1/4) agir personnellement sans attendre la COP.21

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ma façon de me loger. Il n’y a pas de limites à la limitation de notre consommation d’énergie : Diogène se contentait de vivre dans un tonneau. Mais Diogène est une exception même si on côtoie sur nos trottoirs des sans domicile fixe. Se fixer ses propres limites est donc un exercice difficile, Il y a ce que je fais et ce je voudrais faire. Personne n’est parfait. Je vais donc parler de mes manques plutôt que de mes éco-gestes.

Pour le logement, j’ai la chance d’être propriétaire après vingt ans d’endettement et d’avoir eu un emploi stable, ce qui n’est malheureusement pas donné à tout le monde. C’est pourquoi j’ai pu faire isoler progressivement au cours du temps mon lieu d’habitation. Je n’ai pas exercé de contrôle sur les matériaux utilisés, or l’énergie grise* et donc l’impact environnemental varie d’une substance à l’autre. Même si j’ai fait intervenir des artisans locaux, j’aurais pu utiliser ma propre force physique pour faire preuve de plus d’autonomie énergétique. J’ai quand même fait quelques efforts personnels, par exemple en enlevant les plaques amiantées qui étaient posées comme isolation ancienne. La dernière dépense dans l’ordre chronologique fut le double vitrage, mais j’ai encore le regret d’avoir envoyé à la casse des fenêtres qui, bien qu’anciennes, auraient pu encore servir.

Ce problème de l’isolation se double de la question du chauffage. Je n’ai toujours pas de solaire thermique sur mon toit, ce n’est pas bien. D’ailleurs ma maison est significative des changements historiques de mode de chauffage. Une cheminée dans chaque pièce montrait l’omnipotence du bois avant que j’y aménage. Il y avait dans la cave à mon arrivé à la fin des années 1970 une chaudière à charbon pour un « chauffage central ». J’ai chauffé ainsi la maison quelques années, renouvelant le charbon, régulant la température par moi-même. Je plaignais celui qui venait me livrer les lourds sacs de charbon et de toute façon le charbon devenait assez rare pour ce type d’usage. Sans compter que le charbon en terme de gaz à effet de serre, c’est le plus mauvais des choix. Alors quand il a fallu changer de chaudière, j’ai opté pour le gaz : quarante à cinquante années de réserves mondiales sous terre, des problèmes de fuites de gaz dans la mer du Nord, cela non plus ne sera pas durable. Je voudrais bien revenir au chauffage au bois, mais si tout le monde faisait comme moi, il n’y aurait bientôt plus de forêts ! Je me contente donc de baisser le thermostat, 18°C dans la journée, 13° la nuit. Je ferais mieux de changer de maison, les enfants devenus grands sont partis et je garde un logement disproportionné par rapport aux deux seules personnes qui y résident. Nous avons un récupérateur de chaleur Tifon dans un foyer de cheminée, mais il nécessite une consommation d’électricité pour pulser la chaleur emmagasinée.

Sans électricité, nous ne sommes plus grand chose, c’est la dépendance absolue. Mon idéal serait la maison passive**, c’est-à-dire la maison qui n’a comme chauffage que celui nécessaire à la préparation culinaire ; mais je suis trop vieux et devenu frileux, pas assez élevé à la dure ! Pourtant c’est ainsi que vivaient mes grands-parents, « chauffés » la nuit par des couettes de plumes avec les toilettes sèches à l’extérieur de la maison. Nous devrions savoir que tout est équivalence énergie, même les plus intimes de nos activités. A chacun de réfléchir et de se limiter comme il peut.
Michel Sourrouille

* énergie grise : quantité d’énergie nécessaire au cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l’utilisation, l’entretien et à la fin le recyclage. Chacune de ces étapes nécessite de l’énergie, qu’elle soit humaine, animale, électrique, thermique ou autre. En cumulant l’ensemble des énergies consommées sur l’ensemble du cycle de vie, on peut prendre la mesure du besoin énergétique d’un matériau ou d’un produit. Cette connaissance peut guider ou renseigner les choix notamment en vue de réduire l’impact environnemental.
** maison passive : On désigne généralement par maison passive un bâtiment qui est pratiquement autonome pour ses besoins en chauffage. Il se contente des apports solaires, des apports métaboliques (habitants, machines) et d’une bonne isolation, ce qui relègue le rôle du chauffage à un simple appoint

1 réflexion sur “1/4) agir personnellement sans attendre la COP.21”

  1. Je vis dans une maison âgée de 50 ans que ma femme a hérité, nous avons donc eu les moyens d’entreprendre quelques améliorations, à savoir des panneaux solaires thermiques pour accompagner un chauffage moderne au fioul ainsi qu’une nouvelle isolation du toit et des combles.
    L’isolation me semble être le meilleur investissement. Le solaire thermique nous garanti une eau chaude gratuite 6 mois par an et une aide sensible le reste du temps. Je suis toutefois un peu dubitatif sur le bilan total, cette installation inclut beaucoup d’énergie grise, et vue l’obsolescence généralement programmée dans les matériaux, je me demande dans quel état tout cela sera dans 30 ans.
    Si c’était à refaire, je me contenterais de travailler sur l’isolation uniquement. Les autres mesures sont intéressantes si on construit du neuf, maintenant on sait faire mieux, du chauffage passif, etc.
    Il me semble donc important d’agir au niveau des législations pour que tout ce qui se construit de neuf soit le plus sobre possible et limiter la casse sur les vieux bâtiments mais vouloir faire du neuf avec du vieux a des limites.
    Il n’y aura jamais assez de bons citoyens avec de bons gestes quotidiens s’il n’y a pas de très fortes incitations au niveau législatif.

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