une opinion fondée

L’éditorial du monde (10 septembre) est cinglant : « Quelque chose de choquant, parce que profondément immoral : l’indécence des acteurs financiers (…) A quoi  doit servir la richesse des nations ? A améliorer le sort des peuples ? Ou à enrichir de minuscules aristocraties, hier de naissance, aujourd’hui d’argent ? La réponse s’impose ».

 

Relions ce texte à l’examen du livre « Le public fantôme » de Walter Lippmann dans Le Monde des livres : « Le monde est devenu trop complexe pour que le « public » puisse s’en emparer. Le nombre de problèmes qui se posent augmente, la capacité du public à les résoudre diminue ». Donc peu importe la responsabilité de la planète finances aujourd’hui, c’est un problème que le public ne peut résoudre. Peu importe l’épuisement de la planète physique, c’est un problème que le public ne peut résoudre sauf à l’aligner derrière un représentant initié. Bien médiocre perception d’un système où la démocratie est médiatisée.

 Le public ne finit pas par « éteindre son poste pour se réfugier dans une paisible ignorance ». Il reste au contraire branché pour en apprendre le plus possible. Et puis il sort, il rencontre voisins et amis, il discute, il se forge une opinion. Même si le système est soumis à la propagande ou à l’aveuglement des experts, la parole circule dans un système médiatique ouvert. Les Américains ont fait la guerre au Vietnam, ils ont ensuite jugé que c’était une connerie. Ils font maintenant la guerre en Irak, mais ils jugeront un jour que c’était une connerie. La prise de conscience des réalités dans les problèmes complexes est possible, le vrai problème est le temps nécessaire pour que les consciences évoluent. Mais à problème énorme comme un krach financier ou une pétrole-apocalypse, l’humanité saura réagir. Le seul point qui reste en suspens, c’est : après combien de morts ?