Sylvie Brunel, la « Claude Allègre » de l’agriculture

L’universitaire Sylvie Brunel a les honneurs du MONDE*. Elle tire à boulets rouges sur tout ce qui se revendique d’une agriculture durable : polyculture (« la monoculture n’épuise pas les sols »), manifestations à Sivens contre l’irrigation (« démarche criminelle »), dénonciation des OGM (« le génie génétique est une solution »), évolution vers le bio et les semences paysannes (« ressemer expose à de maigres résultats »), appel à moins consommer de viande (« qui fait disparaître les éleveurs »). Par contre elle prône une agriculture productiviste qui éviterait la pénibilité du travail et le départ des femmes des campagnes, qui emploierait la bonne dose de pesticide « calculée au plus juste », qui amènerait la sécurité alimentaire en France et dans le monde entier. Elle conclut : « Cessons d’accuser injustement les paysans. » Voici quelques commentaires significatifs sur lemonde.fr :

Migrateur 11 : Hello Le Monde ! Dans plusieurs de vos articles vous dénoncez à juste titre les conflits d’intérêt dans l’industrie pharmaceutique (par exemple) et vous osez publier un papier de quelqu’un qui est lié à la FNSEA pour défendre les méthodes agricoles les plus agressives…. Faut le faire !! Peut-être devriez-vous vérifiez les conflits d’intérêt de ceux qui vous proposent des articles et les indiquer pour que les lecteurs soient au courant !
Céline Pérez : Il est scandaleux, Mme Brunel, que vous osiez écrire entre autre inepties que « Refuser l’irrigation est une démarche criminelle« . Irriguer oui mais pour produire quoi ? Du bon mais Monsanto pour aller nourrir des porcs de batterie ? Pour faire pousser les algues vertes des le mois de Mars ? Mais qui vous paye ???
Jacques Dyonet : Tous les poncifs : « la poule sur son tas de fumier, la faim dans le monde inéluctable sans la chimie »… Et le meilleur : bio, « croyance irrationnelle, religion obscurantiste »… Très curieux : aucune allusion aux conséquences désastreuses des produits chimiques sur la santé des hommes. Mme S Brunel oublie de parler des perturbateurs endocriniens aux conséquences dramatiques. Pour qui roulez-vous Mme Sylvie Brunel ?
Michel Buisson : erreurs volontaires, amalgame, simplification outrancière, tout y passe. Qualifier tous les producteurs agricoles de « paysans » revient à mélanger tout le monde du « paysan » véritable qui essaye d’échapper le mieux possible à la pression des firmes … et les agriculteurs productivistes, familiaux ou capitalistes, alliés de ces firmes. « La colère gronde » : contrevérité et mélange … encore le terme de paysans, pour faire croire à une « unité » que plus personne n’ose utiliser. Non les vrais paysans ne sont pas des pollueurs et personne de sensé ne les accuse de ça mais ceux que l’auteur veut défendre sont effectivement des pollueurs.
Quant à qualifier de « criminelle » l’opposition à l’irrigation, il y a non prise en compte que, à de rares exceptions près, ce n’est pas l’irrigation adaptée qui est critiquée mais son abus sur des cultures d’été en zone de fort déficit estival et aux détriments des autres usages, sans oublier les financements publics. Sur la viande, encore un raisonnement totalement binaire et excessif. La question des semences est traitée de la même façon, à la serpe sectaire et dogmatique. On peut reconnaître une part de vérité dans ce qui est dit sur les vertus du maïs, mais pour en faire abusivement une panacée avec zéro défaut, ce qui est pour le moins une erreur qu’aucun bon agronome n’ose plus faire. Tout ça en voulant nous faire croire que seule sa vision de la modernité est la bonne !!
Bob : Plus de CO2 avec le désherbage mécanique, arf ! vision passéiste , en évitant le recours massif aux engrais fabriqués avec du gaz et des produits pétroliers, quelques litres de carburant pour tracter une bineuse pèsent peu, de toutes façons il faut aussi du carburant pour tracter les pulvérisateurs et épandeurs de pesticides et engrais chimiques.
Juan Manuel Cuesta : Grâce à notre agriculture intensive la France nourrit « aussi des pays structurellement importateurs, où l’accessibilité à la nourriture garantit la paix sociale. » Elle garantit surtout la stabilité politique des dictatures africaines, ou autres. Mais elle détruit aussi par ses prix bas parce que subventionnés l’agriculture locale, ce qui pousse les populations à l’exil. On les retrouve en Méditerranée et frappant à nos portes. Madame Sylvie Brunel est la Claude Allègre de l’agriculture !
André Rey : Madame Brunel ne défend pas l’agriculture et sous couvert de prôner la lutte contre la faim prône en la défense d’un capitalisme sauvage des villes et des campagnes.
Sylvestre Reclus : Si Madame Brunel semble assez bien savoir ce que font les jardiniers du dimanche, elle ignore visiblement ce qui se passe dans nos campagnes sacrifiées à l’agriculture intensive : l’abus des nitrates et autres pesticides qui ont rendu les eaux impropres à la consommation, les agriculteurs victimes de maladies liées aux produits chimiques qu’ils déversent sur les champs, les terres stérilisées… Pour que ça continue à payer, ils s’empoisonnent eux-mêmes en même temps qu’ils nous empoisonnent !
JR : Cet article me laisse plus que dubitatif tant il fait l’impasse sur la destruction des terres par les engrais et pesticides, les ravages sur la santé, la nuisance des produits de l’industrie agroalimentaire lié à une agriculture productiviste, la sur consommation de viande et ses dangers, sans parler du grand gâchis des nourritures jetées sans être mangées dans nos sociétés occidentales. On dirait un tract de la FNSEA qui au lieu de défendre tous les agriculteurs, défend surtout les plus gros très liés aux producteurs de produits phytosanitaires comme Monsanto.
Antoine Roulet : Quelques arguments contre cet article : Si une partie (heureusement minoritaire) du bio consommé en France vient de l’autre bout de la planète, c’est aussi car la demande française est supérieure à l’offre, d’ou l’intérêt de développer le bio localement. Il est avéré depuis des années que l’intérêt du bio ne réside pas dans ses qualités nutritionnelles ou gustatives mais dans l’impact à long terme sur l’environnement et sur la santé. Le droit à ressemer ? Il est tout à fait possible d’améliorer génétiquement des semences qui peuvent être ressemées (comme c’est le cas du blé par exemple, qui n’obtient pas de « maigres résultats »…). La production de semences stériles (variétés hybrides, en plein développement) augmente également la dépendance des agriculteurs vis à vis de leurs fournisseurs, ce qu’il ne souhaitent pas forcément… Stocker l’eau en amont a des impacts sur les débits des cours d’eau et sur la disponibilité de la ressource en aval, il faut donc essayer d’avoir une vision intégrée de l’ensemble du bassin versant. Concernant l’élevage, il est possible, via des politiques publiques de maintenir les éleveurs en zones défavorisées tout en réduisant l’élevage industriel en zones favorisées (qui a d’ailleurs un impact négatif sur l’environnement).
Le gaspillage alimentaire dû aux règles de calibrage des produits dans les filières industrielles est bien supérieur à celui dû à la faible conservation des produits bio… Comparer les agriculteurs aux jardiniers n’est pas très pertinents, il suffit de regarder les surfaces et les quantités de produits concernés pour réaliser que ces 2 catégories ne jouent pas dans la même cour. 90 % des fois ou une exploitation agricole disparaît, ses terres sont réparties entre les voisins qui s’agrandissent pour rester concurrentiel dans un marché libéralisé, il n’est donc point question d’enfrichement généralisé. Les écoles ou les hôpitaux produisent des biens non marchands aussi appelés services publics, dans l’intérêt général des habitants. Etrange de les comparer à des exploitations agricoles dont l’objectif est d’être rentable…
BB : Les arguments déployés sont ceux lus et relus depuis 20 ans contre l’agriculture bio, ils sont plus fallacieux les uns que les autres. Le summum est atteint ici : « Ils (les aliments bios) se conservent en outre très peu de temps, d’où un gaspillage immense. » Avec des arguments comme ceux-ci, on en est arrivé à une époque à utiliser chloroforme et formol dans la conservation de la viande.
Bertrand Vincent : Selon cette géographe, consommer bio augmente le CO2 car le bio « arrive du bout de la planète ». Donc il ne faut pas consommer bio. Tout l’article est à l’image de ce syllogisme. Il ne vient pas à l’idée de cette dame de penser que du coup, il faudrait cultiver bio en France. Vous êtes payée par Monsanto ? Pour info, je viens de la campagne profonde.

* LE MONDE du 29 avril 2015, Les agriculteurs ne sont pas des pollueurs empoisonneurs

1 réflexion sur “Sylvie Brunel, la « Claude Allègre » de l’agriculture”

  1. Voici ce que S Brunel dit aussi: » On ne peut respecter la nature sans respecter les êtres humains car la nature telle que nous l’aimons et la souhaitons n’est que le produit des sociétés humaines, de leurs aménagements et leurs conceptions des paysages » . S Brunel vit dans un bureau paysagé avec des yuccas en pots et ça lui suffit. Elle va voir les animaux sauvages au zoo derrière leurs grilles et c’est très bien comme ça. La terre est au service de S Brunel et l’agriculture doit se contenter de produire ce que S Brunel achète au supermarché. Et voilà, le monde est en ordre.

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