Le cancre et cependant universitaire Philippe Aghion*, un proche d’Emmanuel Macron, pilote la réécriture des programmes de sciences économiques et sociales (SES). Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, désignait le 3 juillet l’objectif : « Si l’approche pluridisciplinaire (des SES), qui s’appuie sur les sciences sociales, a tout son sens, il convient de renforcer les approches microéconomiques, nécessaires pour comprendre les mécanismes fondamentaux ». Les « regards croisés » entre économie, sociologie et sciences politiques, les trois piliers de la matière, seront limités au maximum.** N’importe quoi ! Voici quelques commentaires pertinents sur lemonde.fr parmi les 134 à cette heure :
Jean Léonguy : Est il bien raisonnable de mobiliser des professeurs au Collège de France et peut être des prix Nobel, pour modifier le programme des SES? Alors qu’il suffit d’expliquer aux lycéens futurs salariés qu’il n’est pas raisonnable de vouloir un salaire décent. Ces malheureux élèves vont être noyés de théories économiques et de modèles mathématiques pour apprendre juste une chose : baisser la tête.
Marx Atac : Ne pas confondre économie et business.
Syfre : l’économie n’est pas une science exacte, c’est même pas une science du tout c’est une pseudo science.
Vox : Plutôt que de parler de science on pourrait parler de théories économique, il y a plusieurs chapelle ou philosophies différentes en la matière, on peut même parler de position dogmatique dans certains cas, quand une de ces chapelles pense détenir la vérité absolue. Le rôle de l’enseignement est de mettre en perspective, pas d’enseigner une religion.
DUH : Pour mieux discuter, il faudrait distinguer trois choses qu’on mélange dans le mot « Economie » : 1) le fonctionnement concret des échanges marchands et des institutions (les banques centrales, « la finance ») ; 2) l’économie-discipline, avec ses théories et pratiques hétérogènes et 3) les interventions des ci-devant institutions et scientifiques dans la vie publique (notamment saisies par d’autres sciences sociales). Aghion se limite au (2) et porte un regard fort peu critique sur le (3).
Thierry Piot : tant qu’il n’y aura pas quelques grands principes éprouvés fixés dans le marbre, quel est l’intérêt d’enseigner une matière à des enfants ? Pour moi tant que l’enseignement de l’eco reste aux mains de suicidaires,je le rejette. Combien sont-ils, en cours, à expliquer que l’exploitation exponentielle des ressources d’un monde fini, conduit à l’effondrement de l’économie qui repose sur ce principe ? Et, à terme, à la fin du monde qui vit sur ce principe..
JOSEPH MOUTIEN : Ce qui est très important, c’est d’indiquer aux lycéens que l’économie actuelle est basée sur un postulat irresponsable de croissance de consommation infinie dans un monde fini, et que ce modèle prend fin dans quelques années avec la fin des ressources énergétiques et minières (le pic de production des métaux essentiels est au cours des 3 ou 4 prochaines décennies). C’est donc la décroissance de la consommation, par rapport au modèle actuel, choisie ou subie, qui est notre avenir proche.
MICHEL LEPESANT : DécroissanceS de la consommation, bien sûr ; et donc, en amont, décroissance de l’extraction et de la production ; et en aval décroissance des déchets. Tout cela va supposer d’imaginer politiquement un nouveau contrat démocratique. Bref, de tous les côtés, il va falloir remettre l’économie à sa place ← comme on remet à sa place un garnement mal élevé. Mais à l’époque de l’enfant-tyran, notre société sera-t-elle assez adulte pour assumer de telles responsabilités ?
100000 : Il faut enseigner aux élèves la physique, la biologie et la philosophie. L’économie ne peut trouver ses conditions de scientificité que si elle prend en compte le monde physique et la critique épistémologique. Sans quoi ce n’est qu’une métaphysique de la valeur, délirante et hors sol, épouvantablement dangereuse quand elle devient comme elle l’est aujourd’hui l’objet d’une idolâtrie ou à tout le moins d’un dogmatisme à velléités totalitaires et autoritaires.
Vox : L’économie est surtout un puissant instrument de pouvoir, l’économie c’est de la politique, en tous cas c’est l’usage qui en est fait…
Lucide : De toute façon la parole et le pouvoir restent aux enseignants. S’ils veulent continuer à dire que le libéralisme est une horreur qui entraîne le malheur des peuples et que le marxisme est la seule solution, personne ne pourra l’empêcher. Il n’y a pas de contrôle de l’éducation nationale sur le contenu des cours.
PMF : Il y a de ça, c’est vrai. L’EN est une institution administrée certes, mais pas vraiment dirigée.
@ PMF et Lucide : Exactement. Pas plus dirigée que la liberté de conscience et la liberté de penser. Et c’est heureux. Étonnant que le soi-disant « libéralisme » économique s’en trouve mécontent… Lui qui prône partout la dérégulation voudrait donc contrôler les consciences ?
accro po : Le regretté Bernard Maris ne disait-il pas qu’un économiste est un type qui passe sa journée a expliquer pourquoi il s’est trompé la veille. Autre remarque, dans les SES du lycée, il y a Sociales, je n’en vois pas traces dans les réactions. Bizarre…
* Pour en savoir plus sur Aghion, lire sur ce blog Prêcheurs d’apocalypse, Ph. Aghion et Marc Fontecave
** LE MONDE du 17 août 2018, La polémique s’échauffe sur l’enseignement de l’économie au lycée
D’accord avec 100000. On ferait beaucoup mieux d’enseigner l’énergie dès le plus jeune âge. Et puis la physique, et puis la biologie… bref l’écologie. Sans oublier la philosophie, manière juste d’apprendre à nos bambins le sens des limites.
Comme ça ils pourraient à leur tour apprendre tout ça à leurs parents.