En mémoire de René Dumont, mort le 18 juin 2001

Lors de la présidentielle de 1974, René Dumont a été le premier candidat de l’écologie à ce niveau. René est mort le 18 juin 2001, souvenons-nous qu’il a été le plus célèbre représentant de l’écologie politique et un objecteur de croissance à une époque où le mot « décroissance » n’existait pas encore. Sa conception tiendrait en une seule phrase : « L’espèce humaine doit savoir se limiter. » Son programme présidentiel de 1974 garde en 2018 toute sa validité. Il était fondamentalement un adepte de la simplicité volontaire, un modèle à suivre.

Enfant, René Dumont appréciait les ouvriers agricoles polonais qui « marchaient pieds nus sur les chemins de terre et ne mettaient leurs chaussures qu’une fois arrivés en ville pour les économiser ». Plus tard, se souvient sa fille « A table, mon père exigeait qu’on prenne peu, qu’on se resserve si nécessaire, mais qu’on ne laisse jamais rien ». Adepte un temps de l’école distributive de Jacques Duboin, il pense que la consommation de quantités importantes de viande ne présente pas un caractère de nécessité absolue. Beaucoup plus tard, dans un restaurant très parisien, on en est au troisième plat. Dumont se lève et, d’une voix qu’il sait si bien rendre cinglante, qualifie l’agneau doré à point d’agression « contre ce pour quoi je lutte ». Calcul rapide des calories déjà ingurgitées, comparaison avec les rations habituelles des pauvres du Sud : « Bon appétit, mesdames, messieurs. » Et Dumont quitte la salle. Ne conseillait-il pas de se lever de table en ayant encore un peu faim ?

Le gaspillage le rendait furieux. Le paysan, lui, ne jette pas, il récupère, répare, recycle. Le paysan ne détruit rien, il met en valeur ! Il a très vite abandonné la cravate, « ce bout d’étoffe symbole de ceux qui veulent marquer qu’ils sont bien au-dessus des paysans et des travailleurs. » Il est capable de s’emporter contre le déodorant pour hommes (inutile, donc stupide, dangereux car il arrête la transpiration). Il ne proteste avec excès que contre les excès, excès de consommation ou excès de misère. A propos du programme commun de gouvernement en 1972, il écrit : « Quand je pense aux affamés du Sahel, je trouve certaines revendications grotesques… Cet objectif de croissance de 8 %, croissance pour qui, croissance pour quoi faire ? Proposer une hausse générale du niveau de vie, c’est oublier que ce niveau de vie résulte en partie du pillage du tiers-monde, du sous-paiement de ses ressources rares. Pour ma part, je crois qu’il faut viser une hausse du niveau de vie limité aux tranches les plus basses de revenus. Et poser comme objectif la diminution de la consommation du tiers le plus riche de la population française. » « Cette croissance est celle des inégalités » jette-t-il à ceux qui exhibent leurs courbes statistiques à la hausse. « Il ne faut pas confondre croissance économique et développement », avertissait-il.

Lire aussi René Dumont, une vie saisie par l’écologie de Jean-Paul Besset

5 réflexions sur “En mémoire de René Dumont, mort le 18 juin 2001”

    1. Vert fane,
      je suis aussi désolé que toi, mais la coupe du monde du ballon rond attire plus que de raison, les bacheliers ignorent l’écologie politique et les politiques se gardent bien d’en décider. Alors il faut se dire que les idées écolos, nos idées, se généraliseront après la grande catastrophe, quand nous aurons été victimes des jumeaux hydrocarbures, choc pétrolier et réchauffement climatiques liés. Du moins il faut l’espérer, et agir aujourd’hui en conséquence !

  1. de la part d’un de nos correspondants, Alain Armagnac :
    « René Dumont, il me fait penser à ces Croquants du Périgord qui se dépêchaient de rentrer du marché le samedi à Sarlat pour « poser culotte » sur leur tas de  fumier afin que « rien ne se perde » ! Quant au chabrol, il est d’abord destiné à nettoyer l’assiette de ses miettes. C’est d’ailleurs ce que je fais chaque soir ! »

  2. René DUMONT un grand Homme, pour lui rendre hommage je lui joins deux extraits de messages empruntés à mon Ami d’un petit village du BURKINA FASO.
    SAISON HIVERNALE 2018 (donc période actuelle)
    « Il fait beau temps après une bonne pluie de 24 mm à peu près qui a débutée à 9h30 et qui continue toujours même si ce n’est plus fort. Avec cette pluie beaucoup irons semer. Je souhaite à tous mes frères cultivateurs un bon début d’hivernage »
    « C’est partit, pendant que les élèves s’apprêtent pour les vacances scolaires voila que les braves paysans aussi effectuent leur rentrée de campagne agricole pour une durée de 8 à 9 mois. Hier nous avions reçu une pluie, la première la plus grande marquant le démarrage des travaux champêtre par le semis d’abord. Nous demandons à dieu de nous accorder une bonne saison en veillant sur nous surtout en santé et aussi nous donner de bonnes pluies qui nous arrange et non une abondance de pluie destructive. Bonne rentrée hivernale à tous
    »
    Merci à René DUMONT ce grand éveilleur de consciences

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