L’idiotie structurelles des contournements routiers

Thèse : Sur le pont qui enjambe le Rhône dans la belle ville d’Arles, les quatre voies de la RN 113 font de la vie un enfer. Le projet de contournement* pour éviter un défilé ininterrompu de poids lourds ne rencontre guère d’hostilité. Avec le nouvel axe, les poids lourds ne seront plus autorisés dans le centre-ville. Les dessertes du premier port de France, Marseille Fos-sur-Mer seront excentrées. Le projet de loi « d’orientation des mobilités » en débat ­actuellement au Parlement estime que « le projet de contournement sud ­d’Arles avancera vers sa réalisation ».

Antithèse : Vive opposition d’associations de défense de l’environnement contre ce projet qui menace 900 hectares de terres agricoles et humides, sept sites Natura 2000, le rollier (petit oiseau de couleur bleu et tabac), etc. « Il faut favoriser le report modal sur le ferroviaire et le fluvial, il faut changer de modèle de développement », plaide Jean-Luc Moya, d’Agir pour la Crau.

Synthèse : « Je préfère le village à la ville, la rivière au grand fleuve, la route à l’autoroute, l’échoppe à la boutique, la boutique aux grandes surfaces, la ruelle à l’avenue, je préfère ces dimensions qui sont à l’échelle de l’homme, là où il garde ses repères. Il faut décréter un moratoire sur les grands projets d’infrastructures et d’équipements. Décider par exemple que la desserte autoroutière et routière est désormais suffisante en France, pays qui détient déjà l’un des réseaux parmi les plus denses du monde. Les grandes infrastructures de transport sont des axes de fracture. Les élus doivent comprendre que leur rôle n’est plus de lancer des projets de « développement » à base d’équipements lourds, mais de mettre en place une gestion du territoire compatible avec la nécessaire sobriété énergétique et la conservation des services rendus par les écosystèmes. » (Nicolas Hulot, cité par le livre de Michel Sourrouille, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir »). En juillet 2017, Emmanuel Macron avait annoncé une « pause » dans les grands projets d’infrastructures pour les évaluer au cas par cas. On voit que l’évaluation penche toujours vers le business as usual.

Ping-pong sur lemonde.fr :

Abert : Que faire avec des politiques au mode de pensée dépassé comme il l’était en 1938 et qui ne comprennent rien à rien ? Les Arlésiens vivront-ils mieux avec un contournement et leur pays bétonné ? Certainement pas!

Claude Hutin : Pas d’accord, à ce compte on ne ferait jamais ni ligne TGV no autoroute. Il faut au contraire en finir avec les égoïsmes qui veulent des infrastructures mais jamais en subir les inconvénients.

Henri : Vous défendez un modèle obsolète… 8 millions de véhicules de plus en 20 ans, démontrent que la voiture est une mauvaise solution aux problèmes de transport. Subsidiairement, une 4 voies pour 8000 arlésien, vous avez bien qu’il ne s’agit pas de cela mais d’un projet d’ensemble qui se traduira par du PPP, des dettes, des taxes et des nuisances supplémentaires. Ah, j’oubliais, vive l’outarde canepière!…

PHILI DAN : Y a-t-il un seul projet en France, que ce soit de route, de barrage ou d’industrie, qui ne soit pas contesté par les écologistes ?

Georges : Existe-t-il un projet en France qui ne soit pas de routes, d’autoroutes, de barrages… Jusqu’où va-t-on pousser cette société du tout bagnole. Existe-t-il un parvis d’Eglise en France qui ne soit pas transformé en parking, idem les monument publics…Des routes et de parkings partout ! Ce qui ruine la vie des riverains. Existe-t-il une limite ? Votre choix est-il de tout pourrir ? Qu’allons nous laisser à nos enfants?

Sihanouk : Pour certains écologistes, professionnels de la profession, les préoccupations se portent sur le rollier, l’outarde canepetière, un papillon, et quelques malheureuses orchidées. Et non pas sur l’enfer des poids lourds vécu par les 53 000 habitants d’Arles ! Décidément, ces Khmers Verts ultras minoritaires sont encore et toujours burlesques !

JEAN CLAUDE HERRENSCHMIDT : Une très grosse partie du problème), c’est une population humaine de plus en plus importante qui, pour vivre, doit faire appel à la mobilité. Sa mobilité propre et la mobilité de toutes les ressources dont elle a besoin. Il faut donc sérieusement réfléchir à la transition démographique afin de contenir le nombre d’êtres humains sur cette planète sans avoir à recourir aux pires solutions génocidaires ou criminelles contre l’humanité.

* LE MONDE du 2 février 2019, Le projet de contournement routier d’Arles vivement contesté par les écologistes