pour un Noël écolo (6/6)

Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement ». L’association Pax Christi avait été rejointe par le Secours catholique et le Comité catholique contre la faim. Ils avaient diffusé une affichette avec le slogan : « Noël, bonne nouvelle pour la Terre » puisque « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Les tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Les associations mentionnent un texte de Jean Paul II publié en 1990 et consacré à la protection de l’environnement : « La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie. » Quelques rares familles ont donc essayé de montrer l’exemple.

En 2010, c’est donc la sixième campagne du collectif chrétien Vivre Autrement : « Terre eau, air, paix, santé, éducation, justice, autant de biens communs indispensables à tous et pourtant menacés : pollution, gaspillage, réformes des services publics, brevetage du vivant, conflits… En ce temps de Noël, le collectif propose de réfléchir aux conditions de la préservation de ces biens communs et de leur partage entre tous. Car préserver ces biens communs passe par des gestes relevant de la responsabilité individuelle, mais aussi par une régulation qui est du ressort de tous, responsables politiques et citoyens. » L’idée de fond est parfaite : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement reste marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs.

Le dieu de la Bible est trop anthropocentrique pour que les fidèles échappent aux gaspillages des fêtes de Noël. Leurs enfants ne savent pas le Christ est né dans la plus pauvre des conditions, ils attendent eux-aussi avec impatience d’ouvrir le suremballage de leurs cadeaux. Pour un Noël écolo, il nous faut supprimer le père Noël et rechercher une spiritualité plus proche de la Nature.

5 réflexions sur “pour un Noël écolo (6/6)”

  1. Lynn White imputait en 1967 les racines historiques de notre crise écologique à la vision du monde judéo-chrétienne. Selon la Genèse les êtres humains, seuls de toutes les créatures, furent créés à l’image de Dieu. Il leur fut donc donné d’exercer leur supériorité sur la nature et de l’assujettir. Deux mille ans de mise en œuvre toujours plus efficace de cette vision de la relation homme/nature ont abouti aux merveilles technologiques et à la crise environnementale du XXe siècle.

    Ce n’est qu’une interprétation de la Bible. D’un autre point de vue, le statut singulier des êtres humains, entre toutes les créatures de Dieu, leur confère des responsabilités singulières. L’une est de prendre soin du reste de la création et de le transmettre aux générations futures dans le même état, voire en meilleur état qu’ils ne l’ont reçu. Nous sommes les « intendants » de Dieu sur la création – nous sommes chargés d’en prendre soin – et non ses nouveaux propriétaires.

    Mais qu’on souscrive à l’interprétation despotique ou à celle de l’intendance, on se place dans les deux cas dans la perspective d’une position dominante de l’homme à l’égard de la nature.
    Genèse (la Bible et l’écologie) de John Baird Callicott (édition française Wildproject, 2009)

  2. On ne peut que se réjouir de se mouvement chrétien pour un Noël sobre: c’est un retour aux sources chrétiennes même s’il reste marginal dans un océan de consommation. D’où mon étonnement devant cette affirmation qui me semble illogique: « Le dieu de la Bible est trop anthropocentrique pour que les fidèles échappent aux gaspillages des fêtes de Noël. »
    Le Dieu biblique n’est pas anthropocentrique. le théologien Jurgen Moltmann a bien montré que c’est à la Renaissance qu’on passe à un modèle anthropocentrique qui change le rapport à la nature. Le MA théocentrique était au contraire ^plus respectueux de l
    D’autre part je ne suis pas sûr que l’animisme fasse mieux : voir la culture sur brûlis
    les raccourcis nuisent au propos avec lequel je m’accorde

  3. Et oui, zygomar, tu as raison, quand nous n’aurons plus de pétrole sur des sols désertifiés, avec une canicule prononcée et un gros stress hydrique, nous vivrons dans des grottes, végétariens forcés, obligés de nous défendre avec des épieux contre nos compatriotes jaloux de nos logis pierreux…

  4. pour un Noël écolo (6/6)
    Noël sans le pape (5/6)
    Noël sans ses skis (4/6)
    le père Noël sans cadeaux (3/6)
    le père Noël sans sapins (2/6)

    – Je suppose que pour être honnête avec vous-même et mettre vos principes et exigences en pratique, vous vivez dans une grotte au fin fond d’une forêt, vêtu d’une peau d’ours que vous avez tué vous même avec un épieu avant de consommer sa viande crue agrémentée de quelques baies, feuilles et racines que vous avez récoltées vous-mêmes.

  5. « La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie. » Tout est parfaitement résumé ici.

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