Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ma façon d’agir au quotidien. Notre manière de vivre entraîne toujours une dépense d’énergie sous-jacente, même ce qui semble le plus anodin. Je ne me rase pas le matin, je refuse cet usage inutile d’électricité ou le rasoir mécanique à 36 lames. Je me lave succinctement à l’eau froide chaque matin, je ne prends une douche que tous les trois jours. Quelle serait la fréquence optimale ? Le moins possible assurément.
Le poste le plus important des dépenses d’un foyer économe en énergie est normalement l’alimentation ; il faut bien alimenter notre chaudière personnelle, jour après jour. Je ne prends plus de lait au petit-déjeuner depuis que je sais que je prends la place du veau sous la mère. J’ajoute simplement de la chicorée à de l’eau chaude. Mais j’utilise un micro-onde, c’est pas le mieux pour économiser le nucléaire. Je ne bois plus du tout de café, même « éthique », depuis que je me suis rendu compte qu’il s’agit d’une manière de produire au détriment des cultures vivrières et de la sécurité alimentaire de lointains pays. Pourtant je croque de temps en temps un morceau de chocolat ; je me dis que nul n’est parfait.
Cela ne me dérange pas du tout de faire tout un repas dans l’assiette à soupe. Nous limitons notre consommation de viande et privilégions la consommation de volaille dont l’impact climatique est moindre. Mon couple participe au lundi végétarien en adéquation avec un mouvement (inter)national : l’élevage est pour beaucoup dans les émissions de gaz à effet de serre. Nous ne mangeons quasiment plus de plats préparés et de conserves industrielles, cuisinant de préférence des aliments bruts. Nous limitons notre alimentation le soir. Je pratique une certaine restriction alimentaire, mais je devrais jeûner plus souvent. J’avoue un repas au restaurant chaque semaine, mais c’est pour une réunion de famille. Si nous achetons sur le marché local, nous ne participons pas d’une AMAP*. Même si je ne fume pas, je m’accorde pourtant un verre de vin de temps en temps. J’ai planté plus de quarante arbres fruitiers, mais mon verger est à 35 km d’Angoulême ; difficile de faire revivre l’autoproduction alimentaire en ville. Et puis ma femme avait un chat, adorable par ailleurs, mais qui a lui aussi son empreinte écologique**. Par contre nous avons deux bacs à compost, plus aucun déchet végétal ne va dans le sac noir. Et je réfléchis beaucoup pour ne plus faire de déchets alimentaires, acheter juste ce qu’il faut et savoir accommoder les restes.
Michel Sourrouille
* AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) ; il s’agit de rendre solidaire un groupe de personnes avec un agriculteur, un éleveur ou un maraîcher.
** Empreinte écologique : mesure de la pression des activités humaines sur l’écosystème exprimée en « unités de surface ». Chaque unité correspond au nombre d’hectares de terre biologiquement productive nécessaire pour entretenir un certain niveau de vie des humains et en absorber les déchets.