repenser le développement

Il faut se méfier des apparences. Une burqa peut cacher une femme exquise et raisonnée. Le « développement » cache une réalité sordide. Survolons LeMonde (quelques titres du 26 janvier) pour en être persuadé : suicide au travail, lutte contre le stress au travail, moral des ménages allemands en baisse, gouvernement portugais qui lutte pour maintenir la crédibilité financière, président américain affrontant une situation économique de plus en plus difficile, une tragédie en Grèce, l’Egypte qui peine à faire reculer la pauvreté, une militarisation de la société au Sri Lanka, la crise énergétique qui amplifie le mécontentement à Caracas. Vu le résultat, il faut donc « repenser le développement ».

Le livre de Gilbert Etienne s’attelle à cette tâche pour conclure que les idées sur le développement ne durent souvent que le temps d’une mode. Mais son diagnostic ne peut s’empêcher de courir les idées à la mode : « L’extrême pauvreté est plus aiguë dans les campagnes que dans les villes et l’un des défis du XXIe siècle consiste encore et toujours à nourrir des centaines de millions de paysans pauvres. » Gilbert Etienne a oublié que la richesse fondamentale est crée par ceux qui nous nourrissent, les paysans. Dans les pays « développés », le secteur primaire (agricole) vient historiquement en premier, le secteur secondaire (l’industrie) ne prospère qu’en enlevant le surtravail des paysans. Ne parlons pas du secteur des services qui vit aux crochets de l’ensemble du système marchand. Le « développement » du Tiers-Monde n’a été que la poursuite de la colonisation par d’autres moyens : aide financière, transfert de technologie, exode rural, urbanisation, expansion du tertiaire (le secteur informel) et de l’Etat. On retrouve toujours le même modèle de « développement » par le déracinement des paysans et la culture hors-sol des urbains.

Le « développement durable », qui nous promet maintenant le « développement » pour l’éternité, participe de la même toxicité, il nous enlève toute perspective de sortie. Mais ce système mondialisé s’effondrera un jour, victime de ses échecs et de l’épuisement des ressources naturelles. Que faisait l’an dernier la Chine face au tsunami financier ? Elle renvoyait ses mingong (paysans devenus ouvriers) dans leur campagne. Qu’une crise un peu plus profonde touche la civilisation thermo-industrielle, et la moitié de la population mondiale qui désormais habite les villes ne songera plus qu’à retourner sur des terres qui leur permettront peut-être de manger.

9 réflexions sur “repenser le développement”

  1. Julien,

    Je suis entièrement d’accord avec vous. Simplement, je reprenais l’éducation intellectuelle de Biosphère à un niveau encore plus basique que vous !

  2. Et puis il faudrait savoir ce qu’on veut, quand même !

    Est-ce qu’on veut, comme semble le souhaiter biosphère, mettre prioritairement l’accent sur l’agriculture, produire suffisamment de nourriture pour tout le monde ?
    Eh bien dans ce cas il faut augmenter les rendements via le progrès technique, donc concevoir machines, engrais (bio ou autres, pas le sujet), etc. On ne peut pas augmenter la main d’oeuvre puisqu’à la base du développement 90% de la population travaillait déjà dans l’agriculture.
    Or si les rendements augmentent ça veut dire qu’il faut moins de main d’oeuvre pour produire beaucoup plus de nourriture. Donc le nombre d’agriculteurs diminue tandis que croit l’offre en produits manufacturés (textile pour commencer) et donc la demande en ouvriers d’usine.

    Bravo, nous venons de réapprendre les bases de la Révolution Industrielle.
    La prochaine fois, nous étudierons pourquoi les villes consomment infiniment moins d’énergie par tête de pipe que les campagnes.

  3. Exode rural il y a eu, mais vous faites une confusion qui montre que vous n’y connaissez rien et dites n’importe quoi. L’exode rural en France sur la période dont je parle, ce sont les enfants de paysans qui n’ont pas voulu reprendre l’exploitation familiale, qui n’ont jamais été paysans et qui ont été exercer un autre métier à la ville dès qu’ils ont été en âge de travailler, tandis que leurs parents continuaient d’exploiter jusqu’à leur retraite. Je dis bien que sur la période dont je parle il n’y a pas eu de paysans chassés de leur de terre (enfin, de façon statisiquement significative). L’exode rurale a été géré de façon extrèmement douce et sociale par la société française et des dispositifs réglementaires et sociaux d’accompagnement mis en place pour cela.

  4. Si certains sont « systématiquement » critiques du blog biosphère, et pas que Monsieur Berthod, c’est peut-être parce qu’on y lit que des conneries. Vous devriez vous poser la question, mais vous n’en êtes pas capable, vous n’ êtes qu’une secte accrochée à sa croyance.
     

    Remarque de la modératrice du blog biosphere :
    Monsieur MON810 estime que sur ce blog « on ne lit que des conneries ». Peut-être !
    Mais alors il faut argumenter, sinon le message est tellement inutile qu’il n’a pas de raison d’être.

  5. De l’après guerre aux dernières années, à l’exception des deux dernières, qui ont vu en France une crise agricole très grave, qui n’a rien à voir avec l’agriculture intensive, mais tout avec une crise des prix sans précédent.
     

    Remarque de la modératrice du blog biosphere :
    Monsieur Berthod affirmait que « Durant la période de modernisation de l’agriculture française pratiquement pas un paysan n’a été chassé de sa terre ».
    Nous ne pouvons pas laisser passer sur ce blog des affirmations gratuites. Prenons par exemple les statistiques de l’INSEE, il y a bien exode rural. Les agriculteurs exploitants sont passés de 3 045 000 en 1962 à 731 000 en 1997.

  6. Monsieur Berthod a une approche systématiquement négative par rapport à ce blog biosphere. La critique est facile, surtout quand on interprète à sa guise des raisonnements…

    Pour mieux déterminer ce que monsieur Berthod veut dire, nous aurions besoin de savoir quelle est la période historique qu’il considère quand il parle de modernisation de l’agriculture française ?

  7. « Le monde rural a été la première victime des politiques de développement qui préconisaient une agriculture intensive et ont chassé des millions de paysans de leurs terres ».

    Monsieur Biosphère, si vous parler de la France, cette idée est complètement fausse. Durant la période de modernisation de l’agriculture française pratiquement pas un paysan n’a été chassé de sa terre et la quasi totalité des agriculteurs français sont restés agriculteurs jusqu’à leur retraite.

  8. Le monde rural a été la première victime des politiques de développement qui préconisaient une agriculture intensive et ont chassé des millions de paysans de leurs terres. Mais « Vieux taxi » a raison, quand les temps seront durs pour les citadins, ils seront encore plus durs pour les paysans qui peuvent craindre le pillage. Cela existe déjà dans plusieurs zones de notre planète, principalement en Afrique.

    Repenser le développement est d’autant plus nécessaire. Rappelons que la critique du développement, c’est d’abord la critique des pays industrialisés, jamais assez « développés » alors que leur croissance dégrade la Biosphère.

  9. Fort possible en effet que cette urbanisation géante, essentiellement littorale, colosse aux pieds d’argile, s’effondre par implosion financière ou énergétique… Certes il reste des gisements remarquables d’activité : les armes, le sexe, la drogue, les mafias, les trafics de populations … C’est à dire à peu près 40% , en valeur, du commerce mondial actuel… Pour les campagnes il vaut mieux craindre le pillage que le repeuplement : comment des inactifs inexpérimentés, lève-tard et inspecteurs de platanes, pourraient-ils passer à la bêche et au désherbage ? La terre est basse c’est bien connu. L’augmentation régulière des vols et actes de vandalisme en campagne anticipe déjà sur des situations à venir : bétail abattu et dépecé sur place, congelé dans le 93, tracteurs volatilisés prenant d’étranges vacances près de la mer Noire , évaporations de distributeurs de billets, menaces ou brutalités sur personnes âgées… Les résidences secondaires ne sont plus les seules visées. Déjà se mettent en place des associations de surveillance regroupant tous les voisins… Les chiens toujours plus nombreux… Et bien entendu une progression constante des sportifs qui pratiquent le tir aux pigeons d’argile….

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