Quel sens donner à notre vote lors d’une présidentielle quand on est écologiste ? Depuis 1974 et René Dumont, c’est toujours un vote symbolique, le présidentiable n’a depuis lors qu’une fois dépassé la barre des 5 % , et seulement quand on a choisi une personne médiatique, Noël Mamère. Pour 2022, les candidat(e)s de tous bords se disent porter dorénavant le message de l’urgence écologique. Cela élimine l’intérêt d’une candidature qui se dit spécifiquement écolo lors d’une élection centrée sur une personnalité. De toute façon, entre le programme de Yannick Jadot, celui d’Anne Hidalgo ou celui de Macron, il n’y aurait même pas l’épaisseur d’un cheveu. Tout cela devrait faire en sorte que Yannick Jadot ne passera pas le cap des 5 %. s’il sortait du chapeau le WE prochain.
La primaire du pôle écologiste se révèle en définitive comme un fiasco, pour ne pas dire une farce. Lors du premier tour, le seul message qui avait une certaine valeur symbolique était le décroissancisme économique de Delphine Batho. Le concept de décroissance est en effet pour moi le seul message symbolique qui pouvait fédérer une partie des électeurs autour d’un message d’avenir, savoir maîtriser une décroissance économique qui, de toute façon, va être inéluctable. Mais comme le résultat d’une primaire ouverte repose sur des inscrits dont on ne connaît pas les convictions, c’est la féministe Sandrine Rousseau, je n’ose même pas dire écoféministe, qui a pris la deuxième place, à proximité de Jadot et suivie de près par deux autres candidats, Batho et Piolle. Seulement 2 733 voix sur 122 670 inscrits séparent Yannick de Sandrine. Le deuxième tour prévu pour le 25 septembre peut donc réserver bien des surprises.
Ni Delphine Batho ni Eric Piolle ne donnent de consigne de vote pour le second tour, ce que je trouve significatif de l’hésitation à se prononcer entre une écologie molle et une écologie faussement radicale. Personnellement je ne me sens plus du tout concerné par les errements stratégiques d’EELV. En tant que membre du Conseil Fédéral au titre de coopérateur, j’avais conseillé officiellement de faire l’impasse sur la présidentielle pour miser toutes nos forces militantes sur les législatives de 2022. Mais nos « élites » préfèrent faire de la politique politicienne plutôt que de porter la nécessité d’une rupture (terme mieux adaptée que « transition ») écologique. Cette absence de réflexion a d’ailleurs été la principale raison qui m’a fait prendre ma retraite de militant politique il y a quelques semaines. L’écologie politique institutionnelle est dans une impasse où je n’ai plus ma place.
(envoi de Michel Sourrouille qui explicite ainsi sa position en tant que membre d’EELV (au titre de coopérateur))
Voici quelques commentaires sur lemonde.fr (suite à un éditorial du MONDE consacré à la primaire du pôle écologiste) :
L.Leuwen : Édito bizarre, qui se félicite d’une primaire qui mène ce parti, irrémédiablement gauchiste, une nouvelle fois à sa perte avec la victoire quasi assurée de Mme Rousseau. Les écolos français ne servent à rien car ils n’élèvent même pas le débat sur l’écologie et se perdent dans les errements sociétaux à la mode.
Lau : Le Monde aimerait bien que les votants soient tous des écologistes convaincus, ayant voté après une analyse approfondie des programmes, des moyens et des conséquences, et donc que cette primaire soit une réussite non biaisée par un quelconque entrisme, mais il est bien incapable de le prouver.
Scarole : Parler de « rumeurs d’entrisme de l’extrême droite » est une manière gentille de suggérer ce qui relève plutôt de la certitude : l’extrême droite regarde Sandrine Rousseau comme une bénédiction et elle fera tout pour donner à ses sorties la plus grande exposition possible.
MEKEDA : La thèse de votes de trolls au profit de Sandrine Rousseau, pour saboter la candidature écologiste au scrutin présidentiel, me semble plausible.
Sinon, si ce sont vraiment les encartés EELV qui ont voté pour elle, il ne reste plus qu’à dire de profundis EELV.
PMF : La seule question qui vaille : la transition, fût-elle écoféministe, ne sera pas un chemin de rose, loin de là. Or personne ne semble vouloir le dire clairement. Bon, c’est vrai que comme argument électoral, il y a mieux. Donc autant ne pas en parler. A moins qu’ils n’aient aucune idée sur le sujet. Ce qui est possible aussi.
Une autre «primaire écologiste» s’est jouée hier soir sur BFMTV. Un match de boxe sans grand intérêt, si ce n’est pour ces deux là. Sans parler de tous ceux qui vivent du Cirque, les meRdias qui organisent et commentent, lces sondeurs qui sondent etc.
Reconnaissons toutefois à Mélenchon le mérite (avec ou sans «») de nous avoir permis d’apprécier les «compétences» de Zemmour en écologie. Pour ce sinistre guignol, le réchauffement climatique, à condition qu’il ne soit pas qu’une histoire inventée (il semble ne pas en être con vaincu) … est lui aussi la conséquence de l’immigration et de l’Islam. Même si l’uranium vient de chez ceux qu’il ne peut pas saquer, le nucléaire c’est la souveraineté de la France. On n’a jamais eu d’accident en France, les éoliennes c’est moche et patati et patata. La Croissance c’est comme le Progrès, ça ne peut que progresser, pour des siècles et des siècles amen. C’est formidable ! Plus nul que lui tu meurs !
L.Leuwen trouve cet édito bizarre… Pas moi.
Dans un certain sens Le MONDE reste le journal «de référence». Mais comment pourrait-il en être autrement, puisqu’il appartient à Niel et Pigasse ? Les grands meRdias restent les organes de propagande du Système. Informer, désinformer, brouiller, embrouiller, nous amuser, nous abuser, nous soûler, à tous les sens du terme, voilà comment les meRdias procèdent. Le MONDE ne déroge pas à la règle.
Exemple, la conclusion de cet édito que L.Leuwen trouve bizarre :
– « Deux conceptions de l’écologie se font face, l’une ouverte, revendiquant la culture de gouvernement, l’autre affirmant sa radicalité. Il appartient aux finalistes de convaincre sans rompre […] L’exercice est à la fois périlleux et exaltant car, dans une gauche en miettes, l’épilogue contribuera à déterminer si c’est autour d’une candidature centriste ou d’une proposition radicale que se joue la renaissance de ce camp.»
Là encore on entretient la vision binaire, choisis ton camp camarade. On devine dans quel camp Niel et Pigasse ont le plus d’intérêts. Comme on devine dans tout ce cirque, ici ce numéro de haute voltige, ce qu’ils trouvent le plus … exaltant. Leur principal intérêt est que l’écologie reste comme elle, une caricature. Pareil pour la gauche. Voilà ce que Le MONDE trouve exaltant. Pour eux, si tout ça pouvait se casser la gueule…
Yannick Jadot rêve, il veut être « le premier président qui mettra le climat au cœur de nos politiques publiques, au cœur de l’État », il ne dépassera pas la barre des 5 %. Sandrine Rousseau revendique sa « radicalité », mais elle ne sait pas ce que cela signifie exactement. Sa « sortie des néonicotinoïdes dans les cinq années », Macron nos a déjà fait le coup, paroles en l’air. Yannick recycle, lors d’un débat diffusé par la chaîne LCI. l’idée de Greenpeace, l’ISF climatique, mais ça occulte le problème des inégalités croissantes des revenus. Sandrine est plus mordante :« Est-on prêts à diminuer notre confort, à diminuer nos revenus ? Moi je le dis, oui ». Mais son fonds de commerce reste le sociétal, pas l’écologie. Elle dit vouloir « multiplier par dix le nombre de logements pour accueillir les femmes victimes », bien sûr pour elle il ne peut y avoir d’hommes victimes. (LCI le 22 septembre 2021)
Et le sociétal Jadot veut ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux personnes trans… Tiens, tiens, les deux présidentiables n’ont pas exprimé leur souhait de frontières ouvertes à tout vent ? Yannick a aussi promis qu’il ne retirerait pas sa candidature au profit de la socialiste Anne Hidalgo, il avait dit la même chose lors de la précédente primaire de 2016 pour coucher ensuite avec Benoît Hamon en février 2017. De toute façon les deux présidentiables se sont trompés d’élection. Il s’agissait de parler Green Deal au niveau du continent, stratégie face à la Russie et la Chine, se soucier de l’explosion démographique mondiale en cours et de la descente énergétique qui s’annonce, insister sur les efforts à faire et la baisse de pouvoir d’achat à accompagner…
Plus le temps passe et plus la rupture avec le productivisme/consumérisme sera, hélas, douloureuse.
Cette fois je suis totalement d’accord avec Biosphère (Michel Sourrouille). Comme quoi.
Et si ça surprend certains, croyez bien que je préfère, de loin, les accords aux désaccords, la paix à la guerre, les rires aux larmes etc. De mon côté, je crois qu’il n’y a plus grand chose qui peut me surprendre. Mettez ensemble ne serait-ce qu’une dizaine de pèlerins (militants) qui partagent les mêmes idées, les mêmes valeurs, les mêmes convictions… et observez ce qui se passe. Je ne dirais pas que c’est une règle générale, ni une loi de la nature, mais quand même. Regardez, même à deux c’est compliqué. Aujourd’hui un couple sur deux se sépare. C’est notamment pour ce genre de raisons que je préfère, de loin, la fuite au combat (avec ou sans guillemets), la retraite au cinéma. Et la compagnie de mon chien à celle d’un bon nombre d’humains.
Tout n’est plus que cinéma, cirque, spectacle !
Disons tout ou presque, juste pour éviter le désespoir. Ce soir match de boxe entre Méluche et Zemmour. Et on appelle ça débat. Là encore c’est l’impasse. Et tout ou presque est comme ça, minable et pitoyable. Misère misère !
Ma place, il y a longtemps que je l’ai trouvée, elle est dans la loge avec Statler et Waldorf.
Seulement il n’y a pas non plus que la rigolade dans la vie. Heureusement il nous reste le Spectacle de la nature, il y a le Beau, le Vrai etc. Et puis le Mystère.