Le Figaro est un journal tendancieux. Il suffit d’ouvrir F.Madame*, centré sur le nombril des femmes et les « secrets d’un teint parfait ». L’égérie de ce papier glacé, Arielle Dombasle, enfile les perles du genre « J’ai l’amour de l’amour »… « La seule révolution qui vaille, c’est la révolution de l’amour ». L’inévitable Stéphane Bern nous offre des portraits « qui ont marqué cette folle semaine, la Fashion Week » : paillettes et vide existentiel ! Un seul article à sauver, le débat carnivore/végétarien. Encore faut-il savoir trancher dans le vif entre :
– J’ai besoin de l’énergie vitale que me donne la viande (Nathalie Pasquer)
– L’énergie que donne la viande, c’est de la légende (Brigitte Namour)
Quant au Figaro-Magazine*, il n’y a pas beaucoup plus à lire. Sauf qu’on passe du maquillage des femmes à l’achat immobilier pour les riches ! Quand on parle d’écologie, c’est pour la dénaturer : « L’ère du beau bio a commencé »… « Consommer durable en se faisant plaisir »… « Etes-vous terroiriste »… ou le sublime « Beauté, de l’écologie à l’egologie ». Soyons sérieux, analysons les dires d’un progressiste, politologue et expert en dissuasion nucléaire, qui office aussi bien dans le Figaro-magazine* que dans le Figaro* au quotidien : Bruno Tertrais.
Cet illusionniste vitupère le « marché de la peur », il veut en finir avec le catastrophisme des écolos. Le Sida, les pluies acides, les pesticides, le trou dans la couche d’ozone… sont des terreurs irrationnelles. Bien entendu Bruno Tertrais pense que le réchauffement climatique n’existe pas et que Fukushima démontre parfaitement que la croissance nous protège des catastrophes naturelles: « Les seules victimes de Fukushima seront les travailleurs directement exposés à des doses toxiques » ! Ce membre de la Fondation pour la recherche stratégique se croit lucide en restant pro-nucléaire : « Que l’on sache, personne n’a jamais proposé de renoncer au transport aérien après une série de crashs meurtriers ». Comme si l’impact d’accidents ponctuels et des radiations qui se propagent et durent avaient la même incidence ! En fin de phrases de la même vacuité, il donne la cible de son optimisme béat : « Prôner la décroissance pour l’ensemble de la planète est irresponsable ».
Bruno Tertrais vient de pondre « L’Apocalypse n’est pas pour demain ». Mais il fait tout (avec l’aide du Figaro) pour que la catastrophe arrive plus vite. Il milite pour que rien ne change du mode de vie occidental alors que ce mode de vie détériore à la fois les relations inter-humaines et les rapports avec la biosphère. Il ne faut pas comme lui confondre le catastrophisme et le fait d’agir pour que la catastrophe n’arrive pas…
* package du 26 mars 2011