Finalement LeMonde n’est pas assez sélectif. Il réalise un hors-série de 100 pages sur l’affaire Bettencourt alors même que nous apprenons que l’affaire se termine en jus de boudin. Une page entière du quotidien* y est encore consacrée qu’on pourrait résumer ainsi : « Que de bruits pour une affaire imaginaire ». Combien cette blague aura-t-elle coûté à la collectivité en temps de juges et de greffiers ? Le problème essentiel, c’est que la place consacrée par LeMonde à trop de faits divers s’opère au détriment de l’essentiel.
C’est la chronique d’Hervé Kempf, destruction durable, qui aurait du tenir plusieurs pages au lieu d’1/7ème de page : quand il s’agit de transformer la terre agricole en surface bétonnée, la bonne entente UMP/PS est de règle. Pourquoi se priver de construire un autre aéroport près de Nantes ? Pourquoi s’empêcher de privilégier le tourisme avec le bâtisseur Pierre&Vacances ? Pourquoi interdire à la grande distribution de construire des entrepôts géants ? Parce que le pétrole viendra à manquer et que les aéroports, le tourisme de masse et les grandes surfaces deviendront obsolètes. Parce que nous avons besoin dans le proche avenir de terres agricoles pour être résilients face à la démondialisation, la désurbanisation, la désindustrialisation.
Historiquement les premiers journaux n’étaient que de simples instruments pour organiser le bavardage, et ils le sont plus ou moins restés. Même Le Monde… Que les journalistes du Monde fassent enfin leur travail, trier et hiérarchiser les informations, au lieu de s’occuper longuement des faits divers qui ne peuvent intéresser un quotidien national de référence… notre avenir commun en dépend.
* LeMonde du 8 décembre 2010, Liliane Bettencourt et sa fille mettent fin à leur bataille judiciaire