Viande de synthèse, alimentation industrielle, pouah !

Memphis Meats aux Etats-Unis, Mosa Meat aux Pays-Bas ou Aleph Farms en Israël… ces entreprises dépensent aujourd’hui des millions de dollars pour mettre au point la viande de demain sans tuer aucun être vivant. C’est ce qu’on appelle l’« agriculture cellulaire ». Le but : nourrir 9,8 milliards de personnes à l’horizon 2050 et protéger l’environnement*. Est-ce réellement utile ? Voici quelques points de vue sur lemonde.fr et notre blog biosphere :

pourquoi faire ??? : Si c’est juste pour se nourrir…pourquoi alors lui donner l’apparence d’un steak de viande ? J’ai du mal à comprendre l’intérêt ?!?! Pour les protéines animales, on peut s’en passer sans souci (avec apport de vitamine D et fer), pour la texture qui sera tjrs qqconque vu que ça reste un bouillon de labo et pas du vrai muscle, pour le plaisir de voir de l’hémoglobine dans son assiette ? pour être sûr de s’éclater avec un shoot d’hormone de croissance et autres prod de synthèse en tout genre ?

A ces industriel, ils sont bons… : Bonjour, il existe des alternatives déjà bien connues par exemple le végétarisme… Les protéines d’origine végétale comblent les besoins humains. La vitamine B2 est pour l’instant la seule qui ne peut être remplacée. Mais celle-ci existe déjà en complément. Sa synthèse n’est vraiment pas compliquée. Pour ce qui concerne la production de viande artificielle, je serai curieux de savoir combien d’énergie il faut pour produire 1kg de viande. Le discours écologique tiendra-t-il encore debout?

Jean Nébavé : Dieu sait quelle m…. ils vont nous faire bouffer dans cette viande de synthèse. Il vaut mieux s’habituer à réduire sa consommation de viande, ce sera plus sain pour tout le monde.

Petit retour à la réalité : Dans ce reportage, il y a plusieurs non-dits et contre-vérités : – les hormones de croissances sont interdites en France ; – les fermes de viande de laboratoire vont être beaucoup plus énergivores qu’une vache dans son prés ; – un kilo de riz ne couvre pas les mêmes besoins nutritionnels qu’un kilo de viande ; – une part non négligeable des terres de pâturage ne pourra être convertie en agriculture végétale (sans culture en terrasse, seule l’herbe peut pousser dans les alpages).

NP : Le reportage passe très rapidement sur le sérum de veaux fœtal. C’est pourtant le point essentiel. Ce n’est pas un aspect mineur pour la culture des cellules. Il représente jusqu’à 15% du bouillon de culture. Il est produit de manière immonde dans des fermes usines en Amérique latine en utilisant des animaux bourrés d’antibiotiques et hormones. Cela fait des dizaines d’année que les laboratoires cherchent une alternative en vain… Moi, biologiste, on ne me fera jamais manger cette « viande ».

Biosphere : Pour ou contre… la viande de substitution (14 octobre 2017)

Florence Burgat : Pourquoi mangeons-nous des animaux alors que rien ne nous y force ? Nous pensons que les substituts de viande de boucherie pourraient venir prendre la place de cette dernière. L’humanité pourrait cesser d’être carnivore sans l’avoir voulu et sans s’en apercevoir. Il est d’ores et déjà possible d’offrir des simili-carnés (burger, saucisses, jambon) ou simili-fromages sans qu’il soit possible de les distinguer des préparations ordinaires. Et le marketing, qui s’y entend à nous faire croire ce à quoi nous avons envie de croire pourrait jouer un rôle majeur dans la promotion de ces imitations végétales, mais aussi viande cultivée, véritable viande fraîche obtenue à partir de cellules musculaires (porc, bœuf, poulet)… Bref la viande générique que nous connaissons.

Jocelyne Porcher : Dans ce monde nouveau, harmonieux, pacifié et joyeux, tel que le décrivent les start-up de la clean meat (viande propre) et les associations prosélytes du véganisme à leur service, les humains seront enfin délivrés de leur propension à dévorer leur « prochain ». Car, c’est une constance de ces entreprises, en prenant en charge notre alimentation, elles ont toutes à cœur de « rendre le monde meilleur ». Qu’est-ce que la viande « propre » ? Il s’agit de viande in vitro aussi dénommée « viande de culture », c’est-à-dire de muscles cultivés en laboratoire à partir de cellules animale. Ce produit est dit « propre » car il n’est pas entaché de la mort d’un animal. Il est présenté comme plus sain et moins impactant sur l’environnement. La société Impossible Food (USA) propose déjà un « impossible burger » qui donne l’impression d’être saignant.

Mais la viande in vitro est-elle réellement éthique ? Ce système repose sur l’exclusion des animaux de ferme de notre alimentation et de notre vie. Lorsque les « défenseurs » des animaux militent pour une agriculture sans élevage, ce dont il est question, c’est de vivre sans animaux. Ils ne mourront plus certes, mais ils ne vivront pas non plus. Après 10 000 ans d’histoire commune et de coévolution, cette exclusion unilatérale est violente, cruelle et immorale. Ce qui nous est proposé comme substitut est de facto du mort-vivant. Du mort parce qu’il est produit en dehors de la vie vécue par les animaux, par leurs éleveurs et par tous ceux qui aiment les animaux. Du vivant, parce que la cellule est un élément constitutif du vivant biologique. Le lien entre les multinationales de la clean meat et les associations de défense animale qui promeuvent le véganisme résulte d’une collusion d’intérêts bien compris par les uns mais sans doute beaucoup moins par les autres. (L’Ecologiste numéro 50, octobre-décembre 2017)

* LE MONDE du 23 mars 2019, La viande de laboratoire peut-elle nourrir la planète ?

7 réflexions sur “Viande de synthèse, alimentation industrielle, pouah !”

  1. Jocelyne Porcher : « PETA et L 214 militent pour une rupture des liens de domestication et promeuvent le véganisme et la viande in vitro ; en 2017, la fondation Open Philanthropy Project, qui finance des bourses de recherches sur la clean meat, a ainsi versé une obole de plus d’un million d’euros à l’association L 214. Les associations de protection des animaux, comme Welfarm, CIWF, s’intéressent, elles, à l’amélioration de leurs conditions de vie. »
    (LE MONDE du 23 mars 2019, « La viande de culture est un poison alimentaire, social, écologique et intellectuel »)

  2. Jocelyne Porcher : « Il faut noter que cette « viande cultivée » s’inscrit dans le droit-fil de l’industrialisation de l’élevage. A partir du milieu du XIXe siècle, scientifiques et industriels s’emparent des animaux de ferme pour en faire des outils rentables du capitalisme industriel. De partenaires du travail paysan, les animaux deviennent des machines productrices de matière animale, bovine, porcine, avicole… Mais cette industrie lourde montre aujourd’hui ses limites d’un point de vue environnemental et sanitaire… Les multinationales ont donc intérêt aujourd’hui à ce que cette violence industrielle soit médiatisée. C’est la stratégie la plus efficace pour convaincre les consommateurs de passer des produits issus d’animaux à des produits issus de la « Cell-Ag », l’agriculture cellulaire. »
    (LE MONDE du 23 mars 2019, « La viande de culture est un poison alimentaire, social, écologique et intellectuel »)

  3. Jocelyne Porcher : « L’innovation biotechnologique présentée en 2013 par le scientifique Mark Post, pionnier de la viande in vitro, a, en quelques années, donné naissance au « clean meat movement » (« viande propre »), un rassemblement de scientifiques, d’industriels, de fonds d’investissement, de multinationales, de milliardaires, de fondations, de théoriciens des droits des animaux promoteurs d’un monde meilleur à portée de pipette… Le militant vegan américain Paul Shapiro et le philosophe australien Peter Singer (tous deux membres de la Cellular Agriculture Society) nous l’affirment, la défense de la cause animale passe par notre consentement à ingurgiter la bouillie que nous préparent les start-up. » (LE MONDE du 23 mars 2019, « La viande de culture est un poison alimentaire, social, écologique et intellectuel »)

  4. Dave sur lemonde.fr : « Méfiez vous des substituts de synthèse magiques : pendant combien de décennies des lobbys ont diabolisé le beurre pour faire manger de la margarine à tous ? Today on se rend compte que cette dernière est mauvaise car transformée chimiquement.. »

  5. « L’espoir de disposer bientôt de viande de culture, ou cellulaire, est une bonne nouvelle pour quiconque aspire à se nourrir de viande sans tuer d’animaux… La viande de culture, lorsqu’elle sera aussi abordable que celle issue des élevages industriels, rendra ceux-ci obsolètes du point de vue des consommateurs… La viande de culture est bien la seule manière de mettre un terme à l’élevage industriel, tout simplement parce qu’elle sera plus compétitive… Cette viande de culture pourrait bien finir par offrir également aux amateurs une viande tout à fait comparable à celle que vend leur boucher artisanal, et pourtant moins chère… » (David Chauvet, LE MONDE du 23 mars 2019)
    Comme dirait Coluche, les prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ! Toute argumentation qui repose sur une simple foi dans un avenir technologique qui va nous sauver (et les vaches en prime) relève de l’imposture.

  6. En tout cas c’est un pas de plus vers la séparation de l’homme d’avec le reste du monde vivant, un pas de plus vers l’artificialisation et globalement cette démarche me semble très dangereuse.
    Un jour, après l’effondrement, nous retournerons forcément plus près des règles naturelles, et nous y serons d’autant moins préparés que nous aurons été plus loin dans ce monde artificiel. Ce que l’on nous présente comme un progrès est en fait un pas vers toujours moins de résilience, une dépendance toujours plus forte à la technologie.

  7. En tout cas c’est un pas de plus vers la séparation de l’homme d’avec le reste du monde vivant, un pas de plus vers l’artificialisation et globalement cette démarche me semble très dangereuse.
    Un jour, après l’effondrement, nous retournerons forcément plus près des règles naturelles, et nous y serons d’autant moins préparés que nous aurons été plus loin dans ce monde artificiel. Ce que l’on nous présente comme un progrès est en fait un pas vers toujours moins de résilience, une dépendance toujours plus forte à la technologie.

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