Trangenèse, cisgenèse ou mutagenèse, l’art de s’y perdre

Comment s’y retrouver en matière d’OGM ? Il y avait la transgenèse, ajout d’un gène étranger dans la plante. Il y maintenant la cisgenèse, qui consiste à intégrer un gène d’une espèce apparentée à la plante et la mutagenèse, mutation artificiellement dopée de façon épigénétique ou par le Crispr. Déjà on peut subodorer que les scientifiques affiliés aux industriels pour produire des chimères vont toujours avoir raison, c’est si compliqué que le pékin moyen en perd son latin.

A l’heure où la France va prendre position sur la réglementation des nouvelles techniques d’ingénierie génétique, le débat semble déjà bouclé. Sept associations de la société civile claquent la porte du Haut conseil des biotechnologies (HCB). Dans un communiqué de presse du 13 avril, FNE estime le débat sociétal et scientifique impossible au sein du HCB, aux mains des lobbyistes de l’agrochimie : « Nous ne ferons pas partie de cette mascarade, qui veut nous faire croire que ces nouvelles techniques de modifications génétiques ne sont que de simples mécanismes naturels de mutation… Le HCB, avec la complicité du gouvernement français, méprise tout avis contradictoire aux intérêts de l’industrie des OGM…Le HCB s’acharne à dissimuler toutes les données scientifiques qui remettent en cause les nouvelles techniques de modification génétique »

Un article du Monde détaille la controverse : « De nouvelles techniques (dites « new plant breeding techniques », ou NPBT) permettent de modifier le génome d’une plante sans recourir à l’introduction d’un gène extérieur. Si on échappe par ce biais au statut juridique des OGM, ces « nouveaux OGM » échapperaient aux procédures d’évaluation des risques, d’autorisation, d’étiquetage, de suivi… Pour l’heure, Bruxelles n’a pas encore pris de décision, mais celle-ci ne saurait trop tarder. Elle sera fondée sur la position des Etats membres. Et celle de la France s’appuiera sur l’avis du HCB… dont le texte semble de piètre qualité scientifique. »*

Deux commentateurs sur le monde.fr prennent parti… pour des scientifiques qui ne voient que l’aspect « progrès technique » et en oublient les considérations sociales et éthiques de toute nouvelle technologie : « Ce Haut Conseil des Biotechnologies ne devrait être composé que de scientifiques qui donne un avis scientifique. Y intégrer de la politique via des ONG et organisations paysannes c’est polluer la science… Je suis d’accord, demander l’avis du pékin lambda ça revient bien souvent a demander l’avis d’un idiot qui n’y connaît rien. on a bien assez de biologistes capable de déterminer ce qui peut être dangereux ou pas dans nos universités. »

* LE MONDE du 13 avril 2016, Batailles et polémiques autour des nouveaux OGM