Nous sommes partis en C3 pour une semaine de vacances dans les Pyrénées. Une petite virée de 900 kilomètres, soit avec 114g de CO2 par km, une émission de gaz à effet de serre de plus de cent kilos au total. Pourquoi se gêner, bientôt la Porsche Cayenne à 190g aura le même bilan carbone que la C3 ! En effet les Allemands veulent pondérer l’émission de CO2 en prenant en compte la masse du véhicule*. Les voies du lobbying automobile sont impénétrables. Pour éviter la mort sur la route, nous avons pris l’A65 entre Langon et Pau, autoroute qui a déchiré le milieu naturel et entraîné un nouvel appauvrissement de la biodiversité**. Nous étions seuls sur l’asphalte, 4000 véhicules par jour seulement en moyenne. Le péage est le plus élevé de France, mais pas assez : les collectivités locales prendront en charge les déficits de l’entreprise privée concédante : faut pas se gêner ! Après une semaine de sandwichs et de nouilles, nous nous sommes payé le restaurant le dernier jour : choix de foie gras presque à tous les plats. La France pratique encore le gavage des canards, pratique désormais interdite dans la plupart des pays de l’Union européenne***. La France n’applique même pas l’exigence européenne de permettre la liberté de mouvement des animaux, et notamment celle de battre des ailes : on maintient encore la volaille en cages individuelles lors du gavage, faut pas se gêner.
Quand au retour nous avons pu admirer la longueur de l’embouteillage vers le Sud sur le périphérique autour de Bordeaux, nous nous sommes dit : pourquoi pratiquer la simplicité volontaire et marcher autour de chez soi quand tant de monde prend la route pour partir en vacances le plus loin possible de son habitat ! Alors, est-ce que nous partirons à nouveau pour randonner en montage ? Sans doute à vélo, en évitant les grandes routes et en restant végétariens… si nous sommes courageux.
* LeMonde du 9 juillet 2011, La Porsche qui voulait se faire aussi petite qu’une C3
** LeMonde du 13 juillet 2011, Péages au paradis (chronique d’Hervé Kempf)
*** LeMonde du 16 juillet 2011, Le foie gras français « non grata » en Allemagne
Contre le gavage des canards (et quelques oies) : en effet, la France défend un de ses étendards gastronomiques, alors que j’ai été contre dès que j’ai su ce que ça impliquait au niveau des conditions d’élevage des animaux.
En appeler à la défense du « goût », du « bon », de manière totalement égocentrique, qu’est-ce que ça signifie sinon l’acceptation d’un profond irrespect pour les animaux? De plus, il existe un produit alternatif (marque Gaia), au goût et à la texture très proches, qui vient de Belgique.
Que la France ait pu repoussé de 5 ans en 1995 (soit en 2015!) la date à partir de laquelle les cages-prison seront interdites aux palmipèdes, en dit long sur la résistance des industriels, soi-disant gentil artisans de la tradition (qui n’en ont rien à secouer du bien-être animal, quoiqu’il racontent) et sur un conservatisme franchouillard bien sadique.
Si de plus en plus de consommateurs avertis cessent d’ingérer ces produits issus de l’agonie, comme disait Marguerite Yourcenar, et qu’ils s’en inspirent plutôt dégoût, alors le mouvement enclenché permettra de renverser cette ignomineuse industrie. Dernier en date à appeler à l’interdiction de vente du foie gras au Royaume-Uni, l’ex-James Bond Roger Moore.