Pierre Kunz prône la taxe carbone

De la part d’un de nos contributeurs, Pierre Kunz : La bonne volonté des citoyens exemplaires ne suffiront jamais à résoudre même en partie notre problème climatique. La solution ne peut résider que dans un effort organisé rationnellement par la science, ceux qui nous gouvernent et les entreprises. La première évidence est de reconnaître que 60 % environ des émissions de gaz à effet de serre proviennent des énergies fossiles et le charbon et le gaz naturel demeurent les deux principales sources d’énergie électrique. Les efforts de remplacement de ces énergies par des sources renouvelables doivent donc constituer la priorité absolue sur tous les autres. Les autres défis moins urgents, par exemple la protection de la biodiversité et l’amélioration des techniques agricoles, attendront. La deuxième évidence concerne les pays en développement. On ne saurait exiger de ceux-ci qu’ils se soumettent au même calendrier que celui de l’Occident industrialisé dans le renoncement aux énergies fossiles. La troisième évidence concerne les moyens de contraindre l’Occident à changer son modèle industriel. Ce basculement impose que les politiques s’attaquent à l’empreinte carbone. Il ne peut se produire que moyennant le prélèvement d’une taxe, dite « taxe carbone », correspondant à la valeur de ces externalités. Il revient aux États de la prélever sur la production locale comme sur les biens et services importés. Sa mise en œuvre ne requière pas l’unanimité des pays de la planète mais seulement la volonté des principales puissances économiques. Pour que cette l’introduction de cette taxe réussisse, il suffit que trois conditions soient remplies :

  • elle doit intervenir progressivement, par exemple sur dix ans, afin de permettre aux grands pays exportateurs touchés par ce prélèvement de s’adapter à la nouvelle situation ;
  • pour la mettre en œuvre, il faut et il suffit que tous les membres d’un même marché (UE et NAFTA en particulier) se mettent d’accord sur la formule de son prélèvemen ;
  • enfin, la manne fiscale ainsi récoltée par les Etats doit être affectées exclusivement d’une part aux investissements requis par leur transition énergétique, d’autre part aux aides financières dont auront besoin les populations qui seront touchées par les hausses de prix considérables des produits et des services qu’elles avaient l’habitude de consommer.

Chacun peut comprendre que le prix des biens et services, produits localement ou importés, « gonflés » des coûts environnementaux jusqu’à présent négligés, aura un effet de plus en plus dissuasif sur leur consommation, ce qui contribuera directement à la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Laisser croire, comme Matthieu Auzanneau (**) que les peuples vont se laisser convaincre de passer aux énergies renouvelables au prétexte que bientôt les énergies fossiles seront épuisées, c’est alimenter du rêve ; nous sommes trop nombreux à être préoccupés par nos fins de mois avant la fin du monde. Seule une taxe carbone appliquée progressivement, fermement et globalement permettra à l’humanité de continuer à vivre dans un monde vivable.

(*) Bill Gates : Climat, comment éviter un désastre

(**) Matthieu Auzanneau : Pétrole, le déclin est proche

Pierre Kunz, ancien président de l’Institut National Genevois, le 8 novembre 2021

4 réflexions sur “Pierre Kunz prône la taxe carbone”

  1. Esprit critique

    De mon côté j’aurais bien plus que deux remarques sur ces propositions.
    – Pierre Kunz en est encore à croire que «ceux qui nous gouvernent» sont indépendants des entreprises, il en est encore à réfléchir sur «les moyens de contraindre l’Occident à changer son modèle industriel». Rien que ça me fait déjà rire. Biosphère parle des «décideurs», précisons alors que les décideurs sont ceux qui dirigent les grosses entreprises, et que «ceux qui nous gouvernent» ne sont que leurs marionnettes.
    – Partant de là tous les yaka de Pierre Kunz ne valent pas mieux que les faukon de ceux qui nous amusent, et nous abusent, et qui ne font qu’ «alimenter du rêve».

    1. Esprit critique (suite)

      – La Taxe Carbone, comme sa sœur la non moins fumeuse Carte, ne peut rien changer tant que nous sommes dans le Système.
      – Capitalisme = Économie de marché => marché du Carbone, marché de ceci et de cela, de tout et de n’importe quoi ! Business as usual !!
      – «Les efforts de remplacement de ces énergies par des sources renouvelables doivent donc constituer la priorité absolue sur tous les autres. Les autres défis moins urgents […] attendront.»
      S’il le pense sincèrement… Pierre Kunz commet là une grave erreur, il tombe dans le Panneau, il se fait le VIP des ENR (et du nucléaire je suppose), de la Transition (piège à cons). Bref il pense pile poil «comme il faut».
      – En attendant, tous ceux qui voient encore autre chose que le Climat apprécieront.

  2. Deux remarques sur les propositions de Pierre Kunz :
    – La taxe carbone, on en parle au niveau des décideurs depuis des années et des années, mais cela n’a pas été mis en place. Dire qu’il faut le faire ne change rien au problème de l’inertie politique. On ne peut décider à la place des décideurs qui ne décident pas, cf. par exemple la litanie des COP1,2,…………26 , à venir27, etc.
    – Suite au point précédent, on arrivera à mettre en place une carte carbone, mais uniquement quand les décideurs se sentiront obligés de le faire à cause de la déplétion des ressources de toutes sortes… C’est ce que nous répétons sur notre blog depuis le 5 janvier 2009, carte carbone…
    https://biosphere.ouvaton.org/blog/carte-carbone/

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