victoire à Rio de l’idéologie d’Hollande, la croissance

Qui a écrit : « Il s’est passé quelque chose au Sommet de Rio : la victoire de l’idéologie croissanciste sur l’approche écologique. » Une indication ? C’est dans une chronique hebdomadaire du quotidien national LE MONDE*. L’article commence fort : « Le premier jet de gaz lacrymogène lancé par le gouvernement socialiste aura donc visé des paysans et des écologistes le 21 juin : les gendarmes ont tiré à Notre-Dame-des-Landes des grenades sur des opposants au projet d’aéroport. » Hervé Kempf en conclut : « Voilà donc des débuts fracassants pour la politique écologique du Premier ministre, M.Ayrault. la couleur est annoncée : les intérêts des grandes entreprises sont prioritaires. L’objectif, c’est de faire des points de croissance. Du béton pour les aéroports et pour les centrales nucléaires, c’est de la croissance, donc, vive le béton. »

Hervé Kempf  ajoute : « Les dirigeants français, hélas, ne font que refléter la pensée des classes dominantes de tous les pays, qui s’est exprimé à Rio. Dans la déclaration finale, adoptée vendredi 22 juin, le mot qui revient le plus fréquemment est croissance (24 occurrences). Le seul engagement pris dans l’introduction, intitulée « Notre vision commune », est celui-ci : « Nous nous engageons à travailler ensemble en faveur d’une croissance économique durable « . Ni le changement climatique ni la biodiversité ne sont cités dans cette introduction. » Bravo Hervé Kempf, enfin un journaliste digne de ce nom, perspicace sur la connerie ambiante.

Le problème, c’est la fuite des élites dans la démesure au fur et à mesure que les contraintes écologique se font jour. On peut se demander pourquoi nos sociétés, face à une situation de crise, ne font pas machine arrière, vers moins de complexité ? La réponse de Joseph Tainter est simplissime : si ces civilisations n’arrivent pas à aller vers moins de complexité, ce n’est pas parce qu’elles ne le veulent pas, c’est parce qu’elles ne peuvent pas. Même quand des ajustements raisonnables suffiraient, les élites – c’est-à-dire ceux qui profitent de la complexité -, ont tendance à résister à ces ajustements, jusqu’au moment où tout devient brusquement et dramatiquement plus simple, jusqu’au moment de l’effondrement. Jean-Marc Ayrault rêve d’un nouveau aéroport dans sa ville. L’Espagne est couverte d’aéroports flambant neuf qui ne sont pas utilisés !

* chronique écologie d’Hervé Kempf, Croissance à la matraque (Le Monde du 24-25 juin 2012)