Philippe BIHOUIX est enfin à l’honneur dans LE MONDE

 Technologie n’est pas magie. Sur ce blog, nous suivons les travaux de Philippe Biouhix depuis janvier 2011. Stéphane Foucart le découvre seulement aujourd’hui*. Il a attendu que la Fondation de l’écologie politique distingue son dernier livre, L’Age des low tech, par son « Prix du livre francophone ». La vertu première de ce livre est de nous aider à combattre notre paresse intellectuelle qui conclut trop souvent ainsi les discussions sur l’annonce des catastrophes: « On trouvera bien une solution. » C’est-à-dire une solution technologique. La high-tech aura magiquement réponse à tout. Interroger la technique, c’est être « contre le progrès » – celui de l’homme étant systématiquement réduit à celui de ses outils.

 Philippe Bihouix démontre que la solution technologique ne va pas de soi. Voici un florilège succincts de nos différents articles résumant sa pensée grâce à ses propres phrases :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/10/10/resilience-un-passage-necessaire-par-les-low-tech/

 … Les métaux, toujours moins concentrés, requièrent plus d’énergie, tandis que la production d’énergie, toujours moins accessible, requiert plus de pétrole. Le peak oil sera donc vraisemblablement accompagné d’un peak everything (pic de tout). »…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/09/04/philippe-bihouix-vive-le-low-tech-les-technique-simples/

 … Si l’imagination fertile des êtres humains n’a pas de limites, les équations de la physique, elles, sont têtues. Plus on est high-tech, moins on fabrique des produits recyclables et plus on utilise des ressources rares dont on finira bien par manquer. Il est absurde de croire que les solutions technologiques pourront être déployées à la bonne échelle…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/05/29/le-cout-incommensurable-du-demantelement-des-centrales/

 … Même si le « provisionnement », l’argent mis de côté pour le démantèlement des centrales nucléaires françaises, est correct – ce qui fait largement débat -, cela n’a pas de réalité matérielle…Je fais donc le pari (facile, vous ne viendrez pas me chercher) que nous ne démantèlerons rien du tout…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/02/11/dans-les-entrailles-de-la-machine-mondiale-a-expresso/

 … Les fac­teurs de risque inter­agis­sent entre eux dans une logique sys­témique, dans de puis­santes boucles de rétroac­tion pos­i­tive : la pénurie énergé­tique engen­dr­era celle des métaux, tan­dis que la disponi­bil­ité en métaux pour­rait lim­iter par exem­ple le développe­ment des éner­gies renou­ve­lables ; nos pra­tiques agri­coles épuisent la terre et entraî­nent le défriche­ment des dernières forêts pri­maires ; le change­ment cli­ma­tique va accélérer l’érosion de la bio­di­ver­sité et la chute de ren­de­ments agri­coles dans cer­taines zones ; etc…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/08/06/la-difficulte-de-demanteler-la-megamachine/

 … Quelle différence, en termes de contenu technologique et de complexité technique, entre une centrale nucléaire et une éolienne industrielle de 5 ou 7 MW ? Ou plutôt un macrosystème de milliers d’éoliennes et de fermes photovoltaïques, reliées par des smart grids permettant à tout instant d’équilibrer offre intermittente et demande variable. Aucune ! On y trouve également des métaux farfelus, une production mondialisée exigeant des moyens industriels à la seule portée d’une poignée d’entreprises transnationales, une installation et une maintenance requérant des moyens exceptionnels (barges, grues, remorques spéciales…), ne pouvant s’appuyer que sur une expertise fortement centralisée, de l’électronique à tous les étages, etc. A mille lieues d’une production autonomie, résiliente, ancrée dans les territoires et maîtrisable par des populations locales…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/08/17/notre-avenir-stagflation-et-age-de-fer/

 … Quel avenir veut-on laisser aux générations futures, un retour à l’âge de fer ? Un monde où quelques dizaines de millions de ferrailleurs-cueilleurs, survivants de la grande panne ou de l’effondrement, exploiteront le stock de métaux dans les décharges, des bâtiments délabrés et des usines à l’arrêt est une possibilité…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/01/15/est-ce-que-lemonde-nous-empapaoute/

 … La complexité des alliages nous empêche de récupérer facilement les métaux lors du recyclage. Il y a 30 métaux différents dans un ordinateur portable. Avec 3000 sortes d’alliages au nickel, on comprend que l’organisation de filières de récupération sera douloureuse ! Enfin une partie des métaux n’est pas récupérable car nous en faisons un usage dispersif, pigments, additifs, couches minces…

 * LE MONDE du 28 octobre 2014, Technologie n’est pas magie

 L’Age des low tech, de Philippe Bihouix (Seuil, coll. « Anthropocène », 336 p., 19,50 €)