Les images laissent pantois : le feu qui a frappé Los Angeles depuis le 7 janvier 2025 paraissait inarrêtable. Comment ne pas comprendre que cet événement est désormais appelé à être moins exceptionnel qu’ordinaire ; il témoigne de l’extrême fragilisation de nos habitats humains, qu’on peut observer partout, à l’échelle terrestre. Une expansion urbaine et suburbaine tous azimuts, fondée sur le droit sacré de construire sa maison au mépris de toute précaution, basée sur la primauté absolue des mobilités routières, sur la débauche énergétique, sur la surconsommation des ressources en eau.. . Les catastrophes urbains deviennent monnaie courante.
Michel Lussault, géographe : « La puissance du capitalisme technologique est un théâtre d’ombres devant les effets cumulatifs du changement écologique global. Prenons Los Angeles comme un emblème de la mise en péril de nos capacités d’habiter, qui concerne l’entièreté de la terre. L’urbanisation planétaire ne cesse de bouleverser l’intégralité de l’espace. Elle a fragilisé l’état de la « zone critique », cette fine pellicule entre la basse atmosphère et le sous-sol, où se réalisent les interactions entre l’air, l’eau, le vivant et les sociétés.L’urbanisation et ses besoins sont l’élément moteur du « forçage » des systèmes biophysiques planétaires. Il nous faut inventer une nouvelle urbanité terrestre qui permette d’assurer la soutenabilité de la cohabitation entre humains et non-humains. »
Le point de vue des écologistes désurbanisés
Michel Lussault occulte le fait qu’on ne l’a pas attendu pour édicter des règles d’urbanisme tenant compte des risques environnementaux : incendies de forêt, submersions marines, entreprises dangereuses, etc. Mais quand on s’en exonère comme les bidonvilles détruits par le cyclone à Mayotte ou des favelas submergées par des glissements de terrain au Brésil, il ne faut s’étonner du résultat.
Michel Lussault oublie surtout un paramètre important, le poids démographique de l’humanité. 8,2 milliards de personnes, cela entraîne forcément l’entassement dans des villes. Alors que plus de 55 % des humains vivent déjà en ville, ce taux devrait atteindre 68 % d’ici à 2050. Les villes accueilleront alors 7 milliards d’habitants. C’est invivable et ingérable. La bidonvillisation du monde ne fait que commencer. Pourtant on rêve encore de renouer les liens distendus avec la nature, « ce poumon vert qui dope notre santé ». Et Michel Lussault croit encore à une « nouvelle urbanité terrestre » alors que nous allons vers les 10 milliards de terriens. Sans planning familial, no future.
Le bilan actuel qu’offre à nos yeux notre mode de vie reste encore « globalement favorable ». Le risque d’incendie ou de submersion est un paramètre, un parmi d’autres, des conduites individuelles. Il ne peut dissuader à lui seul d’acheter un SUV et de mettre la clim. Il faudra beaucoup de catastrophes, beaucoup plus fréquentes et qui concerneront directement plus de monde pour espérer un changement. C’est donc le réchauffement climatique qui permettra de combattre le réchauffement climatique. Bien sûr il sera « trop tard » mais ceux qui ont une sensibilité écologique auront le plaisir d’avoir eu raison les premiers.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
La bidonvillisation du monde ne fait que commencer
extraits : Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la structurelle vulnérabilité des grandes régions urbaines….
Désurbanisation ou ville autarcique ?
extraits : Tandis que 30 % de la population mondiale vivaient dans les zones urbaines en 1950, cette proportion est passé à 47 % en 2000 et devrait atteindre 60 % en 2030 et 70 % en 2050. En France, c’est déjà plus de 82 %. On assiste véritablement à « l’explosion de l’urbain », il s’agit d’un processus généralisé d’artificialisation de la vie. La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature.La solution n’est pas dans les low tech, mais dans la désurbanisation, l’exode des urbains vers la ruralisation. Utopie ? Vers 650 de notre ère, un effondrement vertigineux a frappé l’empire romain. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants lors de sa gloire, il n’y en avait plus que 20 000 au final….
Et encore, la comparaison avec l’effondrement de Rome est très optimiste. Car si 600 000 personnes pouvaient à l’époque aller se répartir pour cultiver dans l’ensemble de l’Italie, cela sera bien plus difficile pour les 20 millions d’habitants des grandes zones urbaines Française, Ile de France, et 10 premières métropoles
Quant à ce qui se passera pour les 100 millions d’habitant du tissu urbain continu de l’est du Japon ou pour les habitants des métropole de Lagos, New York, Los Angeles, Pékin …..
Ah suis-je bête ! Le nombre ne compte pas, il suffira de ponctionner les comptes de Bill Gates, Marc Zuckerberg, Elon Musk et Jeff Bezos et tout ira bien. Le monde compte 8 200 000 000 de gentilles victimes et seulement 4 méchants, le problème n’est pas bien difficile.
Ce Lussault me fait penser à une autre géographe qui souffre d’ amnésie démographique , Sylvie Brunel .
Qui donc ose dire qu’il suffit de ponctionner les comptes de Bill Gates, Marc Zuckerberg, Elon Musk et Jeff Bezos… pour que tout aille bien ?
Qui donc donc ose dire que le problème n’est pas bien difficile… qu’au contraire il est facile, et tout simple… à résoudre ? Qui donc pense qu’il suffit de régler les divers problèmes (pollutions, réchauffement, croissance de la population)… pour qu’enfin le monde tourne rond ?
– « Michel Lussault oublie surtout un paramètre important, le poids démographique de l’humanité. […] cela entraîne forcément l’entassement dans des villes. »
Paramètre important certes. Vu que la meilleure méthode pour con vaincre semble être celle qui consiste à opposer argument contre argument 😉 … voici donc le mien.
Les écologistes désurbanisés oublient un paramètre important… là encore un fait, indéniable :
– « l’accélération de l’urbanisation ces dernières décennies, et plus généralement celle de la bétonisation […] les «besoins» des petits bourgeois en terme de mètres carrés […]
essayons de voir ce que pèse finalement le Nombre dans l’équation. »
( Michel C 11 janvier 2025 à 14:13 ”La bidonvillisation du monde ne fait que commencer” )
– « En fait, la progression des zones urbaines dépasse largement celle de la population. Pour te donner une idée, la superficie bâtie à l’échelle mondiale augmente de façon exponentielle, bien plus que le simple nombre de bouches à nourrir. »
(Les conséquences de l’urbanisation sur la démographie – encyclopedie-des-pays.fr)
Cette tribune de Michel Lussault (géographe) fait suite et va dans le même sens que l’article d’Audrey Garric : « Les incendies de Los Angeles ne sont pas une catastrophe naturelle ».
1) Les faits (par définition indéniables) :
– Los Angeles a été construite fin du 18ème siècle… non seulement sur une zone propice aux incendies naturels, mais en plus une zone propice aux tremblements de terre. Cette ville s’est agrandie, agrandie, toujours plus (la «grandeur de l’Amérique»), pour aujourd’hui couvrir une surface immense… et compter des millions et des millions d’habitants… et ainsi devenir la seconde ville des États-Unis.
– « Des séismes colossaux frappent la Californie tous les 150 ans environ. En cause : deux fractures majeures dans la faille de San Andreas, qui longe la côte californienne. La région de Los Angeles pourrait être la première touchée. » (Californie : quand aura lieu le Big One ? nationalgeographic.fr)
( à suivre )
( suite )
– Naples, fondée au 8ème siècle av. J.-C … a été construite au pied d’un volcan.
Clermont-Ferrand sur un super-volcan, etc. etc.
– A Tokyo, la menace d’un « Big One » aux effets inimaginables
(Le Monde 25 septembre 2023)
2) Mon analyse (point de vue) :
– D’abord je ne crois pas que les effets de telles méga-catastrophes soient inimaginables.
Du moins à Hollywood, où ON ne manque pas d’imagination. Big One, méga-feux, méga- tsunamis, collision avec un astéroïde etc. tout et n’importe quoi a déjà été imaginé… par les réalisateurs de films catastrophes
– « Le réel, c’est quand on se cogne. » (Gilles Lacan)
Autrement dit, là ON n’est plus au cinéma !
– Et c’est pour tout (et n’importe quoi) pareil. Big One, Big Brother, Peste Brune etc. etc
« La solution n’est pas dans les low tech, mais dans la désurbanisation »
Euh non ! Tout faux ! La solution est dans les low tech et la désurbanisation ! Mais aussi la fermeture des frontières, puisque c’est cette ouverture des frontières qui intensifie les flux de transport pour les marchandises ! Notamment via Internet, puisqu’on peut commander des produits en un clic à l’autre bout du monde ! Donc une technologie trop sophistiquée qui fait plus de mal à l’environnement qu’autre chose. Toutes ces technologies ont conduit à la concentration des moyens de production et de distribution aux mains d’une minorité de personnes ! Les entreprises sont devenues des mastodontes, dont la plupart ont délocalisé en dehors de l’Europe.
Or pour les entreprises il faudrait beaucoup moins de mastodontes (multinationales) et beaucoup plus de petites et moyennes entreprises qui maillent notre territoire, notamment notre milieu rural, afin d’offrir des emplois tant en milieu rural qu’urbain, mais avec des villes moins grosses. Mais il faut créer des emplois en milieu rural, pour provoquer l’exode urbain. Évidemment, cela implique de consommer plus local aussi. En outre, rétablir le train, des services publiques (hôpitaux, postes, etc), des artisans (boucher, boulanger, café; etc) ainsi que des médecins en milieu rural.
Tant qu’on propose des aéroports, des avions, des autoroutes, des agences de voyage et de croisière, des hypermarchés, des galeries marchandes, des médecins, avec tout le service public concentrés dans les villes, il ne faut pas s’étonner que l’exode rural se poursuive ! Mais ce sont les high tech qui ont généré tous les mastodontes via les machines-outils hors norme et l’informatique ! D’où la nécessité d’en revenir aux low tech !
Nous y reviendrons par la force des faits puisque nous n’aurons pas voulu y revenir par la raison.