L’entreprise ne va pas sauver le monde : Véritable virus sémantique, le « good » se répand aujourd’hui à une vitesse accélérée. Le good, c’est rien moins que le Bien transformé en biens marchands. Le good, c’est un nouveau mot d’ordre positif qui communique plus d’énergie qu’un terme poussiéreux comme Responsabilité sociale des entreprises [RSE]. Ce nouveau phare lexical capte rapidement l’attention et détrône le terme « disruption » au firmament du psittacisme*. Au temps des bullshit jobs, il répond opportunément à un désir de sens de plus en plus manifeste. Après avoir affiné leur purpose (en gros, ce qu’ils proposent), les entrepreneurs français qui se reconnaissent dans ce mouvement peuvent se ranger sous la bannière de la Tech for Good, puissante organisation professionnelle ayant ses entrées dans les plus hautes sphères du pouvoir. Avant, soit on faisait de l’argent, soit on faisait le bien. Puis on s’est aperçu qu’on pouvait faire les deux, d’où le développement de ce que l’on nomme l’impact investing. Truffé d’anglicismes, le jargon de cet entreprenariat éthique fait parfois penser au champ lexical de Jean-Claude Van Damme.
Un des nombreux problèmes du good, c’est qu’il repose sur une idée du bien commun très fluctuante dans le temps et dont la concrétisation peut potentiellement générer des effets négatifs inattendus. Prenez par exemple ceux qui ont commercialisé les pesticides : au départ, ils étaient persuadés d’être dans le vrai, de lutter contre la faim en augmentant les rendements. On a vu la suite. Qui peut dire aujourd’hui ce qui est vraiment « good »? Les mots sont-ils devenus à ce point vides de sens ?
Le discours sur la “tech for good” est un écran de fumée : si les Français se montraient héroïques dans leurs comportements quotidiens, il en résulterait une baisse maximale de 25 % de leurs émissions de CO2. La tech for good, c’est l’équivalent de ces écogestes, juste un moyen de se donner bonne conscience. Même si certaines de ces initiatives peuvent avoir un impact positif, leur poids global dans la lutte contre les grands problèmes tels que le réchauffement restera marginal.Mais ce discours sur la tech for good, porté notamment par les pouvoirs publics, fonctionne comme un écran de fumée qui permet de masquer le manque d’action nécessaire à une échelle systémique, structurelle. On l’a vu avec le gouvernement Macron et ses nombreuses reculades en matière écologique. Au lieu de remettre en question le dogme de la croissance, qui est irréconciliable avec la sauvegarde de la planète,on reste dans le régime du progrès qui s’est installé au XIXe siècle, en déléguant aux entreprises la résolution des grands problèmes de société !
Le « goodwashing » lave plus blanc que blanc : Quand la multinationale Total lutte, avec son réseau de stations-service, contre le gaspillage alimentaire en partenariat avec la start-up Too Good To Go, on se dit que la ficelle éthique est pour le coup un peu trop grosse. Chaque repas « sauvé » est transformé en équivalent CO2 et laisse penser que l’on lutte vertueusement pour le bilan carbone de la planète. Anecdotique, voire cocasse, pour un groupe dont le modèle repose sur la dilapidation des énergies fossiles. Mais peut-être sommes-nous un peu trop dogmatiques ?
* psittacisme : Répétition mécanique (comme par un perroquet) de phrases que la personne qui les dit ne comprend pas.
« »Au lieu de remettre en question le dogme de la croissance, qui est irréconciliable avec la sauvegarde de la planète,on reste dans le régime du progrès qui s’est installé au XIXe siècle, en déléguant aux entreprises la résolution des grands problèmes de société ! » »
Pour démanteler le dogme de la croissance, il faudra aussi démanteler l’idée de Conquête Spatiale, et faire prendre conscience aux gens, qu’on n’aura pas de planète B, ni C ni D … ni Z d’ailleurs et encore moins les A’ et Z’.
D’ailleurs il y a aussi des politiciens qui ont leurs sites de propagande de croissance infinie et éternelle grâce à la Fusion et la Conquête spatiale, comme avec Jacques Cheminade sur son site Solidarité et Progrès. Ben oui Jacques Cheminade a un discours plus rassurant que le site Biosphère, c’est tellement plus confortable à croire comme discours. En plus avec Jacques Cheminade, non seulement on aura croissance infinie et éternelle, en plus des voyages spatiaux et de planètes conquises, mais ce n’est pas tout, on obtiendra tout ça avec zéro pollution ! Puisque la Fusion permettra d’éliminer tous les déchets et de recycler éternellement tous les matériaux !
Voici des preuves ce que je vous dis, Benôit Odile de Solidarité et Progrés a publié 2 vidéos qu’on retrouve soit sur le site soit sur Youtube intitulées =
1/ « Benoît Odille – Assumons la croissance humaine ! »
2/ #6 La croissance infinie : ça ne va pas plaire aux collapsologues
Ah la deuxième vidéo, j’ai bien ri, j’ai mal aux côtes quand je la regarde, allez j’ai besoin de rire, je retourne la voir !
« Ce n’est pas seulement une campagne marketing. Cette ambition d’avoir un impact positif est une extension de notre raison d’être » affirme Laurent Turpault dans l’article du Monde, mis en lien (Le « goodwashing » lave plus blanc que blanc)
Eh oui, il s’agit d’une entreprise de formatage (de conditionnement) à grande échelle. Non seulement on nous dicte ce que sont le Bonheur, le Beau et le Vrai, mais voilà qu’on nous dicte ce qu’est le Bien. Et tant qu’à faire, ce qu’est notre raison d’être. Enfin un peu de philo dans ce monde brutes !
En attendant tout ce «joli» monde va nous apprendre à être bons, pardon «good».
Et à ne surtout pas confondre le «good» et l’ «ingood». C’est sûr nous y sommes, en 1984.
«C’est bon pour la planète» et patati et patata.
On sait bien que dans notre monde le plaisir et le bonheur pour pas un rond ne font pas recette. Le «bonheur» et les plaisirs chèrement payés, là c’est autre chose. Et ce ne sont pas ces plaisirs là qui manquent : «BMW le plaisir de conduire», «Kinder Bueno le plaisir pour les petites faims» etc. Et pour peu qu’ils soient partagés, déballés, étalés, exhibés, là c’est le Top : «Regardez tous, avec le sex toy Entremont c’est autrement bon».
C’est «à force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées [etc.]» (Goebbels) qu’ «on nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir de l’avoir plein les armoires». Qu’on fait croire à une mocheté qu’elle est Claudia Chiffon, à un mouton et à une chèvre qu’ils sont des loups, des killers, des rebelles, des sauvages etc. Et à un âne qu’il est un cheval de course …
Et à un porc qu’il est un bon écolo, bien sûr !
Pourtant d’une manière ou d’une autre, à l’école ou ailleurs, nous avons tous appris cet intérêt de flatter le corbeau. Le corbeau ou le pigeon qu’il faut choper, domestiquer et plumer, d’une manière ou d’une autre bien sûr.
Bref on m’a fait croire que j’étais exceptionnel, unique et beau, et que par conséquent j’avais non seulement le droit mais aussi le devoir de me faire plaisir, de me faire du bien, «parce que je le vaux bien». Et du coup «Vas-y Franky, c’est bon ! C’est bon bon bon ! »
Si pour le même prix on me fait croire que je sens bon, bien sûr je vais finir par croire que je suis bon. Mais c’est formidable, c’est super « good » ! Mais que demande le Pôple ?