La décroissance choisie est le seul moyen d’éviter la décroissance subie (récession-dépression) que la mondialisation libérale est en train de nous préparer. Certains montrent explicitement que leur pensée évolue, ainsi Dominique Bourg :
– Il écrivait pour l’encyclopédie Universalis de 2008 : « La décroissance n’a pas plus de sens que l’impératif de la croissance tous azimuts. En effet la décroissance interdirait la réduction de la pauvreté et n’est guère compatible avec le système démocratique. »
– Il écrit maintenant dans la revue Acteurs publics de juin 2010 : « Contrairement à ce que nous avions cru, nous n’arrivons pas à découpler la croissance du PIB de la consommation de ressources. Arrêtons la farce du développement durable ! Nous allons devoir nous adapter à un monde profondément nouveau. La décroissance n’est pas un choix idéologique, mais une nécessité. » (source : La décroissance, juillet 2010)
LeMonde n’a pas encore opéré un tel tournant idéologique, mais son supplément économique du 6 juillet commence à s’inquiéter : « La croissance reste anémique, le chômage élevé, les tensions sociales aiguës, le mistigri de la dette passe de main en main possible, un jeu qui pourrait mal finir, défaillance possible d’un Etat souverain. » En un mot, c’est explosif, et il n’y a pas de troisième voie entre croissance négative et décroissance choisie.
Tenez, un article du Monde faisant écho à ce billet, je m’étonne de ne pas l’avoir vu mentionné ici (ou alors je l’ai manqué, je ne suis pas non plus un lecteur assidu) :
http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2010/07/05/des-grece-par-dizaines-par-paul-jorion_1383140_3234.html
Traduction des paragraphes 3 à 5 :
« Il semble que notre défit premier soit de passer d’un système économique basé sur la notion de croissance illimitée à un système qui soit à la fois « durable » (sustainable) du point de vue écologique et socialement juste. La « décroissance » n’est pas la réponse. La croissance est une caractéristique centrale de la vie ; une société, ou une économie, qui ne croît pas, dépérira à plus ou moins brève échéance. Dans la nature, la croissance n’est pourtant pas linéaire ou illimitée. Tandis que certaines parties des organismes ou des écosystèmes croissent, d’autres déclinent, relâchant et recyclant leurs composants, qui deviennent (à leur tour) des ressources pour une nouvelle croissance.
Dans cet essai, nous tentons de définir et de décrire cette sorte de croissance équilibré et complexe déjà bien connue des biologistes et des écologistes, en en appliquant les principes à l’économie, en particulier dans le contexte de la crise économique actuelle. Nous proposons d’appliquer le terme de « croissance qualitative » à cet effet, en contraste avec le concept de croissance quantitative mis en avant par les économistes.
La pratique d’assimiler la croissance avec le « progrès » social des économistes a été critiquée par les environnementalistes, les écologistes et les groupements civiques qui luttent pour la justice sociale. Cette pratique a d’abord été sévèrement critiquée au second Sommet de la Planète Terre à Rio de Janeiro en 1992. Plus de 170 gouvernements ont accepté de corriger la vision quantitative de la croissance des économistes. Ces critiques ont été ignorées jusqu’ici, parce qu’elles impliquaient cette exigence que les société commerciales et les agences gouvernementales incluent dans leur bilan les coûts sociaux et environnementaux, lesquels coût étaient jusqu’alors « externalisés » vers les citoyens imposables, l’environnement et les générations à venir. Les soucis occasionnés par le changement global du climat et la pollution amènent désormais à vouloir « internaliser » de tels coûts dans les bilans comptables ainsi que pour les budgets nationaux. »
Après, ils (Capra et Hazel Hendrson) développent et justifient, en particulier d’un point de vue épistémologique (concepts de qualité et quantité, approches en sciences de la vie et en économie, etc). Il y a ensuite des pratiques concrètes proposées.
Après avoir lu cet article, la solution pour sortir du débat croissance/décroissance, fortement idéologique, véritable dialogue de sourd, m’est apparue lumineuse.
ciao
La seule information que nous avons trouvé en langue française à propos du physicien Fritjof Capra confirme nos propos sur la décroissance :
« Tout ce qui existe sur Terre finit toujours pas de dégrader, à dépérir. Par quelle alchimie l’argent « gagne en valeur » ? L’argent se voit décerner le pouvoir de gagner de la valeur avec le temps. Mieux que l’immortalité ! Tous système fondé sur ce principe n’est pas viable à long terme. Si ce principe a pu perdurer, c’est uniquement parce qu’il restait du temps et de l’espace. Or tout porte à croire que la mondialisation a fait son temps.
Bonjour,
pour en finir avec cette opposition qui tourne en rond et penser une troisième voie : le développement ou la croissanve qualitative
http://www.fritjofcapra.net/articles100709.html
En anglais.
Bien à vous