1981-2011, le projet socialiste patine

Chaque jour davantage le Parti Socialiste nous donne des raisons de désespérer. La dernière mouture du « projet socialiste » n’a rien de nouveau. Sur les 30 priorités pour 2012, la dernière promet le « droit de vote des étrangers aux élections locales » Mais en avril 1981, sur les 110 propositions de Mitterrand, figurait déjà le « droit de vote aux élections municipales après cinq ans de présence des travailleurs immigrés sur le territoire français ». Trente ans après, le PS n’a toujours pas respecté sa parole ! En 1981, « 60 000 emplois d’utilité collective seront mis à la disposition des associations et des collectivités locales ». En 2011, « Création de 300 000 emplois d’avenir pour les jeunes ». Les emplois au rabais sont restés une spécialité du PS. En 1981, la proposition 39 portait sur « un vaste programme d’investissement destiné à économiser l’énergie ». Rien n’a été fait depuis, aussi on renouvelle aujourd’hui l’espoir d’un « développement massif des économies d’énergies » (priorité 10).

Le projet de Martine Aubry n’est pas un projet collectif, c’est le bégaiement de l’histoire, c’est un saupoudrage pour ne fâcher personne ; il intègre l’essentiel des désirs des différents candidats aux primaires. Ce n’est même pas une synthèse à plusieurs voix, c’est surtout la plume de Guillaume Bachelay. Ce secrétaire national du PS à la politique industrielle se pique de « social-écologie en actes » ! La social-écologie constituerait le cœur du socialisme post-libéral qu’il voudrait porter aujourd’hui. On ne s’en rend vraiment pas compte après lecture de ses 30 propositions (validées par Martine).

Pourtant dans la Revue socialiste (4e trimestre 2010), Guillaume Bachelay posait le fond du problème des socialistes : « Il est paradoxal que notre critique féroce du capitalisme ait longtemps négligé l’incompatibilité entre les forces de l’argent et celles de la nature. Dans la dialectique production/redistribution, nous avions omis une donnée désormais vitale : les ressources de la planète ne sont ni infinies ni éternelles. Dans l’affrontement capital/travail, nous avions oublié l’environnement. Menacé par l’activité humaine, il est venu chambouler nos axiomes ». La problématique du XXIe siècle est posée, mais le PS se tourne encore et toujours en 2011 vers son passé productiviste.

2 réflexions sur “1981-2011, le projet socialiste patine”

  1. Michel Rocard dit souvent vrai. Sur le projet socialiste pour la présidentielle de 2012 : « Il y a encore du travail à faire, notamment pour incorporer mieux les exigences actuelles de l’écologie. »

    Mais si Rocard pense comme Montebourg que le libre-échange intégral n’a fait que trop de dégâts, il reste malheureusement pro-nucléaire : « Si l’alternative est le tout-charbon ou le tout-pétrole, alors tout le monde court un grand danger avec l’accélération du réchauffement climatique »… « La peur du nucléaire ne doit pas faire oublier qu’il existe quand même des pays sans accident nucléaire » !
    Lemonde.fr avec AFP (06.04.2011)

  2. Sur le nucléaire, si les socialistes évoquent aujourd’hui un « avant et un après Fukushima », il n’est plus question d’une « sortie du nucléaire ». La priorité 10 se contente d’une « sortie de la dépendance du pétrole et du nucléaire ». N’oublions pas que la proposition 38 de Mitterrand en 1981 était beaucoup plus forte : « Le programme nucléaire sera limité aux centrales en cours de construction, en attendant que le pays, réellement informé, puisse se prononcer par référendum. »

    Non seulement les socialistes ne perçoivent pas vraiment un avenir social-écologiste, mais en plus ils n’ont aucune mémoire…

Les commentaires sont fermés.