Rappelez-vous l’étoile jaune cousue sur les vêtements de façon inamovible, marque d’infamie que tous les juifs étaient obligés d’exhiber. Ce sera pire avec l’authentification biométrique qui aura pour conséquence d’instaurer un « contrôle permanent et généralisé » au nom du « solutionnisme technologique » ! Le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O a même estimé qu’« expérimenter » la reconnaissance faciale était « nécessaire pour que nos industriels progressent ». Il faudrait que les industriels français comme Thales ou Idemia ne perdent pas pied face à la concurrence chinoise, américaine ou israélienne. Il suffit de travailler l’« acceptabilité sociale » de ces technologies. État et industriels font front commun pour parler d’expérimentations « contrôlées », le temps d’œuvrer à la banalisation de ces technologies et de mettre la population devant le fait accompli. Ce sera la soumission volontaire dénoncée il y a déjà fort longtemps par La Boétie, sauf que nous ne serons pas le jouet d’un dictateur bien personnifié, mais victime d’un système de contrôle omniprésent aux mains de personne dont on ne connaîtra jamais les identités. Emmanuel Macron souligne que « l’administration seule et tous les services de l’Etat ne sauraient venir à bout de l’hydre islamiste. C’est la nation tout entière qui doit s’unir, se mobiliser, agir. Dans une société de vigilance, il faudra savoir repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi les déviations. » L’alibi du terrorisme paraît implacable, un système de délation se met en place officiellement. Si nos grands-parents avaient vécu au début des années 1940 dans un monde saturé de tels dispositifs électroniques, ils n’auraient pas pu tisser des réseaux clandestins capables de résister au régime nazi.
Les technologies biométriques augurent un changement de paradigme dans l’histoire de la surveillance. A terme, elles reviennent à instaurer un contrôle d’identité permanent et généralisé, exigeant de chaque personne qu’elle se promène en arborant une carte d’identité infalsifiable, qui pourra être lue sans qu’elle ne le sache par n’importe quel agent de police. Mais les femmes seront-elles protégées d’un féminicide, une caméra de surveillance pourra-t-elle déjouer l’acte terroriste d’un loup solitaire ? Ces coûteuses machines seront incapables d’apporter la sécurité vantée par leurs promoteurs. Elles accompagnent l’extension de la répression au détriment de la prévention, si ce n’est la prédiction. Grâce aux algorithmes, Facebook s’engage déjà à détecter les comportements potentiellement suicidaires de ses utilisateurs pour mieux les protéger d’eux mêmes. La police chinois du Net a pour fonction de gérer les alertes et de prévoir les comportements déviants. Sous couvert d’efficacité, la technologie conduit à déshumaniser encore davantage les rapports sociaux, tout en éludant les questions politiques fondamentales qui sous-tendent des phénomènes d’une violence multiforme.
Nous sommes dans une société de masse où l’individu ne fait plus partie d’une communauté où tout le monde se connaît et n’a pas besoin d’une surveillance extérieure. Les habitants des bidonvilles constituent déjà en moyenne 40 % des citadins dans les pays dits « en développement », ce n’est pas une urbanisation gérable même en multipliant les caméras de surveillance… sauf si un système totalement totalitaire se met en place comme dans la Chine de Xi Jinping. Jamais il n’y aura assez de policiers (étymologiquement « créatures de la cité ») pour contrôler une société non policée. Jamais nous aurons suffisamment de ressources énergétiques pour perpétuer durablement une société informatisée si complexe qu’elle risque les effondrements en chaîne.
Le temps n’est pas loin où 1984 nous semblera une aimable plaisanterie, cette technologie est en effet une horreur absolue, la fin de toute liberté !
Ce sera peut-être l’une des vertu de l’effondrement que de nous éviter ça, les réseaux de caméra ne fonctionneront plus !
– » Ce sera peut-être l’une des vertu de l’effondrement que de nous éviter ça »
Oui, on peut en effet le voir et le dire comment ça.
En attendant, nous y sommes ! Et nous n’avons certainement pas encore tout vu.
Effectivement nous y sommes. Et « Qui dira que nous n’y sommes pas ? »
C’est justement ce que nous raconte Michel Onfray dans son dernier bouquin «Théorie de la dictature ».
On peut imaginer l’étape suivante, une société où chaque individu sera à la naissance équipé non seulement d’une puce pour le tracer où qu’il se trouve 24H/24, mais aussi d’un micro-dispositif qui lui enverra une décharge électrique, plus ou moins forte, à chaque fois qu’il sortira des clous. La technologie existe déjà pour les chiens, ça s’appelle un collier de dressage. On peu imaginer que le machin sera même capable de prévenir toutes sortes de «mauvaises» actions en analysant les pensées du fameux «citoyen».
On peut encore pousser l’imagination un peu plus loin, un référendum avec comme question : «Dans l’intérêt commun, acceptez-vous que soit intégrée une charge explosive dans les cerveaux des citoyens ? Oui ou non ? »