entre en « territoire inconnu »