Le saccage des Champs-Élysées, aveuglement passéiste

Il y a trois conceptions de notre présent, la passéiste qui se déchaîne en ce moment, l’illusion qui prévaut en politique et l’utopie qui va se réaliser. Il y a donc le mouvement « à la base », délétère et qui ne débouche sur rien, des gilets jaunes qui s’accrochent de façon aveugle à la bagnole dans une période de réchauffement climatique et d’épuisement des nappes pétrolières. Ils n’ont aucun argument de fond mais emmerdent les automobilistes (un comble pour des gens qui veulent défendre les automobilistes) et saccagent les Champs-Élysées (créer un contexte où on arrive à ce résultat, c’est déjà être complice).

Il y aura incessamment sous peu une énième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) où on évitera soigneusement la question nucléaire et où on mettra encore en avant, ce qui se dit depuis des années et ne se fait pas, la baisse de la consommation. Cela passera par le logement, éradication des « passoires » énergétiques « d’ici à 2025 » et un parc de logements basse consommation « à l’horizon 2050 ». Un vrai cadeau pour le prochain quinquennat ! On agira sur la mobilité : covoiturage, vélo, transports en commun, réduction de la distance entre domicile et emploi, etc. En clair, à chacun de se démerder comme il peut. Et puis on réveillera les vieilles lunes, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Autant dire que cela n’arrivera pas dans les proportions qu’il faudrait. Alors surviendra l’effondrement de notre civilisation, et les perspectives deviendront tout autre.

«Cette question-là est assez obsédante. Comment fait-on pour éviter que notre société humaine n’arrive pas au point où elle serait condamnée à s’effondrer ?» se demandait déjà le Premier ministre Edouard Philippe en juillet dans une vidéo Facebook, après avoir évoqué l’un de ses livres de chevet : Effondrement, signé du géographe américain Jared Diamond. Le collapsologue Pablo Servigne met en garde : «Le seul point commun aux effondrements étudiés par Jared Diamond, ce sont les mauvaises décisions des élites au dernier moment.» Reste une inconnue : quel délai nous sépare de cette crise systémique ? Alarmiste, Yves Cochet affirme : «Je suis sûr de son imminence.» D’après lui, l’effondrement pourrait avoir lieu dans les années 2020, puis laisser place à quelques dizaines d’années où les rescapés vivront sur les ruines de notre modèle actuel.

«Il s’agit de limiter la casse », explique Yves Cochet. Président de l’institut Momentum, qui travaille en ce moment à des scénarios d’adaptation de la région parisienne, il précise : «Il y a aujourd’hui 12 millions de Franciliens. En 2050, ils ne seront peut-être que 6 millions, dont 600 000 dans Paris.» En Ile-de-France, Yves Cochet imagine une confédération de huit bio-régions, autonomes du point de vue alimentaire, énergétique et politique. Pour lui, le réformisme tiède ne marche pas : en matière d’énergie, il faut des scénarios radicaux. Pour les transports, il faut développer les hippomobiles, des voitures tractées par des chevaux, prévoir qu’il y aura peut-être moins de 100 000 véhicules en Ile-de-France en 2050, contre environ 6 millions aujourd’hui. Il faut cesser de donner la priorité aux produits high-tech, qui n’existeront plus, et développer les low-tech. (source de ce dernier §, Libération, Effondrement, le début de la fin !)

8 réflexions sur “Le saccage des Champs-Élysées, aveuglement passéiste”

  1. @ Atreyuh : Si vous tenez à ce que j’enlève le mot « opérette » je veux bien, mais ça ne m’empêchera pas de le penser. Je sais très bien que mon style peut être choquant, mais sachez qu’il ne vise qu’ à secouer les consciences, notamment celles qui sont persuadées d’être dans le vrai. Pour vous dire à quel point je suis conscient de ce que nous sommes, je peux me qualifier moi-même d’écotartufe et de petit-bourgeois.

    Ceci dit, je vous rejoins sur bon nombre de choses. Je combats tous les cultes qui nous ont mené où nous en sommes. Celui de la Bagnole, celui de la Vitesse, celui du Progrès, comme celui de ce satané sacro-saint Pouvoir d’Achat, qui n’est rien d’autre que le pouvoir de consommer (toujours plus). Je dis souvent que le Pognon (un autre culte, et non des moindres) ne se mange pas, mais en attendant je sais très bien qu’il en faut aussi.

    Comme vous dites  » l’heure est venue d’y aller fort « . Alors allons y ! Mais ne faisons pas les choses à moitié ! Commençons par nommer l’ennemi à abattre, le Système, le Capitalisme. Mettons un terme dès aujourd’hui à bon nombre d’activités non seulement futiles et inutiles mais nuisible et néfastes : la publicité, et pas seulement celle pour les voitures, le Salon de l’Auto, les courses de bagnoles, les J.O, tout ce qui idolâtre la Compétition, le tourisme lié aux voyages aériens, les croisières de luxe et Jean Passe.
    Alors chiche ?

  2. Michel C. : « Je n’ai lu que le premier chapitre, c’est désolant. Biosphère persiste à faire dans le binaire et dans le simplisme. Les gilets jaunes seraient des passéistes, ils n’ont rien compris, ils n’ont aucun argument de fond, ils s’accrochent à la bagnole, et ce sont eux qui saccagent Paris. Quand les écolos d’opérette comprendront-ils qu’en attendant la fin du monde… beaucoup de nos concitoyens ont du mal à boucler les fins de mois ? »

    On commence par s’il vous plaît enlever le mot « opérette » mon cher Michel. Hors sujet et sans aucun intérêt.
    Deuxièmement, on le comprend, pour la plupart, que bon nombre de ces gens sont dans la mouise pour finir leur mois. Et je comprends que ces gens la, à leur échelle, ne puissent pas voir autre chose que leur problème de subsistance.
    La réalité c’est que la « fin du monde » pour faire un peu sensationnel, ou l’effondrement, est sans être certaine très probable. Et que ces gens seront les premiers affectés et encore une fois laissés pour compte.
    Quand j’entends les GJ revendiquer plus de pouvoir d’achat, oui je ne peux que trouver cela passéiste. La réalité c’est que nous devons tous consommer moins. BEAUCOUP moins. Et très vite. La réalité c’est que les GJ (pour autant qu’on puisse en faire un tout homogène) vivent déjà dans l’opulence à l’échelle du monde. La réalité c’est que le niveau de vie et l’énergie dépensée par le smicard et le retraité français sont déjà « non soutenables » si on les diffusaient à l’ensemble du globe. C’est ça que l’on ne veut pas voir: le monde qui se prépare est un monde où la manière de vivre du couple de smicard français sera un luxe auquel la majorité des gens rêverons!
    Alors oui ces gens ont été méprisés et laissés pour compte. Et je comprends leur colère, elle est à bien des égards légitimes au vu des 40-50 dernières années de vie politique française. Mais si l’on regarde les choses avec de la hauteur et du détachement, on est obligé de sabrer, et fort. C’est injuste, et si j’étais l’un d’eux je manifesterais peut être, mais malheureusement on ne peut faire autrement. Je pense que Macron ne veut rien lâcher, pas juste car il risquerait d’apparaître faible, mais aussi car il comprend que faire tout ce que l’on peut pour sortir du pétrole n’est plus une option, et que l’heure est venue d’y aller fort. Bien sur pour un mec comme lui y aller fort, c’est taper sur les plus faibles et pas sur les copains qui polluent…

  3. @Biosphère
    Là encore, je sais tout ce que vous me dites. Ce n’est pas moi que vous devez convaincre de ça, allez plutôt le dire à Macron.
    Venir rajouter que ça vole bas parmi certains gilets jaunes ne nous avance pas plus. Quand certains de ceux-là ont voté Macron, là vous ne parliez pas de délire. Alors je suis d’accord, soyons sérieux, mais de tous les côtés. Parce que là nous sommes dans l’hypocrisie et l’incohérence généralisées, autrement dit le grand n’importe quoi. Qui de plus n’a pas commencé avec les gilets jaunes.
    En attendant la fin du pétrole et la fin du monde, il n’empêche que beaucoup de nos concitoyens ont du mal à boucler les fins de mois, et ça aussi c’est la réalité ! Mais quand on n’est pas dans cette situation, quand on ne manque de rien, c’est vrai que c’est facile d’être un vrai écolo (100% pur jus)

  4. A propos des articles « Gilets jaunes : cyber – jacquerie » ou tribune pour « derniers de cordée », de la part de Daniel MARTIN :
    De nombreux textes concernant les gilets rouges sont écrits, il y a toutefois des évidences qu’il convient de rappeler. En plus de réclamer la baisse des taxes sur les carburants qui est la revendication initiale principale , quand on se réfère aux demandes des Gilets jaunes et à leurs slogans cela part dans tous les sens suivant les lieux ; certains organisent même des pétitions pour demander par référendum le départ du Président de la République. Là on est dans le délire !  Si on écoute par ailleurs certain(e)s, dont le vocabulaire revendicatif est inférieur à cinq mots, ce sont les mêmes mots simples qui reviennent et qui rappellent ceux énoncés par l’ex FN, notamment avec cette formule « c’est le peuple qui … » NON vous n’êtes pas à vous seuls le peuple, mais une modeste composante, comme tant d’autres
    Soyons sérieux, en plus de l’impact sur le climat et la santé, au delà des contingences politiques et de ses fluctuations conjoncturelles, le prix du pétrole ne pourra plus baisser. Tous les experts sont formels le pic de HUBBERT étant atteint, nous sommes arrivés au début de la fin de l’ère du pétrole et nous devons donc faire face à un coût qui ira toujours en augmentant. Avec une croissance démographique  qui entraîne une demande supérieure à l’offre, car les stocks d’extraction aisée s’épuisent, cela ne peut que faire « flamber » les prix.

  5. Je n’ai lu que le premier chapitre, c’est désolant. Biosphère persiste à faire dans le binaire et dans le simplisme. Les gilets jaunes seraient des passéistes, ils n’ont rien compris, ils n’ont aucun argument de fond, ils s’accrochent à la bagnole, et ce sont eux qui saccagent Paris.
    Quand les écolos d’opérette comprendront-ils qu’en attendant la fin du monde… beaucoup de nos concitoyens ont du mal à boucler les fins de mois ?

    1. Michel C : « … beaucoup de nos concitoyens ont du mal à boucler les fins de mois ? »
      Biosphere: dans un avenir proche, cela deviendra la norme de ne pas boucler les fins de mois, de ne pas pouvoir utiliser sa voiture individuelle et même de se chauffer dans sa maison comme on avait l’habitude. Occulter le fait que l’action des gilets jaunes ignore le contexte écologique à venir constitue des errements de la pensée qui débouchent sur des réactions disportionnées et, in fine, sur le renforcement d’un pouvoir central qui ne sera pas toujours bien adapté à des situations de plus en plus conflictuelles.

  6. Je ne crois absolument pas que le point commun des effondrements soit les mauvaises décisions des « élites » aux derniers moments. L’effondrement qui menace nos civilisations résulte d’un mouvement de croissance économique et surtout démographique absolument hors de proportion avec les capacités de la planète.

    Or c’est une « décision » qui ne date pas d’hier, elle résulte du moteur même de nos sociétés qui plonge dans des racines profondes, à la limite seules les sociétés tribales y échappaient, déjà l’empire romain était expansionniste et croissanciste.

    Pire que cela donc ce n’est même pas une décision de qui que ce soit, les « élites » n’agissent qu’à la marge (sauf pour le déclenchement des conflits où il peut y avoir des faits ponctuels qui changent tout) elles accompagnent le mouvement général.

    L’effondrement de nos sociétés risque bien d’être global (à l’inverse des exemples étudiés par Jared Diamond) et aucun gouvernement en particulier n’en sera responsable, nous tous, terriens, qui voulons être toujours plus nombreux et toujours plus riches en seront tous collectivement responsables, inutile de chercher des boucs émissaires.

Les commentaires sont fermés.