La mentalité nataliste est aussi répandue que préoccupante. Quand le couple est à l’épreuve de la stérilité, les stéréotypes s’accumulent :
– A partir d’un certain âge, on s’attend à ce qu’une femme ait un enfant ;
– à quoi bon avoir des rapports sexuels si on ne peut avoir d’enfants ;
– à quoi bon rester ensemble si on ne peut fonder une famille ;
– me trouver exposée à une femme enceinte me faisait l’effet d’une torture
– mon obsession du désir d’enfant vire au cauchemar ;
– les échecs d’une insémination ou d’une FIV* sont de vrais moments de désespoir ;
– ils ont l’impression qu’un couple sans enfants n’a pas sa place dans la société.
Toutes ces phrases se retrouvent dans un article du Monde**. Donc, pour la journaliste Martine Laronche qui accumule ces poncifs, une femme sans enfants ne pourrait pas être une véritable femme ! Il faudrait même la présence d’un psychologue (nataliste ?) dans les centres qui pratiquent la FIV. Mais les femmes stériles doivent-elles se mettre à la disposition du business des naissances artificielles ? Les femmes inséminées ne seraient-elle que des machines à produire de futurs chômeurs ? Les femmes sans enfants ne peuvent-elles pas vivre une vie épanouie ?
Notre réponse est contenue dans cette citation d’Hubert Reeves*** : « Notre planète est infestée d’êtres humains qui semblent décidés à saboter l’admirable harmonie de la nature. Ils pourraient bien la ramener à sa stérilité initiale. La Nature a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre, une espèce déjà en mesure d’exterminer la vie sur la Terre ».
* FIV, fécondation in vitro
** LeMonde du 7-8 novembre 2010, le couple à l’épreuve de la stérilité (l’assistance médicale à la procréation s’accompagne rarement d’un soutien psychologique pourtant nécessaire)
*** in Malicorne, Éd. du Seuil. 1990.
Un autre article du Monde même page se penche sur la fécondité d’ovocytes congelés. L’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) communique sur la congélation rapide d’ovocytes. Qu’ils soient de droite ou de gauche, les deux parlementaires référents s’esbaudirent sur les mille naissances nées dans le monde de cette « technique remarquable » et recommandent d’autoriser en France la vitrification ovocytaire. Cela témoigne d’un manque de réflexion flagrant.
Non seulement l’instrumentalisation des naissances détourne les moyens financiers de causes plus urgentes, mais il serait plus porteur d’avenir pour la santé de la Biosphère que l’humanité divise par dix ou cent sa population ; il faudrait donc commencer par accepter la stérilité de quelques-uns.