Loin de Rio + 20, suivons l’enseignement d’Elinor Ostrom

Elinor Ostrom est morte le 12 juin 2012. Son enseignement aurait du être au centre des préoccupations de Rio 2012. En effet, Elinor démontre parfaitement dans son œuvre que des conférences internationales comme Rio+20 sont inefficaces. La gestion des ressources naturelles doit être faite au plus près du contrôle humain et non éloignée dans des sphères gouvernementales, qu’elles soient nationales ou internationales. Par exemple la pêche locale est une gestion acceptable, avec quotas définis de façon communautaire, la pêche industrielle est une aberration, avec ses quotas centralisés et inappliqués.

Ce qui frappait Elinor, c’est que le seul acteur considéré comme pertinent aujourd’hui est l’entité hypothétique et omnicompétente appelée « gouvernement ». Les utilisateurs sont vus comme s’adressant « au gouvernement pour un programme », plutôt que comme des acteurs produisant des efforts pour trouver eux-mêmes des solutions viables et équitables à leurs problèmes. Quant à l’utilisation des ressources communes, les modèles proposés ont l’effet pervers de préconiser une centralisation accrue de l’autorité politique. De plus les solutions présentées comme devant être imposées par « le » gouvernement sont basées de façon irréaliste sur des modèles de marchés ou d’Etats idéalisés.

Sur ce blog, nous avons déjà traité des excellentes idées d’Elinor, Ni Etat, ni marché, Elinor Ostrom. Concrètement, il vaut mieux réaliser des plans climat locaux plutôt que de se réunir au niveau international pour palabrer sur l’environnement sans que personne ne se sente vraiment concerné. Elinor Ostrom apporte son soutien implicite à ce qu’on appelle aujourd’hui les communautés de transition ou territoires de résilience, la seule démarche qui nous apparaît porteuse d’un avenir durable.

Pour un résumé du livre majeur d’Elinor, ce lien gouvernance des biens communs (pour une nouvelle approche des ressources naturelles)

PS : Le Monde.fr* présente cette nécrologie d’Elinor Ostrom: « Cette spécialiste de la gouvernance des biens communs (common-pool ressources) fut la première femme lauréate du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel. Le prix lui a été décerné, ainsi qu’à l’économiste américain Olivier Williamson, en 2009  » pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des associations d’usagers « . Pour Elinor Ostrom, la privatisation des ressources naturelles au profit d’un groupe restreint est source de rentes et donc d’inefficacité économique et d’injustice sociale. »

* Le Monde.fr | 19.06.2012 Elinor Ostrom, Nobel 2009 d’économie, théoricienne des « biens communs »