Que vont retenir les jeunes cathos des Journées mondiales de la jeunesse ? L’évocation de la pédophilie chez les curés, la condamnation sans réserves de l’avortement ou quelques digressions sur l’état de la planète ? Car Benoît 16 s’inspire de l’air du temps en matière écolo : « Des cicatrices marquent la surface de la Terre, l’érosion, la déforestation, le gaspillage des minéraux du monde et des ressources des océans pour alimenter une consommation insatiable » (LeMonde du 19.07.2008)
Il est vrai que toutes les religions devraient être au front de l’écologie. Toutes proclament que notre planète est l’œuvre du créateur, mais aucune ne s’offusquait jusqu’à présent de la voir polluée et détruite. Il y a là une sacrée contradiction. Il pourrait y avoir une magnifique plate-forme entre les religions qui pourraient s’entendre autour de ce dénominateur commun : protéger la terre, l’eau, la planète, la vie ; honorer « l’œuvre divine ». D’ailleurs Benoît 16 ajoutait : « L’expérience a monté que tourner notre dos au dessein du Créateur provoque un désordre qui a des répercussions inévitables sur le reste de la Création ».
Mais en matière d’écologie, rares sont les textes bibliques sur lesquels s’appuyer, et ils ont tous un relent d’anthropocentrisme forcené. Nous trouvons d’ailleurs une parfaite illustration de cette faiblesse doctrinale de l’Eglise dans un récapitulatif des textes de Jean Paul II (édité par Parole et Silence, Les gémissements de la création) : « Voici que je vous donne toute herbe produisant semence et tout arbre dont le fruit produit semence : ce sera votre nourriture » (Genèse 1,29). » Le pape en tirait la conclusion que la terre appartient à l’homme parce que Dieu l’a confiée à l’homme, et par son travail l’homme la soumet et la fait fructifier. Cette valorisation de l’espèce homo sapiens s’accompagne d’une déformation systématique des textes. De même Pour Jean Paul II, l’expression « Remplissez la terre et soumettez-là, dominez sur toutes les créatures » (Genèse 1,28) voudrait dire que la volonté de notre créateur est que l’homme agisse envers la nature comme un gardien intelligent et noble, et non comme un exploiteur sans scrupule (Voilà ce qu’il faut entendre lorsqu’il est question de « soumettre »). Pour lui, c’est une sérieuse responsabilité d’exercer notre souveraineté sur la création, de manière qu’elle soit vraiment au service de la famille humaine. Toujours l’anthropocentrisme !
Si le pape faisait un clin d’œil au concept de développement durable (« Il faut que l’exploitation de la nature se fasse conformément au critère qui tient compte non seulement des besoins immédiats des populations mais aussi de ceux des générations futures »), rien ne préparait en définitive Jean Paul II à s’intéresser à l’écologie profonde puisqu’il a une vision qui peut se résumer à cette phrase : « Faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, Adam et Eve doivent soumettre la terre (Genèse 1,28) ».
Son successeur est dans la même lignée, la santé de la Biopshère ne peut compter sur une religion obsolète interprétée par des porte-parole à moitié séniles.
PS : Le pape Benoît 16 à Sydney, devant 150 000 jeunes, a dénoncé « le gaspillage des ressources de la planète ». Bravo ! Mais pour venir l’écouter, chacun de ces jeunes a fait en moyenne 10 000 km d’avion. Ce faisant, ils ont collectivement émis 250 000 tonnes de CO2 pour ce long WE de fête. 250 000 tonne des CO2, c’est ce qu’émettent 20 000 paysans du Sahel pendant un an.
(in courrier des lecteurs, LeMonde du 26.07.2008, intervention de Benjamin Dessus)