L’addition des énergies mène droit à la crise ultime

Transition énergétique, un mot valise qui édulcore une sinistre réalité. Jean -Baptiste Fressoz* souligne à juste titre que la « transition » devrait s’appeler « crise énergétique » ou « gap énergétique ». Mais dire « transition » plutôt que « crise » rend le futur beaucoup moins anxiogène en l’arrimant à une rationalité planificatrice et gestionnaire. Ainsi va un monde où il ne faut plus culpabiliser les gens, ni parler d’écologie punitive, encore moins de sang, de larmes et de sueurs. La croissance économique s’est transformée en oxymore avec le développement durable , puis en imbécillité avec la croissance verte. Cette mollesse de la pensée qui s’appelle transition nous a incité à aller de l’avant sans se soucier des conséquences.

C’est cet optimisme irréaliste qui nous a fait accumuler les « additions énergétiques » et non amorcer une profonde transformation, pour ainsi dire une révolution. Le gaz d’éclairage n’a pas supprimé les bougies, les machines à vapeur n’ont pas remplacé la force musculaire, on ajoute le bois au charbon, le charbon au pétrole, le pétrole au nucléaire, le renouvelable au nucléaire. Toujours plus est le maître mot de notre période qui vit sur l’illusion d’une croissance basée sur l’épuisement de toutes les sources d’énergie sans exception. Dans ce contexte, la vulgate gouvernementale d’opérer la transition énergétique par l’appel aux énergies non renouvelables oublie le fondement du nécessaire changement de comportement : la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas.

Si nous voulions réellement ne pas dépasser les 1,5 °C de plus en 2100, il s’agit bel et bien de soustraire de notre mix énergétique les 85 % qui sont issus du charbon, du pétrole et du gaz. Si nous voulions une société véritablement durable, il faudrait en outre sortir du nucléaire et des énergies renouvelables utilisant des métaux rares. La force musculaire, il n’y a rien de mieux. Et avec près de 7,7 milliards de personnes sur Terre, ce n’est pas cela qui manque !

* LE MONDE du 23 octobre 2018, Jean-Baptiste Fressoz : « L’expression “transition énergétique” est source de confusion »

4 réflexions sur “L’addition des énergies mène droit à la crise ultime”

  1. Ceci vient appuyer ce que je tentais d’expliquer tout à l’heure à Bga80 sur l’article précédent. La dite « Transition Energétique » est un leurre qui laisse croire que nous pourrions avoir le beurre et (en même temps) l’argent du beurre, autrement dit conserver notre mode de vie à l’Occidentale tout en préservant notre environnement. Nous devrions plutôt parler de diète énergétique.

    Didier Barthès semble ne pas comprendre cette phrase « la force musculaire, il n’y a rien de mieux et avec près de 7,7 milliards de personnes sur Terre ce n’est pas cela qui manque ».
    Pourtant je ne vois là qu’une simple évidence. Voici ce qu’écrit JM.Jancovici :

    « Un Français a l’équivalent de 400 à 500 esclaves à sa disposition 24 heures sur 24 ! (sans compter les importations, qui en rajoutent pas loin de 100). Ce résultat serait le même, en ordre de grandeur, pour l’essentiel des européens.  »

    Ne voyons-nous pas qu’il y a quelque chose qui cloche là-dedans ? La démesure… ça nous parle ? Ou pas.

    La conclusion d’où est extraite cette phrase est également une évidence : Si nous voulions réellement … alors nous devrions etc. Le problème c’est bien que nous ne voulons pas.

  2. « Donc en fait il y a toujours autant de force par personne. mais avec le nombre il y a moins de place et moins de ressources par personne. »

    Ce qui semble évident aux yeux de malthusiens comme nous , apparaît incompréhensible pour ces ânes batés de gauchistes et autres humanistes !
    A moins que ce ne soit de l’ humanisme à faux nez , ce qui ne serait pas étonnant de la part de ces hypocrites .

  3. Des oxymores, il y en a plein…. Développement durable ça ne veut rien dire puisque les deux termes s’opposent, un Développement est une dynamique qui ne maintient pas une chose à son état initial puisque elle évolue, alors que durable veut dire stable et dont l’état stagne qui s’inscrit dans la durée et reste à l’état initial ou proche de son état initial donc n’évolue pas vraiment. Donc dire développement durable est un oxymore.

    Ensuite, je ne comprends pas pourquoi on dit transition énergétique alors que dans les faits, comme vous le soulignez bien dans votre commentaire, on ne remplace l’exploitation d’une ressource par une autre, on cumule l’exploitation et la consommation de nouvelles ressources en plus de continuer d’utiliser les précédentes, on devrait dire cumulation énergétique.

  4. Curieux quand même cet argument  » la force musculaire, il n’y a rien de mieux et avec près de 7,7 milliards de personnes sur Terre ce n’est pas cela qui manque »

    D’abord la force musculaire des hommes est infime par rapport à ce que nous avons l’habitude d’utiliser grâce à nos machines et aux énergies fossiles qui les font fonctionner.

    Ensuite dire qu’il y a beaucoup de monde et donc beaucoup de force est ridicule puisque le besoin en force est, lui aussi, proportionnel au nombre. Donc en fait il y a toujours autant de force par personne. mais avec le nombre il y a moins de place et moins de ressources par personne.

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