Les socialistes ne font que répéter les slogans de la droite, développement, croissance, pouvoir d’achat… La droite est opposée par principe au concept de décroissance. Chantal Jouanno avait été en charge de finaliser une note de cadrage dessinant les contours d’une écologie de droite ; elle se contente de proposer une « croissance écologique » *.
Au Congrès de Reims en 2008, la croissance est aussi dans toutes les têtes socialistes. La motion de Delanoë proposait la « Promotion d’un nouveau modèle de développement qui articule croissance, justice sociale et écologie ». La motion de Martine Aubry affirmait avec force que « la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu ». Béatrice Marre, Secrétaire nationale de la commission nationale environnement et développement durable à l’époque, essayait maladroitement de préciser sa conception sur la décroissance dans sa Contribution thématique : « Nous ne nous inscrivons pas dans le registre de la « décroissance », concept sans avenir car il méconnaît la nature même du vivant, qui est précisément de croître. » Même la motion du pôle écologique du PS restait évasive : « Il s’agit de ne plus évoquer la croissance sans la relier à son contenu et à la manière de la mesurer ».
Il y a encore une certaine tension sur le mot obus de décroissance chez les Verts. Dans Libé du 5 décembre 2008, Daniel Cohn-Bendit montre qu’il a vieilli : « Pour moi la décroissance, c’est un gros mot que personne ne comprend. Comment parler de décroissance à des gens en crise ? » Mais les Verts avaient affiché leur unité lors de leur Congrès de 2008. Cécile Duflot est réélue secrétaire nationale et la motion commune est votée par 71 % des congressistes ; le texte se prononce pour une « décroissance sélective, équitable et solidaire ». Plus tard la plate-forme électorale des listes Europe-Ecologie prônera seulement la « décroissance des flux de matière et d’énergie ». Nicolas Hulot récemment ne fait dans sa déclaration de candidature aux présidentielles 2012 qu’inverser les termes du débat. Il veut installer une « croissance qualitative et sélective », c’est-à-dire sans le dire encore une décroissance quantitative.
Après les Trente Glorieuses, nous espérons un siècle de décroissance conviviale grâce à un gouvernement de rupture véritable, pas la rupture continuiste du « travailler plus pour gagner plus » qui va chercher la croissance avec les dents ! Nicolas Hulot ose aujourd’hui vouloir établir une préoccupation écologique de tous les instants et agir contre les exigences de confort d’une population humaine qui a besoin de plusieurs planètes. Nous vivons cette époque extraordinaire du renversement possible de paradigme : l’écologie qui supplante l’économisme.
* LeMonde du 15 octobre 2009
Le Parti socialiste reste animé par l’idéal de la justice sociale, mais compte beaucoup plus sur la croissance que sur la lutte contre les inégalités pour s’en approcher, l’écologie n’étant qu’une préoccupation de second rang. Voilà qui est ennuyeux, d’autant plus que ledit parti fixe son objectif de « croissance durable » à 2,5 % par an.
Pourquoi est-ce ennuyeux ? Pour une raison de fond, qui est que la croissance du produit intérieur brut n’est pas compatible avec le maintien de l’équilibre écologique.
Hervé Kempf , le parti croissanciste (LeMonde du 13 avril 2011)
Le Parti socialiste reste animé par l’idéal de la justice sociale, mais compte beaucoup plus sur la croissance que sur la lutte contre les inégalités pour s’en approcher, l’écologie n’étant qu’une préoccupation de second rang. Voilà qui est ennuyeux, d’autant plus que ledit parti fixe son objectif de « croissance durable » à 2,5 % par an.
Pourquoi est-ce ennuyeux ? Pour une raison de fond, qui est que la croissance du produit intérieur brut n’est pas compatible avec le maintien de l’équilibre écologique.
Hervé Kempf , le parti croissanciste (LeMonde du 13 avril 2011)