Pascale Krémer : Le gazon est un non-sens écologique, rangeons tondeuses, engrais et pesticides. Elle vient d’un coup, sans prévenir, cette vague sensation de malaise teintée de culpabilité face au gazon semé, roulé, nourri d’engrais organique, inlassablement arrosé. Les 12 millions de jardins avec pelouse en France ont fait éclore un marché (semences, outillage, produits…) de près d’un milliard d’euros. A Montpellier ou à Marseille, une pelouse nécessite près de 1 000 litres d’eau par mètre carré et par an. Un gazon composé uniquement de graminées si souvent coupées qu’elles ne fleurissent jamais n’offre ni refuge ni nourriture aux insectes pollinisateurs et oiseaux. D’où la montée du mouvement « No Mow May » (« En mai, laissez pousser ! ») qui incite à se passer de tonte au printemps pour aider les pollinisateurs. Sentant passer le vent (chaud) du boulet climatique, les semenciers se mobilisent pour des plantes à gazon plus écolo. Plus rustiques, résistant mieux à la chaleur, à la sécheresse, aux maladies, de pousse plus lente, moins exigeantes en fertilisants, plus nourrissantes pour les pollinisateurs… Ce sont des jardins foisonnants, ébouriffés, réenfrichés qui illustrent désormais les magazines.
Plus de 120 commentaires en moins de 24 heures sur lemonde.fr, extraits :
MLBRLyon : L’habitant de pavillon, 2 bagnoles parfois garées dehors ou sur le trottoir car le garage est plein du capharnaüm improbable, des produits chimiques plein le garage et le jardin, le portail électrique à télécommande et gyrophare orange comme accomplissement, et le sacro-Saint gazon justement combattu dans crt article, (et bien sûr l’inévitable trampoline défoncé gisant dans un coin du jardin) m’angoisse. Suis-je normal?
Michel Ryvarde : Bientôt on nous dira que nous laver et laver nos vêtements est une hérésie écologique. Nous couper les cheveux et nous raser. Ça se tient parfaitement. Une bonne caverne un feu de bois… Nos sociétés de plus en plus minoritariste (protection des plus faibles d’entre nous) aspirent également au retour à l état de nature. Ne nous trompons pas la jungle est tout sauf hospitalière. Il sera compliqué d’avoir les 2.
ARem : On apprend ici que le golf, le football, le rugby et tous les sports qui se jouent sur gazon sont néfastes. Du balais tous ces sports ! Le ski défigure la montagne et génère des embouteillages : fini le ski ! Les voyages en avion polluent : hop, plus de tourisme lointain ! La chasse, euh … pas de débat ! Et les fourneaux de la cuisine ? Ça ne réchaufferait pas le climat par hasard ? Allez, adieu la pâtisserie ! Évidemment, les ballades à moto et en décapotable sont à bannir ! Et les plaisanciers, on n’en parle pas assez de ces plaisanciers pollueurs ! Et toutes ces terres cultivées, arrosées et traitées pour produire des alcools, on y pense ? Il n’y a pas assez de place ici pour compléter la liste. Pour faire simple, supprimons les loisirs et nos menus plaisirs pour avoir une vie meilleure !
BL2 @Arem : Et pour faire encore plus simple que votre caricature, continuons comme avant, et la crise écologique se chargera de « supprimer les loisirs et nos menus plaisirs » et même plus.
Agrippa : Essayez donc de ne plus tondre ! Très joli jusqu’à mi-juin : fleurs variées, tiges vertes bien dressées. Puis à mi-juillet, le tout jaunit. A mi-août, tout est couché, marron brûlé. A mi-octobre, c’est un terrain vague où personne surtout pas les enfants ne vont. L’année d’après, les herbes couchées non fauchées donneront un espace marron de désolation. Affreux ! Puis les ronces arrivent. Et vous craquez, et sortez la débroussailleuse ! Je le sais, je l’ai essayé ! Ah ! Les Bobos écolos…
amilia : 1- gazon naturel, parsemé de plantes locales, on enlève juste ce qui pique (chardon et ronce) et on garde le reste. Trèfle, pissenlit, mâche viennent tous seuls. 2- Arrosage interdit, donc on accepte que ça jaunisse l’été. 3- On tond quelques allées, coin repas, assez haut, ça résiste mieux et on passe la faux pour rabattre les hautes tiges (juin puis septembre). 4- On agrémente : le pourtour en forêt comestible en ajoutant BRF ou bois mort. On plante des arbres, effet verger, plus d’ombre qui soulage l’herbe. Cadeau : des orchidées sauvages ornent le jardin, 3 variétés… et des champignons. En février repérer les grosses feuilles, mettre un bâton, ne pas tondre ou faucher… en avril-mai=fleurs, juin=graine, on coupe à partir de juillet-août
Michel SOURROUILLE « La sécheresse vient d’entrer dans sa quatrième année en Californie. Le gouverneur Jerry Brown a décrété un rationnement général et obligatoire de 25 % de l’eau potable, et on a cessé d’arroser les pelouses. On est passé des amendes pour pelouses mal entretenues aux amendes pour tous ceux qui n’auront pas réduit leur consommation. Les citoyens décortiquent les quantités d’eau qui sont entrées dans leur consommation. Un hamburger : 2 300 litres ; un verre de vin : 121 litres… Et les amandes ! Plus personne n’ignore qu’il faut plus de 3 litres d’eau pour faire pousser une seule amande. Les piscines ne peuvent plus être vidangées. Il faut contribuer à l’effort général, les riches qui « peuvent payer les amendes », sont dans la ligne de mire. Les collectivités locales ont ouvert des pages Web où chacun peut dénoncer les gaspilleurs qui arrosent en dehors des heures autorisées ou lavent leur voiture à grands jets. » (LE MONDE du 24-25 mai 2015, Californie, gazon maudit)
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
26 mai 2015, Bientôt nos pelouses seront remplacées par des potagers
28 mars 2008, baby- golf
– « Les collectivités locales ont ouvert des pages Web où chacun peut dénoncer les gaspilleurs qui arrosent en dehors des heures autorisées ou lavent leur voiture à grands jets. »
( Michel Sourrouille – LE MONDE du 24-25 mai 2015, Californie, gazon maudit)
Faut-il se réjouir de ça ? Personnellement je trouve ça minable.
– « Notre négligence passée risque en effet de nous conduire à cet effroyable type de société. La science fiction l’a anticipé et la Chine, avec la politique de l’enfant unique, puis aujourd’hui, avec la reconnaissance faciale et la notation des citoyens l’expérimente à grande échelle. Il est donc bon de mettre en garde. »
( Didier Barthès 7 sept 2021 à 09:31 dans Décarboner, c’est rompre avec les libertés )
Didier Barthès a raison de mettre en garde. Ce système de «notation citoyenne» en Chine, maintenant couplé avec la reconnaissance faciale, devrait vraiment nous inquiéter. Et n’allons pas croire que cette façon de faire est propre à la Chine, ou à tel ou tel autre système totalitaire.
D’autant plus que nous y sommes habitués depuis la maternelle, de notre côté aussi on se plait déjà à mettre des notes à tout et n’importe quoi (des plus et des moins etc.) Et puis maintenant on balance, là encore sur tout et n’importe quoi («balance ton porc»).
– La délation, terreau de toute dictature ( Le Monde 21/09/1984 )
N’oublions pas que la surveillance et la délation (notation) sont au coeur de toutes les dictatures.
Comme dit Agrippa « Essayez donc de ne plus tondre ! »
Ou alors faisons de la pub pour ces pelouses artificielles, faites avec du pétrole. En Californie on innove, la pelouse cramée est peinte en vert, au pistolet, il paraît que c’est de la peinture bio. Alors bien sûr, entre une pelouse super bichonnée, roulée, engraissée, arrosée, tondue en continu par le robot électrique, et une friche, avec des ronces tant qu’à faire, il y a de la marge.
Où est donc la juste mesure ? Déjà en terme de superficie. Pointons déjà la démesure, les piscines individuelles, les golfs si vous voulez, plutôt que les pelouses.
La mode est donc à laisser pousser l’herbe, aux tontes dites tardives. Bien sûr, c’est joli toutes ces fleurs au printemps, ça fait du bien aux papillons etc. Seulement là encore où est la juste mesure ? Notamment à la campagne, où on suit cette mode, pour faire bien. Le cantonnier laisse donc par ci par là des bandes qu’il ne fauche pas, alors qu’à 30 mètres de là on a des hectares et des hectares de prairies, d’arbres etc. Du grand n’importe quoi.
Le cantonnier autrefois travaillait à la main, il avait le temps. Quand il avait fini de faucher 2 kilomètres de fossé, il recommençait. Aujourd’hui avec son engin il lui suffit d’une petite heure pour faucher et pulvériser tout ce qui est dans le fossé. L’herbe, les détritus, les hérissons, lézards etc.