La pression du confort sans limites pèse sur les choix politiques, défense du pouvoir d’achat, sacralisation du niveau de vie, relance économique tout azimut… Pourtant nous vivons une systématique de la crise, financière, démographique, énergétique, climatique, agricole : nous sommes confrontés à la finitude sur quasiment tous les fronts. Dans LeMonde du 28 avril, il est significatif d’opposer la politique de l’administration Obama sur la question climatique et la radicalisation de Nicholas Stern.
Aux USA, après le vide mental de G.Bush, une lueur d’espoir ? Obama explique sans relâche en quoi changer le modèle énergétique est une affaire de sécurité nationale et, à terme de relance économique. Mais il ne fait ainsi qu’habiller de vert le nationalisme et le confort économique ; le fond reste très proche de la mentalité Bush, à savoir préserver le niveau de vie des Américains. Après son célèbre rapport de 2006 comparant les effets du réchauffement climatique à ceux de la crise de 1929, Nicholas Stern est devenu encore plus pessimiste dans son dernier livre, The Global Deal : Climate Change… Il s’attaque en effet à la pensée dominante qui préfère des taux d’actualisation donnant moins de poids au futur : on privilégie le niveau de vie immédiat, pariant sur une croissance économique future pour que les générations futures s’en sortent quand même. Pour résumer, Obama représente encore la pensée dominante, le Président qu’il nous faudrait est encore inaudible, les livres ne font pas une politique.
La préservation de ce qui reste de la Biosphère est en concurrence directe avec l’intérêt général des générations présentes. Mais les générations futures, et à plus forte raison les non humains, n’ont pas droit à la parole. Nous ne pouvons donc pas compter sur le choix éthique des électeurs, nous ne pouvons donc pas compter sur la sagesse de tel ou tel leader politique, nous ne pouvons compter que sur la pression médiatique qui sensibilise de jour en jour l’opinion publique sur les limites de notre planète. Mais avons-nous le temps d’attendre ?
L’automoble individuelle n’a plus que quelques années à vivre. Les hybrides ne changent rien à l’affaire.
Face à l’épuisement des ressources pétrolières et le réchauffment climatique, un président vraiment courageux mettrait en place un plan de sortie du tout-automobile. Obama préfère financer l’industrie automobile !
Oui, il y a une différence d’idées et de courages entre les deux présidents américains qui se succèdent, mais le nouveau n’a jamais dit que l’industrie automobile était vouée à sa perte sur un tel modèle : il a dit qu’il faudrait mettre un peu (même beaucoup) d’hybride, mais surtout pas que les ventes allaient baisser ou que l’on allait supprimer les automates dans la production (forcément, sinon il y aura licenciement, ce que l’on commence à voir).