Textile, la planète victime de la mode

Déshabiller la Planète pour habiller nos jolies filles et leurs mecs… c’est l’objectif des défilés de mode pour une industrie textile qui pollue autant que les transports maritimes et aériens réunis. LE MONDE fait une double page (14 et 15) sur les nuisances de l’industrie textile, rubrique économie*. Mais dans le même numéro, elle balance une double page (24 et 25) sur la fashion week milanaise, rubrique styles**. Schizophrénie assurée. Ajoutons d’un côté un article de fond sur les excès textile de la société de consommation***. ET de l’autre notre écolo en chef, le schizophrène Macron du « en même temps », organise son soutien au secteur textile à l’Elysée*** : 200 convives au palais de l’Elysée invités par le président de la République, membres du comité exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode, personnalités haut placées dans l’organigramme des grands groupes français (Hermès, LVMH, Kering, Chanel..). Le message délivré par Emmanuel Macron était très clair : honorer la création à l’occasion de la semaine de la mode. Toujours l’économie qui supplante l’écologie, mais ce n’est plus pour longtemps : il y a le coronavirus, ET le changement climatique, ET le pic pétrolier, ET le stress hydrique… On s’habillera comme on pourra dans les temps à venir. Quelques références à retenir :

« Pas de mode sur une planète morte. » Samedi 15 février 2020 à Londres, les défilés de la Fashion Week ont rencontré les pancartes hostiles d’Extinction Rebellion. Au nom de la protection de l’environnement, le Conseil suédois de la mode avait déjà annulé la fashion week de Stockholm en juillet 2019. Le secteur de l’industrie textile est emblématique de tous les excès de la société de consommation – en particulier, l’obsolescence programmée des produits, le cycle infernal des promotions, la surconsommation de produits non nécessaires et la mondialisation de l’économie. Les enseignes de la fast fashion, en renouvelant constamment leurs collections, nous poussent à acheter à l’excès, avec un modèle de prix bas qui implique de produire dans des pays à faibles coûts de main-d’œuvre. On achète deux fois plus de vêtements qu’il y a vingt ans et on les porte deux fois moins longtemps ! Cette industrie émet 2 % des émissions globales de gaz à effet de serre et consomme 4 % de l’eau potable disponible sur Terre.Toutes sortes de produits chimiques, métaux lourds, solvants chlorés, acides, entrant dans le traitement des tissus, finissent dans la nature. Il faut inclure encore les impacts du transport d’un pays à l’autre, des emballages… Notre responsabilité de consommateurs est immense, il nous faut résister au processus imitation/ostentation mis en évidence par Thorstein Veblen dès 1899.

Patagonia avait montré la voie il y a dix ans déjà, lors d’une campagne qui a marqué : « Notre veste a un impact écologique, donc l’acte le plus responsable que vous puissiez faire est encore de ne pas l’acheter si vous n’en avez pas besoin. » Quelques articles antérieurs sur notre blog biosphere :

29 octobre 2008, La mode se cherche un modèle écologique, en vain

2 mai 2018, Tendance écolo à la mode, ne rien acheter de neuf

10 juillet 2016, À lire, Théorie de la classe de loisir de T.Veblen (1899)

4 mars 2013, pour des vêtements androgynes, non au luxe et à la mode

3 octobre 2009, la mode, la mode, la mode…

14 novembre 2008, l’indécence du luxe

* LE MONDE du 26 février 2020, La planète victime de la mode

** LE MONDE du 26 février 2020, La parenthèse milanaise, la procession Gucci, Le barnum Moncler…

*** LE MONDE du 26 février 2020, « L’industrie textile est emblématique de tous les excès de la société de consommation »

**** LE MONDE du 27 février 2020, Quand la mode défile à l’Élysée

4 réflexions sur “Textile, la planète victime de la mode”

  1. Didier Barthès

    La mode est fondamentalement anti-écologique puisqu’elle se fait l’apôtre du non durable. Vous êtes un véritable génie si vous portez telle chose l’année n et vous êtes le dernier des ringards si vous le portez l’année n + 1 .
    Comment peut on se laisser avoir par une telle escroquerie ? Un tel suivisme, un tel manque de libre arbitre ? Une telle bêtise pour tout dire !
    Les couturiers cultivent surtout leur propre ego, et reconnaissons qu’ils y arrivent assez bien, ce sont des vedettes, mais ils ne rendent pas service à la planète, ils sont un peu comme les publicitaires.
    Il faudra aussi qu’on explique pourquoi les mannequins (on dit aussi mannequines ?) font toujours la tête et pourquoi elles marchent systématiquement en mettant le pied gauche à droite et le pied droite à gauche, c’est l’anorexie qui provoque ce genre de déhanchement ridicule ?

    1. Pourquoi les mannequins (mannequines ?) ne marchent-elles pas comme nous?
      Bonne question ! En tous cas ce n’est pas par hasard et ce n’est pas non plus à cause de leurs mensurations ou d’un quelconque handicap. La réponse est là :
      http://www.slate.fr/story/94209/mannequins-marche

      Extraits : – «C’est une évidence: sur un podium, devant des centaines, voire des milliers de personnes, nous ne sommes pas dans le quotidien, le naturalisme, mais dans la théâtralité. Ce qu’on voit doit être plus grand que dans la vie.»
      -«[…] il faut « casser le vêtement, déformer la manière dont il est porté pour le mettre en valeur », c’est pour cette raison que leur démarche paraît si peu naturelle.»

      Pourquoi elles font la gueule ? C’est pareil, là encore tout est calculé, tout est millimétré.
      – «Apparemment, les acheteuses aiment bien cette image de la Parisienne un peu blasée. Les clients me disent que ça se vend beaucoup mieux.»

      Cet article nous dit que «la démarche artificielle serait devenue assez universelle».
      Alors mon cher Didier, si vous voulez être dans le coup, et ne pas passer pour le dernier des ringards, il ne vous reste plus qu’à apprendre à marcher et à tirer la gueule comme un mannequin. Ou une mannequine. 🙂

      1. Didier Barthès

        Cher Michel C, comme vous le savez, mon cas est déjà suffisamment grave puisque je propose de faire revenir l’humanité à des effectifs beaucoup plus modestes, ce qui m’exclut d’une bonne partie de la sphère écolo convenable. Alors si en plus, je fais la tête, ma vie deviendra impossible. Quant à apprendre à marcher comme ça, … je préfère éviter les chutes

  2. – «Être dans le vent, l’ambition d’une feuille morte ! » ( Gustave Thibon)
    Bien sûr, en attendant, il nous faut aussi nous occuper de la mode. Alors allons-y, feu à volonté ! Pour commencer il y a le langage. Peut-être l’expression reviendra t-elle à la mode mais en attendant, aujourd’hui on ne dit plus «être dans le vent». Aujourd’hui pour être dans le coup il faut dire «tendance», «chic», «fashion», ou encore «style» (prononcer à l’anglaise). Les pétasses de tous âges, qui tous les soirs regardent le showroom sur la 6 (Les Reines du shoping) se doivent de parler comme ça : «Ce petit haut est très tendance, ton petit sac est très chic, tes escarpins des plus fachün. Oh ma chérie tu a le staïle, tu es magnifaïque !» Misère misère !
    En attendant, écoutons et demandons-nous «Qui est « in », qui est « out »?» (Gainsbourg)

    Ceci dit, ce qu’il convient de dézinguer plus que tout, c’est ce double langage, ce satané «ET en même temps» devenu à la mode grâce à qui on sait. Biosphère dénonce à juste raison celui qu’on trouve à toutes les pages sur le journal LE MONDE, et en même temps, tous les jours dans les actes et/ou les déclarations de «notre écolo en chef, le schizophrène Macron». Seulement cette calamité (ce double langage) est partout.
    Dans pratiquement tous les journaux, me(r)dias, sites Web s’affichant écolo, etc. Et bien sûr chez quasiment tous ceux qui se disent écolo. Notamment chez ceux qui trient leurs déchets, roulent en hybride, mangent bio etc. et en même temps vont passer leurs vacances à l’autre bout de la planète. Oui mais, ils vous diront … «écotourisme» ! C’est c’là oui ! Très à la mode ça aussi.

    Certains mots utilisés chaque jour, faisant même partie du langage officiel des plus hautes instances sensées s’occuper de l’environnement, sont de véritables POISONS. Déjà
    tous ces oxymores qui devraient être bannis une bonne fois pour toutes de notre vocabulaire. Le pire étant certainement le tristement célèbre DD (développement durable),
    dit aussi écodéveloppement, ou croissance verte. Nous avons aussi ces saletés de voitures
    vertes ou propres, l’éco-industrie, l’écotourisme, etc. D’une manière générale toutes ces palabres qui d’une façon ou d’une autre portent et traduisent l’idée que nous pourrions avoir le beurre ET (en même temps) l’argent du beurre, ET la jolie crémière évidemment. La pire étant cette fois la fumeuse Transition énergétique et/ou écologique, avec ses énergies renouvelables, durables, sans oublier la compensation. Pour continuer à tourner en rond (en attendant) on nous a gentiment inventé l’économie circulaire, où tout est affaire d’écoresponsabilité, d’éco-consommateurs, de consomm-acteurs, etc. etc.

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