pour un Parti Social(-Ecolog)iste

Pondu par des marxistes au XIXe siècle, fécondé par René Dumont en 1974, le socialisme est devenu une chrysalide. Un jour elle se transformera en un magnifique PSE, un Papillon Social-Ecologiste. Longtemps, parce que les rapports de forces socio-économiques étaient exclusivement forgés par le dualisme entre le capital et le travail, progressisme rimait avec productivisme. Dans les 110 propositions pour la France de 1981, François Mitterrand réduisait la politique environnementale à la seule la proposition 38, « un vaste programme d’investissements destiné à économiser l’énergie sera entrepris » ; une proposition aussi prophétique qu’inappliquée. Dans l’affrontement capital/travail, les socialistes avaient oublié l’environnement. Le socialisme est né dans la fumée des usines, sa mue se fera dans la nature retrouvée…. plus tard !

Il faut attendre 2008 pour que la chenille socialiste commence à fabriquer son cocon bio. Le pôle écologique, constitué de quelques députés dissidents et de membres déviants de la commission nationale environnement pèse sur l’élaboration de la nouvelle Déclaration de principes. La fin de l’article 3 considère enfin le facteur nature : « Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins. » Mais les socialistes n’ont pas encore l’habitude de fréquenter la biosphère ; au congrès de Reims de novembre 2008, la motion du pôle écologique, pour un parti socialiste résolument écologique, n’obtient que 1,58 % des suffrages avec 2075 voix. Les militants cultivent le culte des chefs, Ségolène ou Martine, le renouvellement doctrinal passe à la trappe. Le PS n’a toujours pas abandonné la sous-traitance aux Verts depuis 1996, quand l’Union de la gauche se mettait au vert. Et puis les socialistes restent croissancistes :  « La social-écologie offre de nouvelles opportunités de développement économique durable, de créations d’entreprises et d’emplois… Une politique économique et industrielle social-écologique n’est pas la révolution – ne rasez pas les usines ! – mais une évolution. »*

Les projets socialistes ignorent encore le pic pétrolier et la détaxation du kérosène. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes va se faire avec le soutien des élus locaux socialistes et le silence pesant du reste du PS. Il faut chercher attentivement sur la toile pour avoir une contestation bien isolée du côté socialiste. Le Parti Social-Ecologiste n’est pas encore sorti de sa chrysalide. Un nouveau parti, le PSE, oui… mais quand le baril atteindra 300 dollars, ce qui ne saurait tarder !

* La social-écologie en actes, par Guillaume Bachelay et Nicolas Mayer-Rossignol La Revue Socialiste  n° 40 (4ème trimestre 2010), La social-écologie en débat

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