l’avenir est-il derrière nous ?

« L’avenir se trouve dans le passé et la solution de nos problèmes consiste à retourner vers ce qui nous a précédés ». Cette phrase nous paraît sensée, c’est même l’objet d’une précédente chronique, l’agriculture du passé sera notre avenir

L’anthropologue Jean-Loup Amselle croit le contraire, traitant cette orientation de « primitivisme » (LeMonde des livres, 10 septembre). En fait Amselle recycle l’antienne du « retour à la chandelle » ou de « la vie dans les grottes » proférée par le libéralisme technophile contre les écologistes. C’est là un raisonnement primitif car on peut penser que la techno-science nous conduit au désastre sans vouloir revenir à la chasse et  la cueillette. Ainsi un des plus féroces contempteurs du primitivisme, Ted Kaczynski, nous promet quand même « L’effondrement du système technologique » :               

1. Le progrès technologique nous conduit à un désastre inéluctable. Il peut s’agir d’un désastre physique (par exemple une catastrophe environnementale), ou d’un désastre en termes de dignité humaine (réduction de l’espèce humaine à une condition dégradée et asservie). Quoi qu’il en soit, le progrès technologique aboutira à un désastre de l’un ou l’autre genre.

2. Seul l’effondrement de la civilisation technologique moderne peut empêcher le désastre. Bien entendu, l’effondrement de la civilisation technologique sera un désastre en soi. Mais plus le système technologique continuera à croître, et plus grave sera le désastre final. Un moindre désastre aujourd’hui en empêchera un plus grand demain. Ellul en particulier a souligné l’autonomie de la technologie, c’est-à-dire le fait que la technologie moderne s’est dotée d’une vie propre et n’est pas sujette au contrôle humain.

                Même si Kaczynski se trouve actuellement en prison, il nous semble plus réaliste qu’Amselle…

11 réflexions sur “l’avenir est-il derrière nous ?”

  1. Elhierro,

    Puisque cela vous semble limpide, pourriez-vous m’expliquer rapidement ce que vous y comprenez, vous, au texte de Ellul sus-cité ? En ce qui me concerne, ce n’est qu’un grossier sophisme, qui ne peut fonctionner que sur les inattentifs et les impressionnables.

    Pour mémoire, on parle de ce texte :
    http://biosphere.blog.lemonde.fr/2010/09/10/primitivisme-et-pensee-primaire/#comment-2472

    Orthographiquement vôtre,
    Jean-Gabriel Mahéo

  2. Prendre la position de Ellul au premier degré :
    « Il est parfaitement incompréhensible de prétendre qu’un objet ou un système ait une vie propre et soit autonome, affranchis de son créateur et capable même d’assujettir celui qu’il a été créé pour servir. C’est de la fantaisie, de la science-fiction de roman de gare. »
    M.Mahéo, ce niveau de compréhension du texte de Ellul est digne d’un logiciel de correction d’ orthographe.
    Ceci dit, mon intellect n’appréhende toujours pas vos explications, donc je m’estime moins intellectuel que vous, ce qui devrait atténuer l’invective. Il me reste l’intelligence du bon sens.

  3. Mais… si la nature humaine n’existe pas, d’où vient la culture ?
    Et si elle n’est pas ce que je dis – la Liberté -, pourquoi TOUTES les cultures et les civilisations en ont-elles fait l’origine, la voie et le but de leurs existence ?
    Enfin, si elle n’est pas universelle, comment se fait-il que toutes les civilisations peuvent communiquer intégralement entre elles, dansdans le présent comme ves le passé (Grèce, Égypte) et vers le futur ?

  4. Réponse à la question de Mr Mahéo
    Rien n’est naturel dans le comportement humain, tout est issu d’un conditionnement social, tout est culturel. C’est pourquoi des sociétés peuvent fonctionner sur le même mode pendant des centaines d’années, ignorant le « progrès ».

    Il ne paraît pas conforme à nos avancées sociologiques de prétendre qu’un individu agit « selon sa nature ». Il ne paraît pas en phase avec la réalité contemporaine de croire que toute technique nous libère. Il y a des techniques douces pour l’homme et douce pour l’environnement, comme il y a des techniques dures et non durables. Se contenter de prôner l’universalisme ne nous semble pas faire avancer la réflexion collective.

  5. Ce ne sont ni les portables ni les emails – les « techniques », donc – qui ont générés une obligation d’hyperactivité, mais la « logique de marché », qui n’est qu’un pillage par des pirates financiers de la substance de nos économies nationales, de nos infrastructures, de nos compétences et, finalement, de notre avenir commun.

    Ergo, il faut non seulement perfectionner les techniques connues, mais encore en développer de nouvelles (sous peine de voir s’effondrer les infrastructures existantes, le niveau de vie des populations et la quantité de population planétaire). C’est parfaitement naturel pour un humain, mais complètement stupide pour un singe, qui supporterais mal qu’on l’oblige à autre chose qu’à se soumettre à ses instincts et à ses caprices.

    De par sa nature profonde, la Liberté, l’homme est voué au progrès, dans toutes les disciplines. Est-on esclave de sa nature ? Agir contre sa nature, n’est-ce pas se brimer, se contraindre et s’aliéner ? A l’inverse, agir non seulement selon sa nature, mais la perfectionner, l’élever, l’universaliser, n’est-ce pas se libérer ?

  6. Il est pourtant clair que l’individu est assujetti à la technique qui s’affranchit de son créateur. Ainsi dans LeMonde du 12-13 septembre, on indique que les nouvelles technologies, censées libérer du temps, contribuent à l’emballement du rythme de vie : « L’instantanéité du mail ou du téléphone portable a généré une obligation d’hyperactivité. La logique du marché a imposé la nécessité d’être les plus rapides. La nécessité d’être hyperperformant nous impose un tas d’activités. Nous sommes soumis à une indigestion de sollicitations. Alors ce qui est urgent passe avant ce qui est important. Rares sont ceux qui échappent à cet emballement. »
    Comme le dit Monsieur Mahéo qui croyait nous critiquer, « l’humanité est en quelque sorte condamnée à être créative, à produire de nouvelles découvertes ». Jacques Ellul ne disait pas autre chose ! Sauf que Jacques pensait qu’il fallait nous débarrasser de cet esclavage voué au progrès technique alors que Mr Mahéo y voit de la liberté.
    Il est vrai que la liberté, c’est l’esclavage… La formule est célèbre et reste prémonitoire !

  7. J’argumente, pourtant, quand vous vous contentez de présenter des citations.Il est parfaitement incompréhensible de prétendre qu’un objet ou un système ait une vie propre et soit autonome, affranchis de son créateur et capable même d’assujettir celui qu’il a été créé pour servir. C’est de la fantaisie, de la science-fiction de roman de gare.

    La Vie a développé des « techniques » pour s’étendre sur la surface de croûte terrestre, s’y maintenir et croître en variété et prospérité : on appelle ce système de techniques la « biosphère ». De même, l’humanité à développé des techniques pour s’étendre dans l’univers, s’y maintenir et y maintenir la vie, et croître en variété et prospérité. Vernadski appelle ce système la « Noosphère », je l’appelle l’infrastructure agro-industrielle planétaire.
    Dans les deux cas, les techniques sont la condition nécessaire du progrès de la Vie et de l’humanité. L’abandon du progrès technique condamne les nations qui s’y soumettent à la pénurie et à la décroissance, et la stagnation technique aussi. c’est donc un fait que l’humanité est en quelque sorte « condamnée » à être créative, à produire de nouvelles découvertes et à repousser les frontières du possibles.
    Mais cela est-il un esclavage ? Certainement pas ! Cette « condamnation » n’est qu’une conséquence de la liberté humaine, et produit de la liberté : c’est une servitude volontaire et libératrice.
    A l’inverse, les sociétés qui ont rejeté cette servitude se sont toutes effondrées dans un état semi-conscient stagnant (aborigènes, yanomami, papous, etc.), ou ont disparues.

    Sans techniques « Noosphériques », l’homme ne serait qu’un primate parmi d’autres. Sans techniques « Biosphériques », la Terre ne serait qu’une planète tellurique désertique, comme Mars ou Vénus.

    Salutations,
    Jean-Gabriel Mahéo

  8. Remarque du modérateur du blog biosphere :
    Nous constatons que Monsieur Mahéo se contente d’imprécations contre ceux qui ne pensent pas comme lui et se contente d’affirmations gratuites du type « « la technique, c’est l’art ». Il ne dit rien sur le raisonnement d’Ellul. En conséquence, le débat constructif n’avance pas.

    Nous informons donc monsieur Mahéo que nous ne lui donnerons à nouveau la parole que s’il argumente vraiment…

  9. Mouais… Merci pour la tentative de développement.
    Cependant, c’est du blabla de magicien. La technique « autonome » et « dévorante » est une chimère, un fantôme crée par Ellul et d’autres, et qui peut fortement troubler des esprits faibles et impressionnables et les faire basculer dans la marginalité, voire la rebellion ou le terrorisme (Kaczinski).

    La technique, c’est l’art. La maîtrise et le perfectionnement de la nature par les arts est la condition de l’existence humaine.

    Les qualités d’auto-développement et d’autonomie, bref de liberté et de souveraineté, qu’Ellul et Illitch attribuent de manière fallacieuse à la technique, sont les attributs exclusifs de l’individu humain, et de nulle autre créature sur cette Terre.

    Salutations,
    Jean-Gabriel Mahéo

  10. Pour répondre à la question de l’autonomie de la technique :

    Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui crée ce monde, c’est la machine. La technique va encore plus loin, elle intègre la machine à la société, la rend sociable. Elle lui construit le monde qui lui était indispensable, elle met de l’ordre là où le choc incohérent des bielles avaient accumulé des ruines. Elle est efficace. Mais lorsque la technique entre dans tous les domaines et dans l’homme lui-même qui devient pour elle un objet, la technique cesse d’être elle-même l’objet pour l’homme, elle n’est plus posée en face de l’homme, mais s’intègre en lui et progressivement l’absorbe. En cela la situation de la technique est radicalement différente de celle de la machine. La technique forme un monde dévorant qui obéit à ses lois propres, la technique repose sur la combinaison de procédés techniques antérieurs. C’est cette recherche du « one best way » qui forme à proprement parler le moyen technique, et c’est l’accumulation de ces moyens qui donne une civilisation technique : il n’y a plus d’activité humaine qui maintenant échappe à cet impératif technique, il y a la technique économique, la technique de l’organisation, et même la technique de l’homme (médecine, génétique, propagande, techniques pédagogiques…) ; exit les traditions humaines.

    La technique s’engendre elle-même ; lorsqu’une forme technique nouvelle apparaît, elle en conditionne plusieurs autres, la technique est devenue autonome. Il faut toujours l’homme, mais n’importe qui fera l’affaire pourvu qu’il soit dressé à ce jeu !
    (La technique ou l’enjeu du siècle de Jacques Ellul, 1960)

  11. @ fan-club de Kaczinski :

    Pouvez-vous rendre compréhensible au commun des mortels cette obscure thèse d’Ellul selon laquelle « la technologie moderne s’est dotée d’une vie propre et n’est pas sujette au contrôle humain » ? *

    Car à moi, il me semble pourtant que la technologie n’est qu’un appendice de l’humanité, créé, maintenu et développé par elle pour perfectionner ses relations avec la biosphère et l’univers, et donc entièrement sous son contrôle.

    Salutations,
    Jean-Gabriel Mahéo

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