Début 2009, le Manifesto du PSE (Parti Socialiste Européen) parlait bien peu de la perturbation climatique, et les socialistes français n’ont même pas su qu’ils avaient un texte élaboré au niveau européen. Alors, les électeurs ! Dans une lettre aux militants, Martine Aubry rêvait : « Il suffit que dans 20 pays européens, les socialistes gagnent un ou deux députés de plus par rapport aux prévisions pour que le PSE passe devant la droite. » Nous connaissons la suite, résultat des élections européennes : les sociaux-démocrates ne sont plus à la tête que de cinq pays de l’UE (Autriche, Espagne, Grèce, Portugal et Slovénie). Au Congrès de Prague en décembre 2009, les socialistes européens voulaient préparer leur résurrection. Mais en matière d’écologie, ils se contentaient d’un slogan aussi vite énoncé qu’oublié : « Le social-libéralisme est mort, vive la social-écologie ! »
Car le PSE envisageait surtout un « keynésianisme vert continental », c’est-à-dire le même discours que la droite. En France, la Déclaration de principes de 2008 allait déjà dans le même sens : « Pour les socialistes, l’Union européenne doit avoir pour mission, par ses politiques communes, de favoriser une croissance forte et durable (article 17). » Soyons clair. Un keynésianisme vert, c’est en fait une relance de la croissance économique avec un déficit budgétaire encore plus grand et l’inflation comme résultat final. Nous ne voyons pas la différence entre une politique de relance socialiste et une relance sarkozyste…
Aujourd’hui en réunion* à Athènes, le PSE ne voit toujours pas que la crise économique est au bout d’une croissance à crédit : un plan de rigueur est appliqué par le gouvernement socialiste de Grèce sous l’égide du FMI, donc du socialiste Dominique Strauss-Kahn. Les socialistes dénoncent en cœur les politiques qu’ils sont obligés d’appliquer, alors que c’est l’endettement keynésien des Etats qu’il faudrait pourfendre. Ils font le contraire en adoptant encore à Athènes une « stratégie pour la croissance juste ». Les socialistes n’ont pas encore compris qu’il est impossible de poursuivre une croissance économique dans une biosphère dont on a déjà dépassé les limites. Ce n’est pas ainsi qu’on fera diminuer l’injustice sociale. Ce n’est pas le mirage de la croissance qu’il faut poursuivre, il s’agit de mettre un terme aux inégalités et de partager de façon solidaire la pénurie à venir. Car le PSE devra faire face aux deux jumeaux de l’hydrocarbure, pic pétrolier et réchauffement climatique. Le PSE sera alors un Parti Social-Ecologiste.
* LeMonde du 8 mars 2011, Le PSE propose de baisser les taux sur les prêts à l’Irlande et à la Grèce.