Un Biosphere-Info en souvenir d’Alain Hervé

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Alain Hervé, né en 1932, est mort le 8 mai 2019. Nous consacrons ce numéro de Biosphere-Info à ce précurseur de l’écologie politique au tout début des années 1970.

Les derniers mots d’Alain Hervé : « La planète vous dit m… !

« Il s’agit d’observer l’homme qui prolifère sur la planète Terre. Stupéfiante tribu capable de produire du jour la nuit, de la chaleur en hiver, d’asservir les plantes et les autre animaux à son profit, de bouleverser les cycles de la nature. Mais bizarre paradoxe : cet anthropos n’hésite pas à s’attaquer aux sources mêmes de son existence. A l’atmosphère qu’il respire, à l’eau qu’il boit, à la terre qui produit sa nourriture. L’homme mis au courant de cette entreprise d’autodestruction de sa propre espèce répond par cette formule étrange : « la planète est en danger ». Si la planète pouvait s’exprimer, elle lui répliquerait : « La planète te dit m… ! » En effet la disparition du mammifère humain laisserait la planète disponible pour d’autres manifestations de l’évolution de la vie. Les mots pour le dire, on le voit, ont leur importance. Non, la planète n’est pas en danger. C’est l’espace humaine qui se dissimule à elle-même la situation catastrophique dans laquelle elle se trouve. La messe est dite. » (extraits de son billet dans l’Écologiste d’avril-juin 2019)

Les Amis de la Terre France déposèrent leurs statuts à la préfecture de Paris le 11 juillet 1970. Les principaux fondateurs étaient Edwin Matthews, un avocat américain résidant à Paris, et Alain Hervé, un poète, navigateur et reporter. Le Comité de parrainage comprenait Jean Dorst, Pierre Gascar, Claude Lévi-Strauss, Théodore Monod et Jean Rostand. Alain Hervé donne quelques précisions dans l’Ecologiste n° 21 (décembre 2006 – mars 2007)  : « A New York, Gary Soucie me raconta en mars 1970 le vécu d’une association créée en 1969 par David Brower, Friends  of the Earth, dont le journal était intitulé « Not man apart ». David Brower avait été licencié de son poste de directeur exécutif du Sierra Club en 1969 alors qu’il avait voulu donner une dimension beaucoup plus politique, polémique et militante à la philosophie de la protection des grands espaces sauvages aux Etats-Unis. Lors de sa venue à Paris en novembre 1970, David développa son thème principal, celui de la vie sur la petite planète Terre et les destructions perpétuées par l’homme au détriment de cette vie depuis le début de l’ère industrielle. Il s’en prenait au désordre démographique de l’espèce, au gaspillage des ressources naturelles pour promouvoir des modes de vie insoutenables. Je me suis toujours demandé pourquoi je fus aussi disponible à recevoir une remise en cause aussi radicale de la religion du progrès. En effet à l’époque, la formule idiote des Trente Glorieuses n’avait pas encore fait fortune. Aujourd’hui nous devrions les rebaptiser les Trente Désastreuses ; trente ans dont nos descendants mettront des centaines ou des milliers d’années à réparer les dégâts sur la Biosphère. Le premier numéro du Courrier de la Baleine est paru dès 1971. Dès cette époque, on y retrouve ce qui fait encore l’actualité aujourd’hui, l’amiante, le bétonnage, la destruction de l’agriculture vivrière au profit de l’agriculture industrielle, la critique des pesticides de synthèse, l’urbanisme centré sur l’usage de l’automobile. En 1974, nous soutînmes la campagne de René Dumont pour les présidentielles… »

Alain Hervé a dirigé le numéro spécial du Nouvel Observateur, « La dernière chance de la terre », en avril 1972. Ce supplément a été tiré à 200 000 exemplaires. Voici l’éditorial d’Alain Hervé, Pour éviter la fin du monde :  « Les malheurs qui nous attendent sont étranges car ils sont le fruit de l’homme lui-même. Les hommes peuplent la Terre depuis des centaines de milliers d’années. Mais depuis un siècle, au nom de progrès qui faisaient la spécificité et la fierté des hommes, a commencé la plus gigantesque entreprise de destruction qu’une espèce ait jamais menée contre le milieu qui soutient la vie et contre la vie elle-même. La plus spectaculaire des opérations-suicide.

La Terre est en danger. Elle a été mise en danger notamment par le développement de la civilisation industrielle occidentale. C’est ce qu’on appelle le péril blanc. Océans pollués, terres stérilisées, atmosphère empoisonnée, tissu social disloqué, civilisations tribales écrasées. Pendant ce temps des imbéciles, qui ne sont même pas heureux, chantent des hymnes au progrès : le produit national brut s’accroît, la consommation d’énergie s’accroît, la population s’accroît. Nous voici contraint de découvrir que l’histoire ne peut se répéter. Une loi nouvelle, celle de l’accélération, change notre destin. En cinquante ans, la vie a changé davantage qu’au cours des millénaires. Et tout va aller encore plus vite désormais. En vérité, il reste dix ans à peine pour définir des solutions.

Cent trente-deux nations sont réunies à Stockholm du 5 au 16 juin prochain (1972) pour débattre de l’homme et de son environnement. Cette conférence, dont certains voudraient bien qu’elle se réduise à des études techniques pour lutter contre la pollution, va être conduite à aborder le cœur du sujet : la continuation de la vie sur la planète Terre. Les délégués des 132 nations, s’ils nous lisent, seront bien obligés de regarder en face les démons de l’expansion. Ils devront tenir compte des travaux de la plus subversive des sciences, l’écologie. »

En 1973, le patron du Nouvel Obs Claude Perdriel, à la suite du succès de son numéro spécial, lance le mensuel Le Sauvage. Alain Hervé est à la tête de la rédaction. Le premier numéro paraît le 1er avril 1973 sous le titre : L’Utopie ou la mort. Le texte suivant a été écrit par Alain Hervé en décembre 1973, au moment du premier choc pétrolier marqué par un quadruplement du prix du baril.

« Le commerce pétrolier consiste à échanger une matière première qui devient rare contre du papier-monnaie. De ce papier, les principaux producteurs ont assez ; si les Bédouins du désert laissaient le pétrole en terre, il risque de doubler de valeur en un an. Pourquoi n’ont-ils pas coupé le robinet plus tôt ? Parce que les circonstances politiques ne s’y prêtaient pas et parce qu’ils ont eu le rapport du Club de Rome entre les mains. Ils ont eu l’occasion d’y lire que d’ici trente ans environ leur seul capital leur aurait été totalement extorqué et qu’il leur resterait le sable pour se consoler. Ils ont aussi compris à quel point les Occidentaux et leur fragile civilisation étaient devenus dépendants du pétrole. Gérants intelligents, ils ont donc décidé de vendre de moins en moins et de plus en plus cher. Logique, non ? Curieusement cette logique surprend tellement les occidentaux qu’ils refusent encore d’y croire. Le pétrole était entré dans les mœurs. On savait qu’un jour il se ferait rare, mais on ne voulait pas le savoir. On misait toutes les chances de l’industrie aéronautique française sur le supersonique Concorde. On savait qu’une flotte de 200 de ces avions aurait épuisé en cinq ans l’équivalent de la totalité du gisement de Prudoe Bay en Alaska, et cependant on construisait le Concorde.

Il faut dire que sans pétrole, adieu l’agriculture industrielle, adieu les loisirs, adieu la garantie de l’emploi, adieu la vie en ville… toute l’organisation économique, sociale et politique est remise en cause. Le château de cartes vacille. Et si ce n’est pas pour cette fois-ci, ce sera dans deux ans, dans cinq ans. Restriction, pénurie, disette, les machines ralentissent, s’arrêtent. La dernière explosion dans le dernier cylindre nous laisse apeurés, paralysés… libérés. En effet la société conviviale, désirée par Ivan Illich, peut naître, c’est-à-dire une société dans laquelle l’homme contrôle l’outil. »

Pour le site biosphere.ouvaton, Alain Hervé a envoyé un résumé de son livre « Merci la Terre, nous sommes tous écologistes  ». Edité en 1989, mis au pilon par le gouvernement socialiste de l’époque, ce livre était pourtant programmé pour servir de livre de chevet pour les adolescents de l’époque. Il a fallu attendre 2012 pour en voir une nouvelle édition (Sang de la Terre, 74 pages – 4,90 euros). Nous en avons fait un résumé dans un Biosphere-Info. Voici un extrait de Merci la terre :

« La chasse d’eau fut inventée par un Anglais, en 1775. Ce système, qui est synonyme d’hygiène et de civilisation moderne, n’est cependant pas généralisable, pour deux raisons. D’une part, il coûte trop cher, aucun pays du tiers-monde ne peut l’envisager, sauf pour le centre de sa capitale. D’autre part, il n’y a pas assez d’eau. Toute l’eau de l’Himalaya ne suffirait pas à emplir les chasses d’eau d’un milliard de Chinois… »

A quoi sert l’homme ? La biologiste Lynn Margulis propose une hypothèse : l’homme est un animal domestique élevé par les bactéries pour leur permettre de voyager et éventuellement de migrer vers d’autres planètes. Se souvenir que les bactéries occupent quarante pour cent de notre masse corporelle.

A quoi sert l’homme ? Les économistes répondent : à produire et à consommer, et que ça saute. L’homme se reposera en regardant la publicité pendant trois heures et demie par jour sur les écrans de télévision.

A quoi sert l’homme ? Après recherche, consultation et réflexion, nous proposons une réponse provisoire : à  rien. Oui, je sais, il a inventé le téléphone portable, mais les pingouins et les pissenlits n’en ont rien à faire.

Entre le petit trou dont il sort et le grand trou dans lequel il va tomber, il ne fait que consommer gaspiller, détruire, prêcher l’accélération, la prédation… Il se sert. Il s’est servi et il n’a rien rendu. Pourrait-il encore enchanter le monde, le servir, ne plus seulement se servir ?

2011, les (nouveaux) sept péchés capitaux, une rubrique dans l’Écologiste

Jusqu’à sa mort, Alain Hervé a tenu régulièrement depuis l’an 2000 le billet en dernière page de chaque livraison de la revue L’Écologiste. Voici un résumé du n° 35, octobre-décembre 2011 :

La luxure est devenue pornographie, la gourmandise gastronomie, la paresse un savoir-vivre, l’orgueil la réussite sociale, l’envie l’esprit de compétition, l’avarice la spéculation et la colère une saine agressivité. Non seulement nous célébrons les sept péchés capitaux, mais nous en avons inventé d’autres, symptômes du dérèglement généralisé actuel :

  • la vitesse fait l’objet d’un véritable culte du record, faisant oublier les bénéfices de la lenteur ;
  • la surconsommation devient une règle absolue, jusqu’à l’obésité ;
  • le luxe reste obscène en ces temps de famine somalienne ;
  • le tourisme du « tout voir sans rien voir » remplace l’amour du voyage ;
  • la médiatisation des faits divers éclipse l’effondrement de notre civilisation ;
  • la productivité forcenée remplace l’art de l’artisan ;
  • la sécurité obsessionnelle mobilise un hélicoptère pour « sauver » une touriste qui s’est foulée la cheville.

Né en 1932, Alain Hervé fonde les Amis de la Terre en 1970. Il pilote le hors-série du Nouvel Observateur en 1972 : « La dernière chance de la Terre ». À partir de 1973, il dirige le mensuel écologique Le Sauvage. Lors de la candidature de René Dumont à la Présidence de la République en 1974, il est responsable du bureau de presse. Il vient de relancer Le Sauvage sur Internet. Nous l’avons rencontré.

Quelle est l’origine de ton engagement écologiste ?

Ma vocation remonte à l’enfance. Je suis né à Granville, en Normandie, les pieds dans l’eau. J’ai toujours souffert de l’environnement urbain, de l’enfermement dans le métro, dans un bureau. J’ai pendant trois ans parcouru les tropiques à bord d’un voilier : l’homme est un animal des latitudes chaudes qui s’est exilé dans le froid. Il a alors été obligé d’inventer des techniques qui nous ont menées là où nous en sommes actuellement… Je ne crois pas du tout au progrès technique qui a entraîné cet âge industriel qui sévit sur notre planète et la ravage.

Une autre origine de ma sensibilité écologique, c’est ma participation aux jardins potagers que mon père avait entrepris pour nous nourrir pendant la Seconde Guerre mondiale. J’aimais retourner la terre, planter des légumes et des arbres fruitiers, écraser les doryphores…

Ta vision actuelle de l’écologie ?

Nous sommes tous écologistes, nous n’avons pas le choix, nous devons tous respirer, déféquer. C’est une évidence. C’est beaucoup plus qu’une approche de droite ou de gauche, il s’agit d’une vision globale de l’univers dans lequel nous sommes. Nous sommes conscients des limites. Il faut observer, comprendre et se conformer aux lois de la nature.

Mais les Trente glorieuses sont en fait trente désastreuses. En 1967-68, j’étais journaliste à la FAO, j’en ai démissionné au bout de six mois. J’ai compris qu’ils menaient une politique criminelle. Le marché mondial a détruit l’agriculture vivrière traditionnelle pour installer les monocultures du coton, du café, du maïs, du soja, du cacao… pour l’exportation. Les personnes chassées de leurs terres peuplent les banlieues de capitale bidon où ils meurent. J’en arrive à penser que ce génocide de millions de paysans est similaire à la Shoah.

Tu crois donc à la catastrophe ?

L’abus de la nature a atteint sa limite létale. Je me pose la question (futile) de savoir si elle aura lieu de mon vivant… Mes amis millénaristes Pierre Samuel, Teddy Goldsmith ou André Gorz sont morts avant que la catastrophe qu’ils avaient annoncée advienne.

La catastrophe peut servir de pédagogie et déclencher une prise de conscience. Mais la mémoire de l’humanité est extrêmement courte, nous cultivons un opportunisme de l’immédiat, nous n’apprenons rien de notre passé. Ni la retraite de Russie, ni Tchernobyl ne nous ont rien appris. Fukushima pourra peut-être servir de catharsis, surtout si Tokyo devait être évacué. Car il faudra que le drame aille très loin pour que les hommes abandonnent leur utopie technicienne.

Que faut-il changer ?

L’écologie n’est pas une prise de position religieuse ou politique, c’est admettre que nous sommes de simples éléments de la nature, c’est une nouvelle philosophie. Il nous faut abandonner notre anthropocentrisme pour ressentir profondément notre appartenance à la communauté des vivants. L’humanisme qui donne la priorité absolue à l’homme ne me satisfait absolument pas. L’humanisme devrait consister à nous faire accéder à des stades supérieurs d’intelligence de la coévolution.

Sinon nous devenons des destructeurs terrifiants, nous enfantons beaucoup plus de Hitler que de Mozart. Il y a une écologie superficielle qui perpétue l’anthropocentrisme, qui dit que la planète est en danger, qu’elle nous appartient. On fait des parcs naturels, ce sont des alibis pour répandre la merde autour. L’homme a été doté d’une capacité de transformation trop brutale de l’environnement. Nous sommes devenus des dictateurs assassins du vivant. Nous échappons aux régulations naturelles comme les épidémies. Pasteur a conjuré la mortalité infantile naturelle. Il ne savait pas qu’il contribuait ainsi à rompre l’équilibre démographique. Maintenant le milliard d’hommes qui naissent et meurent affamés n’accède plus vraiment à l’état humain, il en reste à un état infra-animal.

N’as-tu pas l’impression d’exagérer ?

On peut me traiter d’antihumaniste ; le politiquement correct est devenu une peste intellectuelle. Je me fous complètement de la réputation qu’on peut me faire, je vais bientôt mourir, j’ai atteint l’âge de la liberté. Le progrès social, l’égalitarisme et la démocratie ne peuvent advenir avec le pullulement humain.

Dans ce livre* , Brice Lalonde répond aux questions d’Alain Hervé. Nous aurions préféré l’inverse les réponses de Brice ne relèvent que de l’écologie superficielle alors que le postionnemnt d’’Alain parâit pertinente. Voici un résumé en cinq exemples.

Alain Hervé : Nous sommes trop nombreux. Ecologiquement parlant, les superprédateurs au sommet de la chaîne alimentaire ont toujours un très faible taux de reproduction dans les écosystèmes en équilibre Il est probable que les superprédateurs prolifiques du passé ont détruit leurs écosystèmes et leur espèce par la même occasion. La décroissance de la présence humaine semble devoir être préalable ou concomitante à toute autre décroissance. Oui ou non ?

Brice Lalonde : La question démographique est liée aux techniques qui organisent la relation à la nature. L’humanité a inventé l’agriculture et l’élevage, la ville, le gouvernement, l’alphabet, toutes ces innovations qui ont permis de nourrir plus d’humains qu’auparavant. Pouvons-nous imaginer des inventions aussi considérables ? Est-ce que la convergence NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) pourront conduire à un nouveau palier de l’histoire humaine ? Si ce n’est pas possible, alors oui, les hommes sont trop nombreux pour vivre à leur aise sans détruire la nature qui les porte.

Alain : Comment agir ? Faire moins d’enfants, diminuer les déplacements, consommer moins d’énergie, moins de pétrole, moins de charbon, moins de publicité, revaloriser la lenteur, le silence, moins manger, réinventer une civilisation agraire, rétrécir les villes… Est-ce réaliste ?

Brice : Toi tu souhaites réinventer une civilisation agraire ? Que tu le veuilles ou non, ce mot « agraire » me fait penser aux nostalgiques du siècle dernier, à « l’Ordre éternel des champs ». Je te fais remarquer qu’il est difficile de survivre à vélo isolé dans une exploitation vivrière au milieu du Massif central. Il faut une camionnette ! Je ne suis pas sûr que l’avenir de la France soit dans une nouvelle paysannerie. Les moteurs de l’histoire sont plutôt les villes. A l’échelle mondiale, elles ne rétrécissent pas.

Alain : Sapiens quitte son paradis tropical où il a vu le jour et s’applique à le recréer partout où il arrive. Il se trouve obligé d’inventer le vêtement et de domestiquer le feu pour recréer le climat de son origine. Il en est à l’âge industriel, à la fission nucléaire. Et sa trajectoire se précipite. Jusqu’où va aller ce Sapiens ?

Brice : Il n’est pas certain que ce sapiens-là soit achevé. J’ai parfois le sentiment que l’interconnexion généralisée et la prise de conscience grandissante des défis mondiaux préfigurent cet être collectif, l’humanité en somme, rassemblée en un seul organisme fait de milliards de neurones, d’humains et de machines imbriquées.

Alain : Nicolas Hulot croit que l’innovation technologique permettra de trouver les solutions. Mais le recours à la technologie s’inscrit dans la philosophie dite « du progrès », ce mythe né au XIXe siècle, qui a enfanté la situation désastreuse et absurde dans laquelle nous nous trouvons.

Brice : Je pense que la technique est reine depuis le paléolithique, car elle est création de nature. L’être humain ne peut pas voler, inventons l’avion. La nature n’est pas sacrée, l’écologie n’interdit pas l’innovation technologique. L’ingénierie écologique est une discipline qui se développe.

Alain : Le mouvement s’accélère avec l’évolution de nos technologies, mais les progrès qui en résultent ne semblent pas être évidents. On dirait même que le résultat global est le plus souvent négatif…

Brice : Personnellement j’aime la sortie des humains dans l’espace. L’industrie spatiale est une alliée de l’écologie. Elle permet d’étudier la planète. Les petits robots envoyés sur Mars ou sur la comète Tchouri nous montrent des rochers inhospitaliers. Si l’on veut trouver une résidence secondaire, il va falloir voler plus vite que la lumière.

* Arthaud, 334 pages, 15 euros

Alain Hervé : « Nicolas Hulot a persévéré dans ses convictions et sa nature. La présence d’un lobbyiste, non annoncé, lors la réunion sur la chasse, à l’Élysée le lundi 27 août 2018 lui a fait comprendre les limites de ce qu’il pouvait entreprendre à son poste de ministre. Il a cru pendant quatorze mois pouvoir être utile à l’écologie. Mais l’incompréhension fondamentale de Macron sur ce qu’il se passe pour l’humanité engagée dans une démarche suicidaire collective devient flagrante. Démarche suicidaire résultant de son explosion démographique et de la course en sac économique à laquelle elle se livre. Une petite démagogie électorale, en vue des Européennes, auprès de 1 200 000 chasseurs lui est apparue plus urgente.

Certes la France n’est pas l’humanité mais elle prétendait à un certain moment apparaître comme un leader dans ce domaine après le succès de la COP 21. Le choix de Nicolas Hulot pour poursuivre ce rôle pouvait laisser espérer un engagement plus catégorique. Hélas Macron n’est rien d’autre qu’un banal éconolâtre. On le soupçonnait, Hulot le savait mais il a cru pouvoir convaincre ce président supposé intelligent de la priorité  absolue de la vie sur l’économie. Échec et mat. Hulot n’en sort pas amoindri mais agrandi. A lui de jouer. Macron en sort nu, néantisé. Il va s’en apercevoir au moment des Européennes et apprendre qu’il y a en France davantage de gens qui réfléchissent que de chasseurs qui tuent. Emmanuel Macron aurait du relire, avant de partir pour le Danemark, ce joli conte intitulé « Les habits neufs de l’empereur » plus connu  sous le titre du « roi est nu » que le poète danois Hans Christian Andersen écrivit en 1836. »

5 réflexions sur “Un Biosphere-Info en souvenir d’Alain Hervé”

  1. Alain HERVE devait intervenir à la MUTUALITE à PARIS sans doute lors de la campagne de
    René DUMONT. Dans les coulisses , il a dit : « je n’ai rien préparé » . Je lui ai proposé de prendre le livre que j’avais : « Population-Ressources-Environnement » de Anne et Paul EHRLICH . Il l’a pris , me l’a rendu , mais il n’en a pas eu besoin ! Je le connaissais mal …!
    C’était un écologiste, un vrai.
    Pas comme Brice LALONDE. En 1977 , ce dernier s’est pointé , avec Yves LENOIR , chez l’agriculteur qui m’hébergeait avant la grande manifestation de 1977. Et je lui ai dit : » »Passe devant puisque tu es « le chef de file des écologistes ». » »D’après les médias…

  2. déjà 49 années et tout est encore figé voire plus qu’à la sortie de 68 ! qu’on fait nos intellectuels et philosophes ?
    Y a du boulot pour renverser la table comme disent Bigflo et Oli !
    Semons à tout vent comme la fleur du pissenlit avant qu’ils nous transforment en poussière !
    Ecologiquement vôtre,
    Charles toulousain Breton

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