Lutter contre le changement climatique aujourd’hui impose des coûts élevés aux générations présentes, alors que les bénéfices attendus concernent les générations futures. D’un autre côté, si peu est fait maintenant (au bénéfice si l’on peut dire des générations présentes), les coûts du changement climatique seront supportés par les générations futures, jusqu’à récemment silencieuses car absentes. Comme donner la parole aux acteurs absents, en l’occurence les génération futures ?
Deux économistes patentés, Nicolas Clootens et Dominique Henriet : « Attribuons gratuitement à une partie de la jeunesse des permis d’émission de CO2. Les entreprises européennes des secteurs les plus polluants sont aujourd’hui tenues de couvrir leurs émissions de gaz à effet de serre à un niveau inférieur à un certain quota qui leur est octroyé. Si elles dépassent ce quota, elles doivent alors acheter sur le marché européen les permis d’émission sans quoi elles s’exposent à de lourdes sanctions financières. En distribuant une partie des quotas aux jeunes, ces derniers pourraient alors faire le choix de vendre ou non leurs permis aux entreprises. En quelque sorte, nous proposons ici de donner des « droits de propriété » sur le climat à ceux qui sont exposés aux effets du changement climatique, plutôt qu’aux entreprises comme c’est le cas aujourd’hui. Bien sûr l’efficacité de ce schéma repose grandement sur la politique de fixation du quota global d’émission autorisée dans l’Union européenne. »
Quelques contributions sur lemonde.fr :
Sarah Py : Dans le genre compliqué, l’on peut difficilement faire mieux. Et plus préoccupant, face à une question culturelle (passer d’une société de gaspillage à une société de sobriété), on pose une béquille monétaire et marchande : quand est-ce que les économistes cesseront de penser économie face à des sujets qui les dépassent. Passons du bricolage à l’organisation progressive de cette société de sobriété, d’abord par des mesures visant à ne plus promouvoir les consommations superflues, puis une carte carbone pour chaque citoyen selon des critères à préciser. M. Très riche étant à égalité avec M. Très pauvre, ça, c’est révolutionnaire. Des économistes proposent de pouvoir monétiser ces quotas. C’est là un point de fracture, il y a rupture d’égalité.
Michel SOURROUILLE : Il y a une expression que mériterait d’être diffusée médiatiquement, « acteurs absents » : Acteur qui ne peut prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations. EXEMPLE : milieu naturel, êtres vivants non humains, générations futures. (Dictionnaire du développement durable, AFNOR 2004). Cette tribune est un premier pas pour donner la parole aux jeunes, mais les manifestations des jeunes pour le climat sont beaucoup plus parlantes qu’une mesure technocratique. Merci Greta Thunberg. De toute façon les quotas globaux sont une vaste fumisterie, un reste inefficace d’un marché carbone à la dérive. Comme la taxe carbone a du mal à passer pour les génération présentes, avides de confort et de déplacements inutiles, nous arriverons forcément un jour ou l’autre à une carte carbone, un quota certes, mais au niveau de chaque consommateur de gaz à effet de serre. Acteurs absents et carte carbone sont deux mots d’ordre à diffuser, à vous de jouer.
Slab : La symbolique est vraiment étonnante: les générations actuelles principales responsables des émissions de CO2 octroyant aux générations futures un permis à polluer, qui seraient le support de l’alternative : renoncer à une aide financière pour faire sa part de préservation du climat, ou prendre l’aide financière, mais ne plus se plaindre des conséquences climatiques. C’est un brin cynique et hypocrite de la part de générations ayant creusé la dette climatique sans en assumer les conséquences.
CellO : Excellente idée ? Comme seuls les plus modestes des jeunes seront contraints de vendre leurs droits pour vivre, ça leur permettra de mieux comprendre qu’ils sont les vrais responsables de la pollution ! Les plus aisés, quant à eux, pourront continuer à consommer en exhibant leurs droits invendus comme preuve de leur engagement pour le climat.
le sceptique : Ce n’est pas avec ce genre d’usine à gaz qu’on va faire avancer le schmilblick. Le mal français: chercher des trucs complexes qui fascinent quelques fonctionnaires. Si on veut un changement de comportement partout, pour tous et tout le temps, sans être en capacité de faire un interdit (l’énergie donc le carbone est dans tous nos actes et tous nos biens), le signal simple, universel et efficace s’appelle le prix. Donc la taxe carbone. L’alliance des démagos de gauche et des conservateurs de droite retarde cela depuis 20 ans.
Sarah Py @ le sceptique :Vos arguments sont justes. Sauf que vous évoquez, vous, le rationnement par le prix. Donc comment aller vers une sobriété carbone de manière équitable et efficace ? Le prix ne l’est pas, le quota carbone peut l’être avec des aménagements qu’il convient que les économistes structurent et perfectionnent. Mais ils sont où les économistes à poser les questions essentielles? Qui a lu dans ce journal une tribune pour poser clairement les enjeux ? Il est où Piketty pour organiser cette société de sobriété ?
Si «les quotas globaux sont une vaste fumisterie», que dire alors de cette fumeuse Carte Carbone ?
Voilà déjà quelque chose qui ne ne devrait pas nous changer de l’ordinaire. Comme une vulgaire carte bancaire, ce truc «révolutionnaire» reste un dispositif de paiement. Comme la Bleue, la Visa, la MasterCard etc. sans parler des cartes fidélités etc. rappelons qu’il n’a pas qu’une seule Carte Carbone, mais qu’il y en autant qu’on peut en imaginer. Seulement là encore nous restons prisonniers de nos façons de penser.
– « Le compte carbone est un quota annuel d’émissions équivalentes de CO2, échangeable et diminuant, dont chaque citoyen disposerait de façon égalitaire.» (Wikipedia)
Là encore, vaste fumisterie ! Déjà parce qu’on est infichu de chiffrer avec précisions ces fumeuses émissions, qui d’un calcul à l’autre varient de 1 à 3 voire 10.
Ensuite le fait qu’elles soient «échangeables» sous-entend un marché. Ainsi ceux qui le souhaitent, en plus de vendre leur sang, leurs organes ou leurs enfants juste pour pouvoir vivre ou survivre… pourraient vendre leurs quotas carbone. Et on leur dire bravo et merci.
Tant que nous y sommes, dans le grand n’importe quoi, imaginons aussi des quotas annuels individuels d’air et d’eau. Eux-aussi seraient «échangeables et diminuant, dont chaque citoyen disposerait de façon égalitaire.»
En effet, cela me semble bien trop compliqué
– « Comment donner la parole aux acteurs absents, en l’occurrence les générations futures ? »
C’est la question du jour. Michel Sourrouille souhaite qu’on se préoccupe des «acteurs absents».
Pour savoir de quoi on parle, se référer au «Dictionnaire du développement durable» (éditions AFNOR. 2004). Un bouquin qui me fait de suite penser au «Dictionnaire des idées reçues. Catalogue des opinions chics» de Flaubert. Et dont le titre à lui seul nous donne une idée du contenu, il suffit de lire le résumé. Dans les É (ou les C) attendons-nous à trouver : «économie circulaire : rien de mieux pour tourner en rond, en attendant.»
En attendant, qu’elles soient là, les générations futures n’existent pas.
Et en attendant les acteurs absents ne sont pas là.
Alors certes on peut toujours s’amuser à leur donner la parole. Faisons alors parler les arbres, les papillons et les derniers éléphants. Sans oublier bien sûr les humains qui ne sont pas encore nés. Seulement tout ça reste de la fiction, un exercice d’imagination.
Nous avons certes grand besoin de «décoloniser nos imaginaires», toutefois n’allons pas nous perdre n’importe où. Par exemple en imaginant des usines à gaz (comme dit le sceptique) et en voulant mettre un prix sur tout et n’importe quoi.
Tout ce qu’on peut dire c’est ce qu’à quelques détails près, les générations se suivent et se ressemblent. Autrement dit que les jeunes ne font finalement guère mieux que leurs parents. Et pour cause, nos grilles de lecture du monde, nos façons de penser, ne sont que le résultat de notre très vieille culture.
Sarah Py a raison, cessons de bricoler et organisons cette société de sobriété !
Et nous réfléchirons PLUS TARD à la Carte Carbone, si besoin.
Attaquons-nous D’ABORD à tout ce SUPERFLU. En commençant par le définir.
Le Tour de France fait-il partie du Superflu ? Et les J.O ? Et internet, la 5G, les 4×4 verts, les cartes fidélités etc. etc. etc. Où est la juste mesure ? Pour répondre à toutes ces questions nous n’avons pas besoin des économistes.
Que ça plaise ou non à certains, qui trouveront toujours des raisons pour défendre ceci ou cela, l’Objectif Premier devrait être de réduire fortement voire de faire disparaître les marchés, le Business, les productions et donc les consommations de toutes ces ABERRATIONS (égarements de l’esprits).