La sinistre plaisanterie nucléaire commence en 1957.
Le journal Le Monde du 3 juillet 1957 rapportait le discours de Louis Armand (1905-1971), ingénieur des mines et l’un des trois « sages » de l’Euratom : « Un kilo d’uranium vaut effectivement, sur le plan énergétique, autant que 2500 tonnes de charbon ; il y a plus d’énergie dans l’uranium et le thorium d’une tonne de granit que dans une tonne de charbon, et il sera un jour possible de tirer plus de calories d’un litre d’eau de mer que d’un litre de pétrole. » Il en déduisait qu’il n’était plus nécessaire de ménager les réserves de charbon et de pétrole vu les perspectivismes de l’énergie nucléaire. Pour lui, il suffisait de posséder beaucoup de techniciens et de capitaux pour tirer parti de ce potentiel énergétique.
Ce genre de discours est à l’heure actuelle généralisée : « Pourquoi économiser l’énergie puisque nous allons trouver une source d’énergie illimitée ? » Il est vrai que les réserves d’uranium dans l’eau de mer se chiffrent en milliards de tonnes, mais tellement diluées ! Les quantités d’eau à traiter seraient impraticlables : quelque 100 000 m3 par seconde pour alimenter les réacteurs d’un pays comme la France (alternatives n°14, la revue d’Areva). Par ailleurs, la demande « extraire de l’uranium du granit » n’entraîne aucune réponse sur Google. Mais il est vrai qu’un individu de 70 kg émet autant de radioactivité que 8 kg de granit, donc nos réserves seraient durables, il suffirait de sonder les corps humains.
Trêve de plaisanteries technologiques, il faudra bien un jour se contenter des ressources renouvelables. Le débat techno-politique ne devrait plus porter sur l’investissement qui va reculer l’échéance de quelques années, mais sur notre manière de penser et de vivre qui pèse beaucoup trop sur la Biosphère et pénalise le sort des générations futures.
NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,
http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94
nous vivons actuellement sur l’hypothèse économique du XIXe siècle selon laquelle les ressources naturelles étaient illimités, charbon, pétrole, uranium aujourd’hui, etc. Cette hypothèse est totalement irréaliste, mais la pensée dominante n’a pas bougé depuis le XIXe siècle ! Il suffit de lire les articles qui paraissent même dans ce quotidien de référence…
Des précisions à lire au sujet des réserves d’uranium et de la production annuelle de celui-ci : Réserves et production d’uranium
Un autre article, sur l’illusion des les réacteurs de génération IV, parle aussi de l’épuisement de la production d’uranium et en conséquence de l’arrêt des réacteurs nucléaires.