Alors que la Terre accueillera bientôt huit milliards d’humains, le rôle de la natalité pour l’avenir de l’espèce humaine interroge de plus en plus. « Faut-il arrêter de faire des enfants ? » Emmanuel Pont a sa réponse, marxiste bien entendu, deux membres de l’association Démographie Responsable lui répondent.
Emmanuel Pont : Il y a environ 5 % de gens en France qui font le choix de ne pas avoir d’enfant pour une multiplicité de facteurs : la carrière, la liberté, le fait de ne pas aimer les enfants… La raison écologique en est une, c’est dur de savoir si c’est un phénomène qui augmente. La question démographique paraît tabou, mais en fait tout le monde en parle. C’est un sujet délicat parce qu’on touche à la liberté individuelle, à l’intime, ça remet en cause la notion de droit à la procréation. D’un point de vue collectif, ça pose question sur ce qu’on peut imposer aux gens, en particulier aux femmes. Et on se retrouve à deviser depuis nos fauteuils européens sur le nombre d’enfants que devraient avoir les Africains. C’est un sujet qui crispe facilement.
A peu près 10 % de la population mondiale est responsable de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Les pays qui ont une fécondité élevée, c’est à peu près 3 % des émissions de l’humanité pour 20 % de la population. Bien sûr, si ces mêmes pays venaient à se développer, ça aggraverait la situation climatique. L’impact de renoncer aux enfants maintenant serait peu significatif en comparaison de l’effort demandé. Pas mal d’études démontrent qu’il y a plein de moyens de nourrir 10 milliards d’habitants de manière écologique. Bien sûr, si la population mondiale venait à se stabiliser, la répartition alimentaire serait plus facile à gérer. Mais on pourrait être deux personnes sur Terre, s’il y en a une qui détient tous les moyens de production, l’autre aura faim. Davantage que la natalité, c’est la transformation profonde du mode de vie et du système économique qui est véritablement important pour la planète. Le débat sur la démographie détourne de débats qui sont plus importants : Est-ce qu’on continuerait de détruire la biodiversité ? Est-ce que les gens sortiraient de la culture consumériste ? Le changement doit être entrepris avec les gens qui sont là et qui ont du pouvoir aujourd’hui.
Recension du livre d’Emmanuel Pont,
Moins d’enfants, planète préservée ?
Le point de vue de membres de l’association Démographie Responsable
Gilles Lacan : La surpopulation ne concerne pas que les pays pauvres. La population cumulée de l’Europe et de l’Amérique du Nord est passée de 490 millions d’habitants en 1900 à 1 122 millions en 2022 (+ 129 %). Si ces pays riches sont responsables de la moitié des émissions de CO2 dans le monde, leur surcroît de population est donc responsable de plus d’un quart de ces émissions. Emmanuel Pont parle très longuement du climat, quasiment pas de la biodiversité. Pourtant celle-ci s’effondre partout, y compris en Afrique où le niveau de consommation est très bas. Le problème est que, riche ou pauvre, l’espèce humaine est invasive lorsqu’elle croît, et qu’elle laisse un espace d’habitat de plus en plus congru aux autres espèces pour vivre et se reproduire. En mer, c’est encore autre chose : la surpêche est nécessaire pour nourrir une population de plus en plus nombreuse, étant précisé que les riches ne mangent pas dix fois plus de poissons que les pauvres. Il faut donc moins d’humains sur la planète pour sauver les autres espèces de la grande extinction.
Mr Pont affirme encore qu’il y a « pas mal d’études » qui démontreraient qu’il y a plein de moyens de nourrir 10 milliards d’habitants de manière écologique. Personne ne met en doute sa bonne foi, mais il n’est pas démontré qu’une agriculture sans pétrole, donc sans tracteurs, sans engrais azotés et sans pesticides, donc sans productivité, soit capable de nourrir durablement les 8 milliards d’habitants d’aujourd’hui. Il faut aussi tenir compte du stress hydrique et de la dégradation des sols,
Pour conclure, la matrice intellectuelle de Mr Pont apparaît dans sa parabole de l’humanité réduite à deux personnes, dont l’une détient « tous les moyens de production » et dont l’autre, en déduit-il, « aura faim ». A défaut d’être un bon démographe, ce chercheur est assurément un militant marxiste accompli. Il devrait lire Malthus. (réponse de à E.Pont)
Didier Barthès : Il est bien difficile de partager les raisonnements et l’optimisme de Monsieur Emmanuel Pont.
– Tout d’abord il parle essentiellement d’alimentation alors que le principal problème écologique de la planète est l’écroulement de la biodiversité qui est essentiellement dû à l’occupation de tous les territoires (hors déserts) par les hommes. La préservation de la faune semble tout à fait hors de ses préoccupations.
– Ensuite, le raisonnement selon lequel on pourrait nourrir plus d’hommes (alors qu’on ne sait pas nourrir les 8 milliards d’aujourd’hui) suppose que l’on construise une société parfaitement juste où tout le monde serait partageur, désireux de n’être pas trop riche, compétent et où aussi les accidents de production seraient quasiment exclus ce qui est est bien improbable au regard de l’histoire de notre espèce. On peut rêver et espérer, mais parier sur un monde paradisiaque me semble bien imprudent pour en faire un programme.
– Il argue ensuite de résultats qui seraient trop longs à obtenir si l’on agissait sur la fécondité. Il est quand même très curieux d’arguer de l’inertie d’un phénomène pour repousser le moment d’agir, intellectuellement, c’est plus qu’étrange.
– Enfin, bien évidemment quid de la qualité de vie et de l’entassement des hommes ? Plus les hommes sont entassés, plus les problèmes et les contraintes sont fortes, plus aussi nos sociétés deviennent fragiles, les populations devenant dépendantes de tant de réseaux, tous menacés par d’éventuels effondrements sociétaux. La violence aussi croit avec l’entassement, veut-on cela ?
Nous réduirions beaucoup de contraintes et rendrions la vie plus agréables en étant moins nombreux. Regardons d’ailleurs le passé. Sur les 30 ou 35 000 ans de la vie de l’homo sapiens (depuis que nous sommes la seule espèce d’homme présente sur la Terre), nous avons été très peu nombreux et nous avons vécu ainsi. Nous sommes un milliard depuis 220 ans et désormais nous sommes 8 milliards, c’est une folie non durable, c’est une fuite en avant qui soumet toute la biosphère. Il n’est que temps de faire machine arrière et de revenir à des effectifs plus modestes.
Lire et écouter, Doit-on encore faire des enfants ?
Si on suit le raisonnement de messieurs Barthès et Lacan, si on revient à 2 millions d’habitants, mais que tous vivent comme des américains, tout ira bien…
Alors ok pour limiter la population, par les incitations que vous proposez, mais ne pas en faire le levier central d’une politique écologique.
Il faudrait arrêter avec la question de « comment on va nourrir 10 millions de personnes ». Dans l’histoire, c’est justement la limitation de la nourriture qui a limité la croissance d’une population. Puisque sans nourriture, on ne vit pas plus de quelques jours, la régulation se fait quasiment en temps réel.
Deuxio les famines existantes sont souvent liées à une pauvreté extrême des populations et pas à un manque de surface agricoles. La solution au manque de nourriture est aussi sociale. A côté de ça il y a du gaspillage alimentaire et nous, occidentaux, consommons plus de calories que ce dont on a besoin.
De plus, on a un fort potentiel d’optimisation du rendement alimentaire, puisqu’à elle seule, la production de nourriture pour le bétail requiert la majeure partie des terres cultivables. Donc moins on produit de viande, plus on nourrit de monde.
Réponse à Didier Barthès.
Croyez bien que depuis le temps, vos idées je les connais. Seulement tout ça ne me dit pas COMMENT nous pourrions faire «machine arrière» et revenir à des «effectifs plus modestes». Ce n’est pas moi qui vais vous apprendre les projections, ni comment elles sont calculées. Maintenant si votre modestie se limite à ces 8,9 milliards en 2050, autrement dit si votre objectif n’est que le «scénario bas» du simulateur de l’INED, alors je vous l’accorde volontiers, et vous pourrez le noter, ce nombre de 8,9 milliards reste préférable à ces 10,6 milliards du «scénario haut». ( à suivre )
Dans ce cas je vous encourage bien sûr à poursuivre votre «Combat pour la contraception, l’avortement, la libération des femmes, la formation des jeunes aux périls économiques et démographiques, aide au planning familial au niveau mondial, fin de l’aide française aux familles nombreuses… »
Avec un peu de chance et bon nombre de meetings, d’interviews, de bouquins etc. vous pourriez peut-être même contribuer à faire mieux. Et avec 8,8 au lieu de 8,9 on ferait péter le Champagne en 2050.
Seulement quand on passe son temps à dire que 8 milliards c’est trop, c’est horrible etc. que 7 aussi, et que pour Bien faire il faudrait que nous soyons je ne sais plus combien, si ce n’est tout juste quelques millions, avouez quand même qu’il y a là de quoi se moquer un peu. C’est donc ce que je fais. ( à suivre )
La Modération aura donc jugé ma suite et fin hors-sujet, inappropriée ou un truc comme ça. Encore là le genre de méthode qui fait avancer le «débat».
– « Il faut donc moins d’humains sur la planète pour sauver les autres espèces de la grande extinction. […] mais il n’est pas démontré qu’une agriculture sans pétrole, donc sans tracteurs, sans engrais azotés et sans pesticides, donc sans productivité, soit capable de nourrir durablement les 8 milliards d’habitants d’aujourd’hui. […] A défaut d’être un bon démographe, ce chercheur est assurément un militant marxiste accompli. Il devrait lire Malthus. » ( Gilles Lacan )
– « Nous réduirions beaucoup de contraintes et rendrions la vie plus agréables en étant moins nombreux. […] Il n’est que temps de faire machine arrière et de revenir à des effectifs plus modestes. » ( Didier Barthès )
Si Emmanuel Pont est déconnecté de la réalité, comme l’accusent ses détracteurs, que dire alors de ces deux-là ? Que vaut leur argumentation ?
Il faut, yaka, il n’est que temps etc.
Oui mais COMMENT ? L’inertie on ne veut pas entendre parler, pas plus que de cette stabilisation prévisible, avant une chute plus ou moins brutale etc. Alors COMMENT, concrètement, hein ? Tout ce qu’on sait dire c’est qu’on est (il sont ?) trop nombreux !
Nous voilà donc bien avancés.
Quant à la possibilité de nourrir 8 milliards d’humains sans pétrole, et quand bien même on leur démontrerait, par A+B, les Malthusiens continueraient à nous soûler avec leur disque rayé. Qu’ils se rassurent, nos pauvres inquiets, sans pétrole ça va décroître. Patience donc.
Bien sûr que si on veut en entendre parler de l’inertie mais vous ne lisez pas ce qu’on écrit.
Nourrissez la planète puisque vous savez faire avec 10 milliards d’hommes, sans engrais, sans consommer d’espace en respectant les hommes les animaux et patati et patata et misère misère misère comme dirait quelqu’un. Plutôt que moquer les idées des autres !
Débat avec Emmanuel Pont ??? Les arguments de Emmanuel Pont sont tellement logiques, démontrés etc. comment pourrait-il y avoir un débat ?
C’est vrai que si on ne lit même pas les arguments opposés, on pense avoir toujours raison. Le livre d’Emmanuel Pont était paradoxal. Il ne niait pas qu’il y a surpopulation, mais critiquait tous les moyens de le prouver, y compris l’équation IPAT. Il n’a fait que réciter un élément de langage d’une certaine gauche anti-malthusienne : « Il n’y a pas de bombe population dans la mesure où la population mondiale est en voie de stabilisation »
C’est du négationnisme démographique. L’optimisme de Pont est un des éléments qui empêche politiquement de réagir à la surpopulation, comme le négationnisme climatique a empêché depuis des années de prendre toutes les mesures nécessaires à temps.
Le négationnisme d’Emmanuel Pont et patati et patata !
Et puisque vous le dites, c’est que ça doit être vrai !
Vous voyez, c’est bien ce que je disais, comment voulez-vous qu’avec ça il y ait un débat ?
Si, il peut y avoir débat quand même sinon toutes les espèces de grands animaux sauvages ne seraient pas en voie de disparition, les forêts pas abattues. Les arguments de Monsieur Pont ne sont pas illogiques, ils sont juste en contradiction flagrante avec les réalités du monde.
Si on veut discuter des espèces menacées, ou de la déforestation, ou des injustices sociales, de la guerre, de l’euthanasie etc. etc. on peut quand même le faire sans être obligé de toujours tout ramener au Surnombre, non ?
Réponse à Michel C
Pour la disparition des espèces : non, c’est le facteur déterminant, car notre occupation des territoires est quasi définitive et cela empêche toute reconstitution des effectifs des animaux, On peut interdire la chasse mais s’il n’y a plus d’espace pour que les animaux vivent on ne peut rien faire
Rappelez- vous, tigres et lions sont 1 % de ce que qu’ils étaient, ce n’est ni le réchauffement climatique, ni la chasse, ni la pollution qui les a tués, c’est juste qu’ils n’ont plus où aller vivre
Hélas les écologistes sont presque tous sourds à la question
– Afrique : la population de lions sauvages diminue depuis 25 ans
( 12 août 2021 – afrik.com )
– augmentation des populations de lions dans la forêt de Panda Masuie
( 29/06/2021 – ifaw.org )
– Augmentation constante de la population de tigres sauvages
( 26/07/2022- lunion.fr )
– La population de tigres augmente ( wwf.fr )
– Au Kenya, la population d’éléphants a doublé en 30 ans (21 septembre 2022- positivr.fr)
Et en France les populations de sangliers explosent (28/02/2017- Ouest-France), les populations de cerfs augmentent de 20 % par an ( 27/11/2020- zoomdici.fr ), en montagne les populations de chamois et d’izards se portent très bien, etc. etc. Et tout ça malgré le fait que nous sommes 8 milliards.
La population mondiale en 1900 est estimée entre 1,55 et 1,76 milliard.
Nettement moins qu’aujourd’hui, c’est clair. Est-ce le Surnombre qui est responsable de la quasi extermination des populations de bisons d’Amérique au 19ème siècle ?