On croirait l’apocalypse. Le ciel est en feu, une catastrophe nationale est en train de se produire en Australie. Cela fait trois mois que le feu ravage des terres déjà grillées par la sécheresse et des arbres assoiffés par des vagues de chaleur précoces. La journée du samedi 4 janvier a été la plus chaude depuis l’existence des relevés de températures, avec 44 °C à Canberra. De gigantesques murs de flammes projettent des pluies de braises, lesquelles enflamment tout alentour. Une superficie équivalente à celle de la Belgique a été réduite en cendres. Le nombre d’animaux qui ont déjà péri est estimé à 1 milliard. Des colonies entières de koalas ont été réduites à néant. Les Australiens, qui ne prêtaient jusque-là pas attention aux discours des climatologues du monde entier, observent tout cela avec horreur.
Clive Hamilton : Il est impossible de faire taire la rage ressentie à l’encontre des responsables politiques et des lobbyistes du charbon. Le gouvernement s’oppose à des réductions plus massives des émissions mondiales de CO2. Le premier ministre conservateur, Scott Morrison, déploie tous les talents qu’il a développés au cours de sa précédente carrière dans le marketing pour pointer du doigt des facteurs de l’embrasement autres que le changement climatique. Je pensais autrefois que des catastrophes causées par le changement climatique feraient tomber les murs psychologiques du déni. Mais je me trompais. Il est à présent clair que ceux qui sont dans le déni regarderaient le pays entier partir en fumée plutôt que d’admettre qu’ils avaient tort. Mais on peut s’attendre à une vague de dégoût envers ces responsables politiques et à une poussée de militantisme en faveur d’un changement. D’une façon ou d’une autre, nous devons commencer à imaginer un nouvel avenir sur une terre de plus en plus chaude, une terre de plus en plus hostile à la vie humaine.*
Isabelle Adjani : Notre colère gronde face à l’impéritie de dirigeants climatosceptiques, éco-irresponsables. Je n’en reviens pas de voir le premier ministre australien, Scott Morrison, fanfaronner, histrion malgré lui, qui regarde les flammes dévorer son pays comme s’il assistait à un spectacle d’effets spéciaux. Honte et indignation, disons-nous. Nous n’irons pas jouer à Sidney. Nous sommes des artistes, et aujourd’hui, plus que jamais, notre tâche est de redonner du sens aux choses. Le théâtre ne doit pas être un endroit égocentré. Toutes les crises graves posent la question de la place de l’artiste et de la place de l’art dans la crise, face à la crise et en dehors de la crise : engagement et éveil des consciences.Nous devons de nous opposer aux politiques climaticides et nous nous devons aussi d’inciter les responsables d’événements culturels à réfléchir à ce qui est le plus important quand brûlent les forêts. En attendant de mettre pour la première fois le pied sur le sol australien, en espérant y découvrir un nouveau gouvernement soucieux de son peuple, celui que les Australiens ne manqueront pas de choisir aux prochaines élections, après une telle catastrophe.
Audrey Garric : La planète brûle, littéralement. En Australie, en Amazonie ou au Cambodge, des hectares et des hectares partent en fumée, décimant la faune et la flore. Ces phénomènes dramatiques ne sont qu’un aperçu de ce qui nous attend dans un monde qui se réchauffe. En France, le tableau est également des plus sombres. La probabilité d’occurrence d’une année comme 2003, qui a marqué un record en termes de surfaces brûlées et de départs de feux, est 51 fois plus élevée aujourd’hui sur le littoral méditerranéen que ce qu’elle serait sans changement climatique. Il faut d’urgence rester bien en deçà de 2 °C de réchauffement.
Nous laissons maintenant la parole à nos commentateurs qui souvent complètent judicieusement nos synthèses…
* LE MONDE du 11 janvier 2020, Clive Hamilton : « En Australie, nous devrons faire le deuil de l’avenir »
** LE MONDE du 4 janvier 2020, Isabelle Adjani : « Pourquoi je renonce à jouer en Australie »
*** LE MONDE du 16 janvier 2020, Les incendies en Australie préfigurent le futur dans un monde réchauffé, selon des scientifiques
Clive Hamilton nous parle de rage. Et je ne pense pas qu’il veuille parler de rage de dents 😉 Certes, il est mieux placé que nous pour parler du climat australien, je parle là de la sacro-sainte Opinion australienne, mais qu’en est-il en réalité ? Les Australiens sont-ils réellement si remontés que ça, «à l’encontre des responsables politiques et des lobbyistes du charbon»? Mais qu’est ce qu’ils veulent, les Australiens ? Vivre comme vivaient les aborigènes avant l’explosion de la population de dromadaires ?
Ce qui est sûr, c’est qu’un gouvernement de climatosceptiques ce n’est pas ce qu’on peut espérer de mieux pour l’écologie. De toute façon l’écologie est morte. Elle a été tuée par ceux qui prétendaient parler en son nom et qui finalement en ont fait leur business.
Mais comme on ne peut pas non plus en rester là… en attendant, quel est ou quels sont sur cette terre le ou les gouvernements(s) ou pays qu’on pourrait montrer en exemple ? La Finlande, l’Islande, la Suisse… vraiment ? La Règle dans ces pays là, n’est-ce pas Business as usual, peut-être ? Ce qui est sûr, c’est que le modèle scandinave reste quand même mieux que le modèle américain ou australien.
L’Islande, les islandais ont la pire empreinte écologique au monde… Lire aussi l’article de Nicolas Casaux « L’Islande est un désastre écologique contrairement à ce qu’affirme Arte »
Excellent article de Nicolas Casaux qui vient étayer l’intérêt de ma question («La Finlande, l’Islande, la Suisse… vraiment ?»)
Nous retiendrons donc que «L’Islande est finalement un parfait exemple d’une économie intégralement précaire, tout sauf résiliente, absolument dépendante du commerce mondialisé. […] La société industrielle n’est pas viable et ne peut pas l’être. Elle ne peut pas être rendue écologique. Une société écologique (et démocratique) est nécessairement une société la plus autonome possible et reposant sur des basses technologies».
Toutefois, sur le volet social le «modèle scandinave» reste quand même préférable aux deux autres que je citais. Or écologie et social sont liés. Quand je dis préférable (ou mieux), je devrais rajouter «du moins pour le moment». Autrement dit, tant que tout va très bien pour eux. Et pour nous aussi, bien évidemment. Nous, qui pataugeons dans cette civilisation industrielle et qui nous dirigeons inexorablement vers un «désastre environnemental (et social)» … pour reprendre les mots de Casaux.
Autre article de Casaux tout aussi intéressant : «Les énergies «renouvelables» ne font que continuer la civilisation industrielle».
On aurait pu ajouter la Norvège, modèle égoïstement à part de l’UE européenne, et qui s’en sort très bien (pour le moment) grâce à de la rente pétrolière, qui fait que la population ne fait rien pour devenir résiliente… Le désastre au bout de la ligne, comme tout pays vivant de rentes pétrolières…..
Que vous voulez vous que les gens se soucient de l’environnement, des animaux, des arbres et des plantes, ainsi que des océans, lorsque les individus n’ont même plus le respect de soi-même ? Vous avez affaire aux Générations « Rien à péter ! » Preuve que voici =
Les gens ont plus d’affection pour leurs robots et machines que pour les animaux, les plantes, les arbres, les enfants et y compris soi-même ! Tandis que beaucoup puent de la gueule tellement ils ont les dents cariées, et ben il n’empêche pas moins que les ordres de priorité ne sont pas ceux auxquels on s’attend…. Avec 500 euros en poche, la plupart des individus vont d’abord se racheter une nouvelle tablette plutôt que de soigner les dents… Avec 5,8 ou 10000 euros, les motards vont d’abord réinvestir dans une nouvelle bécane plutôt que de soigner les dents, les automobilistes pareil d’abord une nouvelle voiture avant de se soigner les dents…. Les Geeks vont d’abord racheter un nouvel ordinateur plus performant et/ou une nouvelle console de jeu avant de se soigner les dents !
En France, personne n’a un rond sur soi pour se soigner les dents, mais tout le monde a l’argent pour se racheter des robots et machines en tout genre (ordinateurs, tablettes, voitures, motos, etc)… D’ailleurs allez voir l’article d’aujourd’hui sur le Figaro concernant les pistes cyclables dans Paris, ça râle fort pour réintroduire la voiture à grande échelle dans la capitale…
Et oui les gens sont des zombis dominés par le grand marché nécromantique…. Ils ont plus de respect pour un robot que de soi-même ! Alors les animaux, les arbres et les océans, ils n’en ont rien à péter ! Ils n’en ont déjà rien à péter pour se soigner leurs dents (sauf quand l’état prend tout en charge) pour pouvoir racheter des robots tout neuf, alors que voulez- vous qu’ils se soucient de la nature ?