La réforme de l’audiovisuel agite le landernau du spectacle médiatico-politique (LeMonde du 25 novembre 2008). Un député PS agite paradoxalement l’éternel chiffon rouge de la concurrence : « La télévision privée, qui ne sera plus aiguillonnée par la télévision publique, dérivera vers ce qu’il y aura de pire. » Comme si ce n’était pas déjà fait, avec la dérive concurrentielle du privé et du public qui font le vide dans les cerveaux pour vendre les produits de la pub ! Comme souvent, c’est Bayrou qui a la phrase juste : « La télévision publique n’appartient pas au pouvoir, elle appartient aux téléspectateurs qui en assurent la charge par la redevance ».
La réforme de l’audiovisuel public supprimera la publicité après 20 heures dès janvier 2009 et totalement à la fin 2011. Tant mieux, c’est la redevance du téléspectateur qui doit financer ses petits plaisirs (et pas une taxe sur la pub !). Mais réciproquement un politique digne de ce nom demanderait aussi que l’abonnement paye la totalité de chaque chaîne privée. Il faut en finir avec l’esclavage envers la société de consommation qu’entretient une publicité qui s’est immiscée dans tous les espaces de notre vie alors que nous n’avons rien demandé. Le mal date de quarante ans, il ne fait qu’empirer. Le 24 avril 1968, le Premier ministre Georges Pompidou annonçait l’introduction de la publicité à la télévision pour de fausses raisons: « La publicité est inéluctable, je n’ai rencontré personne qui me dise le contraire. Quand, d’ailleurs, a-t-on vu les hommes renoncer à user d’un moyen nouveau, né du progrès et particulièrement puissant. » Pompidou rajoutait même en toute inconscience de ce qui se tramait : « J’ai déclaré publiquement que nous n’accepterions pas de chaîne de télévision publicitaire remise à des intérêts privés. Aucun des programmes, qu’ils soient d’information, de culture et de distraction ne doit être patronné par un annonceur. Je déduis enfin de ces principes que le pourcentage du temps d’émission consacré à la publicité ne doit pas être tel qu’il dénature la succession des programmes, en abaisse le niveau global et gêne le téléspectateur. »
Les politiques nous mentent hier et aujourd’hui, ils sont dorénavant au service des intérêts financiers. Seule une société sans publicité pourra devenir une communauté sobre et conviviale.