Les termes «ZAD» et «zadistes» ont été déposés auprès de l’Institut national de la propriété industrielle par un militant anti-aéroport. Le terme de ZAD est le détournement ironique d’un sigle familier aux aménageurs, la Zone d’Aménagement Différé. Sur décision du préfet, elle permet à une collectivité locale ou à un maître d’ouvrage public de préempter des terrains très en amont du début des travaux afin de constituer les réserves foncières nécessaires à un prix relativement bas et d’éviter ainsi toute spéculation. La captation du sigle par les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’explique par l’existence de ce projet d’aménagement différé créé en 1974, réactivé par le gouvernement Jospin fin 2000 et devenu aujourd’hui «Zone A Défendre». Depuis 2008, une quinzaine de conflits locaux ont été qualifiés de ZAD par les médias. Les sites disputés font l’objet d’une occupation permanente et relativement durable, non pour favoriser l’aménagement, mais pour l’empêcher. Les zadistes préfigurent une nouvelle conception du territoire. Un livre* relate ce débat dont voici quelques extraits :
« La situation créée par les ZAD n’est pas sans rappeler certaines guerres de décolonisation gagnées du point de vue militaire mais perdus sur le plan politique. La supériorité tactique peut conduire à une défaite stratégique. La bataille des zadistes se joue sur deux terrains distincts. Le premier, réel et matériel, est le site lui-même de la ZAD, où cette bataille prend la forme d’affrontements physiques avec les forces de l’ordre. La gendarmerie utilise parfois de grands moyens : à Décines, l’expulsion des zadistes a été réalisé par une unité spécialisée dans le «traitement des individus entravés ou situés en hauteur», la cellule nationale d’appui à la mobilité. L’autre, virtuel, est le terrain de l’opinion publique et des médias. Un référendum comme celui annoncé par François Hollande en février 2016 à propos de l’aéroport de NDDL ne résout rien. Qui aura le droit de voter et dans quels termes la question soumise au vote sera-t-elle posée ? Combien de temps la campagne référendaire doit-elle durer ? Pour un aménagement d’intérêt général, un référendum local est de toute façon inadapté. Et la démocratie ne se réduit pas à la seule application de la règle majoritaire.
En cas de victoire définitive, la zone à défendre peut devenir une Zone d’Autonomie Définitive. Car les zadistes sont avant tout des militants altermondialistes qui s’en prennent à la mondialisation libérale et aux multinationales pour une cause planétaire. Les projets d’aménagement ne sont plus seulement critiqués pour des nuisances précises, ils entrent dans la vaste catégorie des «grands projets inutiles et imposés» néfastes pour la planète. Les ZAD françaises s’apparentent à d’autres luttes menées en Europe ou ailleurs.»
* Zones A Défendre (de Sivens à Notre-Dame-des-Landes) de Philippe Subra
éditions de l’aube 2016, 126 pages pour 14 euros