Dans son dernier livre, Axel Kahn critique sévèrement l’ADMD (association pour le droit de mourir dans la dignité) pour l’usage qui est fait du concept de dignité : « Cela signifie-t-il qu’il existe des gens qui meurent dans l’indignité ? Quels sont-ils ? Les grands vieillards ? Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? Sont-ce là des citoyens indignes ? » Il est tellement ulcéré qu’il propose de compléter ainsi la Déclaration universelle des droits de 1789 : « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits. » (LeMonde du 26 novembre)
Le problème, c’est qu’Axel Kahn ne peut pas définir le concept de dignité parce que c’est indéfinissable. Il n’y a aucun caractère sacré de la vie humaine, il n’y a aucune définition avérée de la dignité de la personne humaine et de son caractère intouchable ; le droit de tuer est une constante de l’humanité que ce soit par l’intermédiaire de la peine de mort ou des guerres, des avortements légaux ou illégaux, sans parler des infanticides pratiqués en toute normalité dans certaines sociétés premières. Ni Axel Kahn, ni la religion ne peuvent dicter leur loi à une société démocratique qui définit de façon relative les normes qui la guident. En France, le programme présidentiel 2007 du parti socialiste était même explicite : « Nous saisirons le Parlement d’un projet de loi Vincent Humbert sur l’assistance médicalisée pour mourir dans la dignité. » La Biosphère te donne la vie, la croissance, la maturité, le déclin et te retire de toute façon le droit de continuer à vivre. A toi de répondre personnellement et politiquement à la question centrale de la philosophie : à quel moment la vie n’est-elle plus digne d’être vécue ?
Mais n’attends pas ton Alzheimer qui t’empêcherait de rédiger ton testament de fin de vie : « Sain de corps et d’esprit, je déclare ce jour que je n’accepte pas les soins palliatifs qui ne serviraient qu’à me maintenir en vie et non à me réinsérer dans la société. Je déclare accepter par avance une euthanasie passive si la conscience morte de mon cerveau m’empêche de percevoir mon état de légume humain. J’exige le droit à l’euthanasie active si j’estime en toute conscience que ma vie ne vaut plus la peine d’être prolongée. »
je souhaite que l’admd demande un droit de réponse à france inter après les propos insultants qui ont été proférés sur l’antenne par luc ferry et axel khan le26 novembre2010.
Si ce site peut servir de forum de substitution, c’est avec plaisir.
L’ADMD porte un combat de dignités personnelles et de liberté collective…
Entièrement d’accord avec Daniel Carré, chacun doit pouvoir choisir le moment où il souhaite en finir. La notion de personne de confiance, ou de médecins qui seul pourraient décider relève plus d’une vision autoritaire ou des « élites » auraient droit sur les simples citoyens que d’une réelle compassion .
Je déplore que le forum sur le site de l’admd ait été supprimé, il permettait aux adhérents de se soutenir, d’échanger…
La problématique du débat sur l’ehthanasie n’est pas vivre ou mourir. Mais de choisir, si on le souhaite, comment et quand mourir.
Le système de santé ne peut avoir comme finalité que la vie, une vie de qualité, c’est à dire de plaisirs, d’émotions, de découvertes, de rencontres.
Ce ne peut donc pas être le système de santé qui doit avoir le pouvoir de choisir le quand et comment mourir.
Or, c’est précisément ce qui se passe aujourd’hui.
J’ai longuement écouté au 11ème colloque d’éthique médicale de Bicêtre, des spécialistes de soins palliatifs doctement expliquer que la sédation terminale est un processus inscrit dans une stratégie de soins, qu’il convenait à aucun prix confondre avec une euthanasie. Or le résultat est identique, sauf que dans un cas le coma dure quelques jours voire un peu plus, et dans l’autre cas le trépas est très rapide.
Le frein essentiel est que le rapport entre patient et médecin est complètement bousculé par la fin de vie. Le traitement et le soin ne peuvent être que la décision du système sanitaire (le seul droit du patient étant le refus), alors que le choix de fin de vie ne peut-être que celui du patient, l’institution pouvant seulement offrir l’aide compatissante que la chimie moderne permet, car ce n’est plus le fidèle ami qui doit transpercer Hadrien de son glaive.
Cette inversion de rapport entre médecin et patient est aujourd’hui refusé par l’institution médicale, d’autant qu’elle est imbue de sa puissance. Toutefois les praticiens des soins, médecins ou infirmiers, sont prêts à changer d’attitude. Si la loi change, car ils sont tous profondément légalistes.
La position d’Axel Kahn de renvoyer au choix personnel du médecin, donne un pouvoir exorbitant à une caste, pouvoir que je revendique en tant que citoyen d’un état laïque.