Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer. Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais sauver le malade.
Et maintenant quelques mesures pour réguler la population. Une méthode consisterait à prendre le contre-pied du système légal en vigueur qui encourage la natalité et à le remplacer par une série de récompenses et de pénalisations financières, destinées à décourager la natalité. Pour couronner cette réforme fiscale, il faudrait taxer comme des objets de luxe les layettes, les berceaux, les couches. Les récompenses pourraient aller de pair avec les pénalisations. Ainsi le gouvernement attribuerait un « prix de la responsabilité » à tout couple ayant vécu cinq ans sans procréer ou à tout homme qui accepterait d’être stérilisé (vasectomie) après avoir eu deux enfants. Un bureau de la Population et de l’Environnement devrait être créé pour apprécier le niveau de peuplement optimal, et préconiser les mesures permettant d’y arriver. Ce BPE devrait coordonner politique démographique, protection de l’environnement et gestion des ressources. Nous avons aussi besoin d’une loi qui rende obligatoire l’éducation sexuelle. Quand je parle d’éducation sexuelle, je ne pense pas à des cours d’hygiène ou bien des histoires du genre « fleurs et papillons ». Il s’agit de présenter la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. L’humanité devrait trouver le moyen de réduire l’importance conférée au rôle reproductif du sexe. Il s’agira en particulier de découvrir des valeurs nouvelles pour remplacer ce sentiment de plénitude que la femme retire du don de la vie, et cette satisfaction de l’ego engendrée chez le père par le spectacle d’une nombreuse progéniture. Admettons que les États-Unis inaugurent enfin une politique démographique sensée dans le pays : nous aurons alors la possibilité de proposer une solution à l’échelle mondiale.
Ton interlocuteur dit qu’avoir des enfants à volonté est un droit « inaliénable ». Certes, mais, puisque l’invention des droits inaliénables semble être à la mode, en voici quelques-uns de ma façon :
Le droit d’avoir des familles réduites ; Le droit de manger ; Le droit de manger de la viande ; Le droit de boire de l’eau pure ; Le droit de vivre sans entassement dans des maisons convenables ; Le droit de refuser l’embrigadement de la vie moderne ; Le droit de chasser et de pêcher ; Le droit d’avoir sous les yeux une nature qui ne soit pas saccagée ; Le droit de respirer l’air pur ; Le droit au silence ; Le droit de n’être pas empoisonné par les pesticides ; Le droit de ne plus être menacé par guerre thermonucléaire ; Le droit d’élever correctement nos enfants ; Le droit d’avoir des petits-enfants ; le droit d’avoir des arrière-petits-enfants. Puisque ces quinze droits inaliénables sont au prix du droit à la reproduction irresponsable, je gagne à quinze droits contre un .
La bombe P de Paul Ehrlich (1971)
Le droit au nombre est un droit qui s’oppose à tous les autres droits comme l’expliquait un chapitre du livre « Moins nombreux plus heureux. »
Eh oui, c’est comme avec le Pass, il faut choisir. Et pour ça il faut savoir ce qu’on veut.
Sur les deux points, j’ai choisi.
Je dirais mieux, en y regardant de près et avec certaines lunettes on peut même soutenir que le droit d’avoir plein de mômes est anticonstitutionnel. Et les allocs familiales n’en parlons même pas. Tout dépend de l’idée qu’on se fait de cette fameuse «utilité commune» (citée tout en haut de la Constitution, Art.1 DDH).
Seulement n’oublions pas que les moeurs (l’air du temps, les époques, les modes etc.) façonnent les idées. Ce qui fait que tout ça reste très subjectif. Car comme l’expliquait à une certaine époque un certain Ministre de la Propagande … «Car après tout, que sont «utilité commune», «intérêt général» et «bien commun»? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu’à rendre méconnaissables les idées qu’ils véhiculent.»